Le stress omniprésent dans la société québécoise
Entre famille, boulot et diverses activités, il est de plus en plus difficile de trouver du temps pour soi. D’ailleurs, une enquête de Statistique Canada effectuée en 2006 révèle que plus de 2,8 millions d’hommes et 3,2 millions de femmes affirment que la plupart de leurs journées sont «assez ou extrêmement stressantes».
«C’est très courant qu’on vienne me consulter pour des questions reliées à l’anxiété, que ce soit au cœur du motif de consultation ou non. Ça représente environ 80% de ma clientèle», établit Gaëtane LaPlante, psychologue, sans toutefois remarquer une hausse d’achalandage particulière à ce sujet.
Les causes de ce stress varient généralement, mais des axes communs semblent surtout vouloir converger vers les relations amoureuses et le travail.
Il faut dire que le stress élevé constituerait d’ailleurs la raison principale invoquée par les employés insatisfaits de leur travail. Cela peut provenir d’une tâche apparemment trop exigeante, du style de gestion par l’employeur, comme de relations de travail difficiles. À long terme, tous ces facteurs réunis risquent d’entraîner une anxiété ou une angoisse devant être médicalement suivie. De son côté, le Conseil du patronat du Québec évalue que 80% des absences sont reliées soit au stress ou aux maladies mentales en découlant.
Les jeunes aussi touchés
Une étude menée par la professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières, Michelle Dumont, dévoile que le fléau s’attaque aussi aux jeunes du secondaire. Elle a suivi 517 adolescents de quatrième et cinquième secondaire de la région et a pu constater que 22,1% éprouvent un stress de performance élevé, tandis que 24,8% de l’échantillon serait plutôt aux prises avec un stress moyen. La recherche a également démontré que les adolescents touchés auront tendance à développer un perfectionnisme négatif et excessif, étant moins confiants en leurs moyens.
Plus que de la relaxation
«Si on ne prend pas la peine de s’arrêter, on peut utiliser toutes les techniques de relaxation que ça n’aura pas d’effet», indique la psychologue, en précisant qu’il prime d’abord et avant tout d’aller à la source du problème ou du stress provoquant l’angoisse. Même si un traitement devrait s’étendre sur plusieurs mois pour une efficacité maximale, ils sont nombreux à vouloir faire tout le cheminement en quelques rencontres, explique Mme LaPlante: «Ils ont un peu une pensée fast food: il faut que ça aille vite, tout le temps, ce qui est ironique dans le cas présent.»
Dispendieux le stress?
La Commission de santé et sécurité au travail (CSST) a reçu, en 2007, 90 000 demandes de traitement pour lésions reliées à différents stress. Sur le tout, 1209 ont été pris en compte. «Il faut comprendre que nous pouvons indemniser seulement s’il est démontré que la dépression ou l’anxiété est attribuable au milieu de travail. Les cas les plus indemnisés sont reliés au stress post-traumatique», fait savoir Pierre Turgeon, analyste à la CSST. Pour les 1209 dossiers, répartis en 448 lésions pour anxiété et stress et 761 pour chocs nerveux, la CSST a déboursé près de 15 millions $.
Selon les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2002 portant sur la santé mentale et le bien-être, près de 4 % des travailleurs de 25 à 64 ans ont souffert de dépression au cours des 12 mois qui ont précédé l’enquête. «Ce n’est pas la situation, mais la façon de gérer le stress qui peut générer de l’angoisse ou de l’anxiété. Quand on n’écoute pas ce que l’on ressent, ce que l’on vit, on a tendance à rationnaliser. Ça devient alors une très bonne recette pour générer de l’angoisse», conclut Mme LaPlante. En dépit de ces statistiques, la Mauricie – Centre-du-Québec demeure une des régions les plus «calmes» avec 22,9% de sa population gérant un stress quotidien élevé. Seules les régions Nord-du-Québec, la Côte-Nord, la Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine et les Terres-Cries-de-la-Baie-James connaissent un taux inférieur à celui de la Mauricie.