Le parcours inspirant de Dik Bahadur Waiba

Par Karen Montembeault | PORTRAIT. Concentré sur son travail, Dik Bahadur Waiba jette des coups d’œil furtifs en direction de la foule qui visite la Ferme Drapeau et Bélanger. Entre la machinerie agricole et le troupeau en lactation, son sourire timide manifeste sa fierté de participer au succès de l’entreprise située à Sainte-Françoise.

Outre de par son accent coloré, M. Bahadur Waiba se distingue de ses collègues en raison de son parcours atypique. L’ambassadeur du projet de formation et d’intégration d’immigrants en production laitière a décroché un emploi grâce au Programme d’apprentissage en milieu de travail (PAMT) d’AGRIcarrières, comité sectoriel de main-d’œuvre de la production agricole.

Originaire du Népal, le travailleur de 26 ans a immigré au Canada pour garantir son avenir et celui de sa famille. «J’ai grandi dans un camp de réfugiés avec ma famille pendant 20 ans. Nous avions seulement un abri comme maison. En 2011, je suis arrivé au Québec avec mon frère et nous avons habité Limoilou les quatre premières années.»

Confronté à un manque de travail, il a décidé d’aller sur les bancs d’école pour améliorer son français. «J’allais au Cégep de Sainte-Foy à raison de 40 heures par semaine. C’est là que j’ai rencontré Céline, qui était ma professeure de français», explique-t-il. Céline Auger, consultante au projet PAMT, lui a alors parlé des possibilités qui s’offraient à lui compte tenu de son intérêt pour le travail manuel en milieu rural.

Suite à son recrutement, l’ancien maçon a alors rencontré Dominic Drapeau, propriétaire de la Ferme Drapeau et Bélanger. «Dik s’affaire principalement à la traite du midi et du soir. Il est fier de son travail et ça transparaît dans la qualité de son travail. Des travailleurs comme Dik, j’en prendrais dix!», lance M. Drapeau, satisfait de l’ensemble du projet.

Dans ses temps libres, M. Bahadur Waiba n’a pas le temps de se reposer, puisque plusieurs membres de sa famille viennent le visiter durant les fins de semaine. «Nous recevons 2 ou 3 familles chez nous chaque semaine. J’ai beaucoup d’amis qui viennent nous voir à la campagne. Ils aiment venir ici!», détaille celui qui connaît plusieurs Népalais en Ontario et au Québec.

Ce programme d’intégration devient un véritable projet de vie pour les participants. En effet, toute la famille de Dik est installée dans une maison fournie par M. Drapeau. «Nous avons été bien accueillis à notre arrivée à Sainte-Françoise. Mon garçon s’est bien intégré à sa classe de 2e année et ma femme reste à la maison avec notre fille de 7 mois. Nous aimons le mode de vie à la campagne», partage-t-il.

D’ailleurs, sa conjointe, Bi Maya Rai, suit des cours de français à la maison. Un accompagnement constant est offert à la famille pour s’assurer qu’elle s’adapte bien à sa nouvelle réalité. «Nous offrons un soutien pour les inscriptions scolaires, l’ouverture d’un compte en banque, etc. Nous leur avons même montré comment utiliser un poêle à bois pour les grands froids! Pour nous, c’est primordial qu’ils s’intègrent bien à la communauté», témoigne Suzanne Laroche, consultante au projet PAMT.

«Ce projet est vraiment bien pour les immigrants, ça nous aide beaucoup, surtout avec le français», conclut M. Bahadur Waiba.

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