«Le plus grand danger est celui que l’on ne connaît pas»
Ceux qui croyaient que l’arrivée de deux pilotes de course automobile au sein de l’équipe d’instructeurs de l’École nationale de police du Québec (ENPQ), soit Tania Gladiuk et Bertrand Godin, amènerait les aspirants-policiers à rouler à de grandes vitesses devront se raviser.
«La vitesse est un facteur très relatif. J’ai déjà eu à faire des manoeuvres délicates à 20 km/h et j’en avais plein les bottes! C’est pourquoi dans le cadre de la formation des aspirants-policiers, nous travaillons à rapidement estomper le désir d’aller toujours plus vite lors de déplacements d’urgences, car tout est une question d’environnement et de contexte», souligne Bertrand Godin.
Lors de la visite du Courrier Sud au circuit routier fermé de l’ENPQ, les finissants s’exerçaient à conduire leur autopatrouille à travers diverses épreuves de précision, puis devaient procéder à l’interception d’un véhicule pour finalement effectuer un déplacement d’urgence en toute sécurité.
«Les erreurs qu’ils commettent sont formatrices. Il y a quelque temps, alors que j’étais à bord d’une autopatrouille avec un aspirant, il a freiné en même temps qu’il effectuait un virage rapide. L’arrière du véhicule a dérapé et c’est là que j’ai vu dans ses yeux qu’il avait compris la façon dont l’automobile réagissait », relate M. Godin.
Selon le pilote d’expérience, transposer ces exercices à la réalité policière de tous les jours est une tâche colossale, mais un beau défi. « Même si l’environnement change, les lois physiques demeurent les mêmes, alors le but est de leur faire vivre des expériences. Après tout, le plus grand danger est celui que l’on ne connaît pas! », estime-t-il.
Il faut dire qu’une autopatrouille est loin d’être un véhicule de précision. « Avec un poids d’environ 4000 livres, l’agilité n’est pas sa première qualité! Mais en recevant de la formation, les aspirants apprennent à découvrir les limites de leurs outils de travail», poursuit le passionné de conduite automobile.
À savoir si les élèves étaient impressionnés par la présence de pilotes automobiles de renoms, Bertrand Godin affirme qu’au contraire, c’est lui qui admirait la passion et le désir d’apprendre des aspirants-policiers.
Le programme en mutation
À l’automne 2012, l’ENPQ dévoilera l’actualisation globale du Programme de formation initiale en patrouille-gendarmerie, laquelle comprendra la révision de la formation en conduite de véhicule de police. L’École entend augmenter le nombre d’heures de formation en conduite qui passeront de 24 h à 36 h et enrichira cette formation sur les éléments de prise de décision, de gestion du stress et de jugement lors de déplacements d’urgence et de poursuites policières grâce entre autres à l’acquisition récente de deux simulateurs de conduite.
De plus, deux simulateurs, récemment acquis par l’ENPQ, seront intégrés dans la formation des aspirants-policiers. Ils sont actuellement en programmation. «Les tribunaux sont très critiques à l’égard de la conduite des policiers en situation d’urgence. Et de notre côté, nous sommes très à l’écoute et nous procédons constamment à des améliorations de notre programme dans le but de l’enrichir», a conclu Yves Bissonnette, instructeur en conduite d’urgence pour l’ENPQ.