Les dindons vont se multiplier sur nos routes

En juin dernier, une étudiante de l’UQTR a eu la peur de sa vie en freinant brusquement sur la 40, à la hauteur de St-Maurice, pour éviter un dindon sauvage traversant la chaussée. Même scénario près de Sherbrooke. Ce n’est qu’un début, semble-t-il. Portrait d’un animal que le réchauffement climatique a fait migrer dans nos régions.

Membre de la famille des Phasianidés, cet oiseau se retrouve plus spécifiquement aux États-Unis et dans le sud de l’Ontario. Le changement climatique et la diminution des précipitations de neige en hiver ont par contre poussé l’animal à venir au Québec.

Au sommet des arbres

Le premier dindon sauvage à fouler le sol québécois a été répertorié en 1976, mais ce n’est qu’en 1984 qu’il a entamé le processus de reproduction. «En province, le volatile a d’abord fait son apparition dans les régions de l’Estrie, de la Montérégie et en Outaouais. Le changement climatique des dernières années et la croissance de la culture de maïs ont favorisé son intégration en région», explique Pierre Blanchette, biologiste spécialiste du dindon sauvage.

D’ailleurs, M. Blanchette était surpris par l’appel de L’Hebdo Journal car il ignorait que le dindon sauvage avait fait son apparition en Mauricie.

L’oiseau agroforestier se nourrit de maïs, une céréale à la base de son alimentation. Pour ce faire, il doit habiter un environnement peu enneigé. Le dindon alterne entre les champs et la forêt, car les premiers lui servent de buffet et la deuxième de lieu de repos où il peut se cacher des prédateurs.

Toujours pourchassé, l’animal trouve refuge au sommet des arbres loin des lynx, coyotes et autres animaux qui n’en feraient qu’une bouchée.

« Il est parfois possible de voir quinze à vingt dindons perchés sur les sapins et les pins. Même la nuit, ils restent méfiants. Leur principale arme de défense est la fuite, mais ils peuvent utiliser leurs griffes acérées pour se défendre», mentionne Serge Yelle, chasseur de dindons.

En voie d’extinction

Espèce au caractère doux et naïf, le dindon sauvage a passé très près de l’extinction. «Aux États-Unis il y a une vingtaine d’années, les autorités ont procédé avec succès à la réinsertion des dindons dans la nature. La diminution du nombre de dindons était liée à la chasse excessive et au nombre trop élevé de prédateurs naturels», soutient Pierre Blanchette.

Très réglementée au pays de l’oncle Sam, la chasse au dindon est permise dans certains secteurs de la province. «En 2008, la chasse expérimentale a vu le jour dans la plupart des régions au Québec. Les chasseurs doivent suivre des réglementations spéciales et rigoureuses afin d’assurer la pérennité de l’espèce», affirme Éric Santerre, du ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

La chasse

En 2011, 1069 dindons ont été capturés. Selon les statistiques en date du 16 août dernier, 876 d’entre eux seraient des mâles adultes, 191 des jeunes et seulement 7 femelles auraient été chassées. « Au Québec, il est interdit de tuer des femelles. Si nous en tuons une par erreur, la viande nous est retirée et il y a des sanctions sévères», prétend Serge Yelle.

Les chasseurs doivent détenir un permis spécifique qui est délivré après un cours obligatoire de deux jours. Ils doivent respecter les zones de chasse et utiliser les armes adéquates. Au Québec, il est possible de chasser le dindon à l’arbalète, au fusil et à l’arc.