Le Parc industriel et portuaire de Bécancour: un modèle au Québec

SYNERGIE. Le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI), en collaboration avec la Société du Parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB), a profité du lancement du guide Création d’une symbiose industrielle pour faire le bilan du projet de Synergie des sous-produits au Parc industriel et portuaire de Bécancour.

La symbiose industrielle vise à mettre en réseau des entreprises qui vont s’échanger des matériaux entre elles. «À l’image des écosystèmes naturels, l’écologie industrielle propose des outils visant à optimiser l’utilisation des ressources et à réduire la quantité de déchets produits dans une perspective de bouclage des flux. La symbiose industrielle en est sans doute l’exemple le plus concret. Le défi est de mettre en circulation les matières et l’énergie résiduelles des uns pour les substituer aux intrants des autres. L’objectif de cette démarche est d’allonger le cycle de vie des ressources par la substitution et la mutualisation des flux», explique Hélène Gignac, directrice du CTTÉI.

Bécancour: premier projet-pilote

Le projet de Synergie de sous-produits au Parc industriel et portuaire de Bécancour a démarré en 2008. Il s’agit du premier projet-pilote de symbiose industrielle réalisé au Québec avec le concours du Centre de transfert technologique en écologie industrielle.

Pourquoi Bécancour? «Ça allait de soi…Je dirais que c’est Bécancour qui nous a choisi. On a remarqué qu’il se passait des choses intéressantes ici, au niveau des échanges de matières, donc on en a fait notre projet-pilote», soutient Mme Gignac.

«Ça prenait des gens pour ouvrir des portes, comme la Société du parc, pour convaincre les entreprises d’écouter et d’embarquer, poursuit-elle. Et par la suite, on leur a démontré que ça fait des années qu’ils en font de la symbiose industrielle. On ne faisait donc que poursuivre les initiatives déjà enclenchées.»

«Au départ, dans les faits, il fallait d’abord initier les gens à échanger et à se parler entre eux. Il faut toujours se rappeler qu’un déchet, c’est simplement parce qu’on n’y a pas encore trouvé un usage; et c’est le défi que nous avons, de trouver un usage, résume Maurice Richard, président-directeur général de la SPIPB. Il s’agit de voir comment il peut y avoir un mixte de produits et constater que ce qui est aujourd’hui un déchet, qui irait normalement vers l’enfouissement, est récupéré pour qu’on lui donne une valeur ajoutée.»

Encore aujourd’hui, M. Richard assure que la douzaine d’entreprises participantes est très favorable à la démarche. «Du moment où l’entreprise est partenaire, qu’elle dégage de ses hauts fonctionnaires pour travailler sur cet aspect-là, la question ne se pose plus, affirme-t-il. Au début du projet, c’est vrai qu’on a dû travailler fort pour démontrer la crédibilité de la démarche. Mais tout à coup, les patrons et les chefs de département ont réalisé que c’était important que ont compris qu’il était maintenant possible que leurs déchets disparaissent pour leur revenir sous la forme d’un autre produit.»

Depuis 2008, on compte 109 synergies identifiées au Parc industriel et portuaire de Bécancour. «Ce n’est pas étonnant qu’il y en ait autant, puisque tout le monde est gagnant. Il y a eu au-delà de 100 projet et/ou produits qui ont été réutilisés de façon différente avec l’exercice qui est fait sur le terrain», souligne Maurice Richard.

Guide Création d’une symbiose industrielle

L’objectif du guide est de fournir des outils méthodologiques et opérationnels pour entreprendre une démarche de symbiose industrielle dans les parcs industriels et sur l’ensemble du territoire québécois.

«En fait, le guide, c’est le résumé de l’expérience terrain qu’on a fait au Parc industriel et portuaire de Bécancour ainsi qu’avec d’autres organisations sur des territoires à l’échelle du Québec, mentionne Hélène Gignac. Le document explique toutes les étapes pour mettre en place une symbiose, traite des produits et des éco-produits qu’on a pu développer à partir d’échanges et il permet de parler de résultats concrets.»

Le guide Création d’une symbiose industrielle est disponible gratuitement sur le site Internet de Synergie Québec, à www.synergiequebec.ca/demarche.

Huit entreprises participantes à Bécancour

– ABI

– Alcoa Usine de tiges de Bécancour

– Arkema

– Cepsa Chimie Bécancour

– HydrogénAL

– Olin

– Service de transformation Bécancour (STB)

– TRT ETGO