Le milieu funéraire évolue, au fil du temps

DOSSIER. Saviez-vous que le nombre de décès, qui avoisine les 60 000 bon an mal an, augmentera de façon importante au cours des prochaines décennies? Au point où, dans toutes les régions du Québec, le nombre de décès dépassera le nombre de naissances. De manière générale, c’est en 2034 que le point de bascule sera atteint au Québec. Au Centre-du-Québec, c’est plutôt prévu pour 2026.

Ces statistiques nous ont amenés à nous interroger sur la «santé» de l’industrie de la mort. L’arrivée prochaine des baby-boomers dans le marché funéraire en modifiera-t-elle le visage? Bousculera-t-elle certaines traditions? Comment les maisons funéraires s’adapteront à la situation? Nos cimetières finiront-ils par déborder? Nous avons discuté de la situation avec le Centre funéraire J.N. Rousseau & Frère Ltée, qui fait partie du paysage de la région depuis 90 ans

Actuellement, le Centre funéraire nicolétain enregistre une moyenne de 95 à 115 décès par année. La directrice et thanatologue, Marie-Josée Rousseau, travaille avec son conjoint Sylvain Thibodeau. «À deux employés porteurs, pour le moment, on arrive bien. Mais c’est certain que si le nombre de décès augmente, on devra peut-être s’ajuster», affirme Mme Rousseau.

Elle ajoute par ailleurs que généralement, les funérailles ont lieu le samedi, ce qui, d’ici quelques années, pourrait causer certains petits problèmes. «Si le nombre de décès augmente, il faudra peut-être voir à ce que les services funéraires se fassent aussi en semaine puisqu’on ne pourra pas tout faire en une seule journée.»

Un agrandissement ou un déménagement pourrait également être envisagé pour répondre à la demande croissante, notamment. «Rien n’est impossible, mais ça demande un gros investissement. C’est pourquoi on réfléchit beaucoup», laisse entendre Marie-Josée Rousseau.

L’arrivée des baby-boomers dans le portrait

Par ailleurs, on observe déjà certains changements dans les rites mortuaires. Et selon la Fédération des coopératives funéraires du Québec, qui regroupe 23 coopératives funéraires dans la province, ces changements devraient s’accentuer avec l’arrivée des baby-boomers dans le marché funéraire, eux qui ont rejeté la pratique de la religion catholique.

Par exemple, lorsque la religion faisait encore partie intégrante des pratiques funèbres, le modèle de base du déroulement d’une cérémonie funèbre se résumait ainsi : une, deux, voire trois journées d’exposition du corps au salon funéraire, une messe funérailles à l’église suivie de l’inhumation au cimetière. Aujourd’hui, les demandes sont multiples et les cérémonies religieuses sont nettement moins nombreuses.

«Avant, c’était 3 jours, soit une soirée et 2 journées d’exposition et les funérailles. Aujourd’hui, c’est souvent une soirée et une journée avec funérailles ou une journée seulement», confirme Mme Rousseau.

Celle-ci perçoit également une nouvelle tendance quant à la liturgie de la parole. «On voit de plus en plus la liturgie de la parole qui se fait au salon funéraire, ou encore au columbarium ou au cimetière. Certains ne feront pas de cérémonie à l’église, indique la directrice. On se rend compte que de nos jours, il y a aussi beaucoup plus d’hommages (chants, musique, présentation photo ou vidéo) que de prières. C’est comme si ça avait été remplacé. Les familles y vont à l’image du défunt, selon ses volontés.»

En collaboration avec Valérie Lessard

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