Les ambulanciers, ces intervenants de première ligne

PROFESSION. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le métier de technicien ambulancier (paramédic) est beaucoup plus difficile mentalement que physiquement.

C’est ce qu’affirme Steve Gélinas, technicien ambulancier depuis six ans à la Coopérative des ambulanciers de la Mauricie (CAM) et superviseur à temps partiel. «Bien sûr qu’on offre des soins, mais je dirais que 75% de notre travail est un travail de psychologie avec les patients.»

Par ailleurs, il estime que les ambulanciers sont des magiciens, en quelque sorte. «Quand nous arrivons sur les lieux, nous sommes les premiers à voir une victime, alors il faut tout de suite agir de la bonne façon. On doit faire de la magie et des miracles avec un équipement qui est beaucoup plus limité que ce qu’on retrouve à l’hôpital», révèle M. Gélinas.

Apprendre à se détacher

Il est évident qu’être ambulancier demande aussi une force mentale, c’est-à-dire d’être capable de se détacher de certaines situations, car il est fréquent pour les techniciens d’arriver sur des scènes dramatiques, impliquant parfois des enfants.

Selon Francis Perron, chef aux opérations à la CAM, cela peut être bénéfique de parler à quelqu’un de ses journées et des événements marquants. «Pour ma part, je partage beaucoup de choses avec ma conjointe, sans aller trop dans les détails, mais je sens que ça me fait vraiment du bien de ne pas garder cela en-dedans.»

Il donne également l’exemple des ambulanciers qui se sont présentés au travail, le matin du triple meurtre de la rue Sicard, à Trois-Rivières. «Lorsqu’ils sont rentrés, après ce dur moment, nous leur avons donné congé pour le reste de la journée. Nous avons aussi un programme d’aide aux employés pour du suivi psychologique, lorsque nécessaire.»

Son collègue Steve Gélinas ajoute qu’un dicton circule dans le milieu des ambulanciers. «C’est une phrase un peu crue et difficile, mais on dit souvent que «quand tu vides ta civière, tu vides ton esprit». On n’a pas le choix de penser comme ça parce que si on se demandait à chaque fois ce qui arrivait avec chacun des individus, ce ne serait plus vivable mentalement.»

L’approche «humain» est donc très importante. Des formations sont maintenant données sur l’importance d’un débriefing, des techniques de désamorçage après un événement difficile, etc.

M. Perron remarque d’ailleurs que les techniciens sont moins gênés qu’avant de parler de ce qui ne va pas et des situations difficiles.

Vrai ou Faux?

• Les ambulanciers peuvent rouler à n’importe quelle vitesse.

FAUX. Ils n’ont pas vraiment de barème de vitesse à respecter, mais dans le milieu, on tolère bien qu’en situation d’urgence, ils roulent à un maximum de 20 km/h au-dessus de la limite permise. Il faut souligner que la sécurité des ambulanciers est très importante et c’est ce qui prime.

 

• Un patient voit un médecin plus rapidement s’il arrive en ambulance.

FAUX. Le système de triage est le même pour tous les patients qui arrivent à l’urgence. C’est la gravité des cas qui déterminent l’ordre de priorité, peu importe que la personne soit arrivée en ambulance ou par ses propres moyens.

 

• Il est normal de voir des ambulanciers dormir sur leur quart de travail.

VRAI. Cela peut paraître étrange, mais les superviseurs sont clairs: oui, les ambulanciers peuvent dormir pendant leur travail, s’ils n’ont pas d’appel et s’ils en ressentent le besoin. «C’est même important qu’ils dorment parce que s’ils sont fatigués, ils ne seront pas performants et notre travail ne nous donne pas droit à l’erreur. Nos ambulanciers doivent s’écouter pour être toujours le plus disponible physiquement et mentalement.»

 

• Le Corridor de sécurité est bel et bien efficace.

VRAI. Le Corridor de sécurité semble être principalement respecté. «Ça nous donne plus d’espace pour travailler. Il y a moins de risque pour nous et les automobilistes d’être percutés.»

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