Les municipalités du Québec en voie d’échouer

DOSSIER. Alors que plusieurs municipalités du Québec ont déjà adopté le bac brun, plusieurs autres sont en voie de le faire. Malgré ces efforts, nombre d’entre elles rateront vraisemblablement les cibles gouvernementales de 60% de recyclage des matières organiques en 2015, selon les informations obtenues par TC Média.

Selon les plus récentes données colligées, les foyers québécois ont envoyé en 2012 dans les dépotoirs et les incinérateurs plus de 1,3 million de tonnes de matières organiques. C’est l’équivalent du poids de 950 000 voitures en restes de table, pelures de bananes, légumes défraîchis et rognures de gazon.

Depuis, la situation s’est améliorée, mais on est encore très loin d’atteindre l’objectif que Québec s’était donné pour 2015 qui était de recycler 60% des matières organiques, selon des experts interrogés par TC Média.

Les dernières données officielles publiées par Recyc-Québec font état d’un taux de recyclage des matières organiques de l’ordre de 20% pour tous les secteurs d’activité en 2012.

Deux ans plus tard, les choses ont bien sûr progressé, mais on serait encore très loin du 60% dicté dans la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles et à des années-lumière d’un taux de recyclage de 100% qui était prévu pour 2020.

Dans le milieu municipal, cet objectif de 100% signifie qu’aucune matière organique ne doit finir au dépotoir, que chaque résidence doit être dotée d’un bac brun dont le contenu sera valorisé ou recyclé.

La plupart des municipalités qui n’ont pas encore déployé leur flotte de bacs bruns travaillaient jusqu’à tout récemment en fonction de cet objectif de 2020.

Fin septembre, le gouvernement Couillard a annoncé qu’il allait donner trois ans de plus au monde municipal pour atteindre l’objectif de 100% au 31 décembre 2022.

Une nette amélioration sur la Rive-Sud

Même si on est encore très loin des cibles fixées, la Régie intermunicipale de gestion intégrée déchets de Bécancour Nicolet-Yamaska (RIGIDBNY) atteindrait présentement 36% de valorisation, soit le double des 18% de 2007.

Récemment, la RIGIDBNY a décidé de délaisser la Mauricie et de se tourner vers la MRC d’Arthabaska pour faire affaire avec Gesterra. «Ils font affaire avec Gaudreau, qui a une belle expertise pour la collecte des ordures et du recyclage. Pour la troisième voie, ils sont à l’avant-garde, parce que ce sont eux qui ont été les premiers à le faire, souligne le président de la RIGIDBNY, Stéphane Biron. Ça vient aussi régler notre problème pour les plastiques agricoles avec des conteneurs dans les municipalités concernées.»

La RIGIDBNY étudie présentement plusieurs options pour réduire son tonnage et regarde de près ce qui se passe dans le parc industriel de Bécancour.

Un projet de gazéification des déchets avait été lancé, mais il n’a toujours pas abouti. «Il faudrait qu’il y ait plusieurs Régies qui fassent affaire avec eux et qu’on ait juste à s’y greffer. Parce qu’à 13 000 tonnes, nous ne serions pas capables de la faire fonctionner seul», fait valoir le président.

L’avenue de la biométhanisation, un procédé que Québec souhaite financer, ne serait pas adaptée à la Rive-Sud. «Nous n’avons pas vraiment d’entreprises qui génèrent des matières organiques de qualité comme du gras ou du sucre. S’il nous arrive des boues d’abattage ou une entreprise comme Lactatia, on pourrait regarder ça, mais la biométhanisation, ça ne baisse pas beaucoup la masse de déchets et il faut que le méthane produit ait un avantage économique», fait valoir le directeur général de la Régie, Louis Charest.

Celui-ci souligne que la Régie regarde aussi un procédé mécanique pour le compostage et le tri pour sortir le plastique. «C’est un peu dans le même style que ce qu’on avait avec Conporec, admet Louis Charest, mais Coporec… on y a goûté! Ce n’était pas parfait.»

Tonnage des ordures ménagères dans la MRC de Bécancour

Population Total Kg/habitant par année

20 515 6362 310,10

Tonnage des ordures ménagères dans la MRC Nicolet-Yamaska

Population Total Kg/habitant par année

22 820 7679 336,50

(Données de 2013)

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