Le savoir-faire d’une ferme nicolétaine récompensé

AGRICULTURE. Jean et Paul Rousseau, de la Ferme Rhétaise, ont reçu la médaille d’or du concours de l’Ordre national du mérite agricole 2016, tant au niveau régional que provincial, soit la plus haute distinction dans l’industrie bioalimentaire québécoise.

Les deux frères constituent la 8e génération à opérer l’entreprise familiale qui a été fondée en 1786, à Nicolet-Sud. Ceux-ci l’ont acquis en 1995 et ils ont graduellement pris de l’expansion pour la propulser vers les plus hauts sommets.

Il faut dire que quand ils ont pris les rênes, ils possédaient 95 hectares de terres cultivées et 50 Holstein pour un quota de 40kg de matière grasse. Un peu plus de 20 ans plus tard, ils comptent sur plus de 700 hectares qui sont consacrés aux grandes cultures et à la production fourragère et 250 vaches (près de 500 bêtes en incluant la relève) pour un quota de 270kg! Une dizaine de travailleurs gravitent également autour de la  ferme.

Un souci constant d’efficience et d’innovation, que les propriétaires transmettront sûrement à la relève, sont d’ailleurs au cœur de cette croissance spectaculaire, fait valoir l’Ordre du mérite agricole.

Plusieurs innovations à la ferme

Les producteurs viennent d’ailleurs d’investir environ un million $ pour le confort de leur de leurs bêtes. Ainsi, au lieu d’être couchées sur un tapis en caoutchouc ou de la paille, les vaches peuvent maintenant se reposer sur du sable. «Elles sont comme à la plage!», illustre Jean Rousseau.

Une couche de huit à dix pouces est étendue dans l’étable et elle agit un peu comme «une litière». Les employés n’ont qu’à passer une fois par jour ramasser les quelques tas qui se trouvent dans les logettes des animaux.

Quelques mesures innovantes ont également été prises pour contrôler l’érosion et la sédimentation des cours d’eau. Une problématique souvent associée au milieu agricole et à laquelle la Ferme Rhétaise n’échappe pas en raison de la dénivelée de ses terres.

Pour régler la problématique, les propriétaires ont dû sacrifier une petite superficie qui n’est pas mise en culture année après année. «C’est certain que nous aimerions cultiver tous ce que nous avons, mais il y a plus de bienfaits à long terme. Sinon, la terre s’en va dans les fossés et nous devons les recreuser», fait valoir Jean Rousseau.

Ils ont notamment aménagé un bassin de rétention, formé de plusieurs petits lacs, qui servent à empêcher l’érosion de se déverser dans un petit cours d’eau (la rivière Roy) à proximité. L’investissement de l’ordre de 20 000 $ a été subventionné à 90% par le MAPAQ, mais occupe un total d’environ un âcre (0,4 hectare).

Des «voies d’eau engazonnées» sont également aménagées à plusieurs endroits sur les terres agricoles. Ce sont des parties que les cultivateurs laissent en herbe, toujours dans l’optique de retenir l’érosion. C’est un total d’environ 6 âcres (2,4 hectares) auquel les producteurs renoncent.

En plus du respect de l’environnement, la santé et la sécurité au travail, les techniques de production, l’efficacité financière et la progression de l’entreprise sont d’autres thèmes qui ont retenu l’attention du jury.

«Là où l’on s’est démarqué, c’est dans les cultures, croit Jean Rousseau. Parce que les juges ont vu que l’on respectait l’environnement. Avec nos bandes riveraines, on fait des mesures d’atténuation pour l’érosion. Pour les rendements, ils pouvaient aussi constater la qualité de nos cultures, l’entretien des champs.»

Pinard et frère s’illustre

Une autre entreprise de la Rive-Sud s’est distinguée dans la catégorie «argent», terminant au deuxième rang autant au plan régional que national. Il s’agit de Pinard et frère Jardinier, de Sainte-Monique, qui a su diversifier son offre afin de répondre à l’engouement pour l’agriculture urbaine.  Le chauffage à la biomasse de leurs 6 800 mètres carrés de serres permet de réduire de 150 tonnes métriques les émissions annuelles de GES.