Les débardeurs du Québec lancent un cri du coeur
Les débardeurs québécois lancent un cri du cœur : les accidents se multiplient sur leurs lieux de travail et leurs employeurs «font la sourde oreille». Tôt hier matin, des dizaines de membres du SCFP des ports de Québec, Trois-Rivières, Bécancour, Sorel et Montréal portaient un chandail noir, couleur de deuil, pour symboliser la menace qui plane chaque jour sur leur vie et leur santé.
Des événements en cascade
Au cours des trois dernières années, les débardeurs ont constaté un accroissement des incidents liés à la sécurité, et un laxisme marqué de la partie patronale sur ces questions. Par exemple, un jeune travailleur a eu la jambe sectionnée par un câble au port de Bécancour en décembre 2007. Cela a donné lieu à une enquête policière et le Procureur général pourrait bien déposer des accusations criminelles. De plus, à Trois-Rivières depuis 2007, on a relevé une douzaine d’incidents sérieux : entorses, blessures au cou ou au dos, hernies, lacérations, contusions, ou mains ou doigts écrasés.
À Sorel, même réalité, même types d’accidents, et d’autres encore : doigts sectionnés, blessures au crâne ou à la jambe causées par une chute de matériel ou par la charge d’un chariot élévateur. À Montréal, en février 2008, un débardeur s’est retrouvé suspendu à un conteneur à plus de 60 pieds dans les airs… Il s’en est heureusement sorti indemne.
Un laisser-aller inquiétant
À Montréal toujours, le syndicat dénonce aussi l’absence d’un plan de circulation et de délimitation des zones à risque. Plusieurs fois par année, des conteneurs de cinq tonnes tombent d’une hauteur de plus de 25 pieds à cause des bourrasques de vent. Selon le syndicat, l’employeur ne prend aucune précaution à cet égard car, jusqu’à maintenant, cela n’a pas fait de victime.
Enfin, à Québec, les syndiqués se plaignent de devoir travailler en présence de matières dangereuses ou cancérigènes sans que toutes les précautions ne soient prises. Citons par exemple, le nettoyage trop rare des filtres des masques à gaz, l’absence de sas ou de douches conformes, la présence dans l’environnement de matières toxiques volatiles. «On ne devrait pas perdre sa vie à la gagner, lance Michel Bibeault, directeur-adjoint du SFCP au Québec. Aujourd’hui, on sonne l’alarme. La situation se dégrade et on ne sent, dans la plupart des ports, aucune volonté de redresser la barre pour offrir aux débardeurs des conditions de travail sécuritaires. Sinon, on se renvoie la balle en se chicanant sur qui est le véritable employeur et on sévit contre les délégués en santé et sécurité. C’est très préoccupant et totalement inacceptable.»