Le lait diafiltré au cœur des préoccupations dans la région

AGRICULTURE. De passage à Nicolet, dans le cadre de la tournée des régions, le Bloc Québécois a pris le pouls de la situation de l’agriculture au Centre-du-Québec.

Après avoir rencontré les représentants de l’UPA en compagnie de quelques producteurs agricoles, le député Louis Plamondon et le chef intérimaire Rhéal Fortin, se sont dit fins prêts à revenir à la charge dès la rentrée parlementaire concernant le dossier du lait diafiltré.

Ils ont souligné l’urgence d’agir et de défendre les intérêts des 856 fermes laitières de la région qui subissent des pertes moyennes de 30 000 $ par année en raison de ce produit «illégal» que les douaniers laissent passer.

«Il faut que le gouvernement comprenne que si tu prends un village comme Saint-Célestin et que tu enlèves les producteurs laitiers, tu tues complètement la municipalité. C’est la plus grosse entrée économique dans le comté. C’est plus gros que l’Aluminerie de Bécancour et que Rio Tinto Fer et Titane. C’est des retombées économiques incroyables l’agriculture dans le comté de Sorel jusqu’à Deschaillons», fait valoir le député de Bécancour-Nicolet-Saurel.

Le Bloc Québécois souhaite simplement que les Libéraux tiennent les promesses qu’ils ont faites en campagne électorale et lorsqu’ils étaient dans l’Opposition à ce sujet. Or, depuis un an, aucune avancée n’a été observée dans ce dossier.

Le gouvernement n’aurait pourtant qu’à resserrer le contrôle aux douanes où le lait diafiltré est considéré comme de la protéine, alors qu’il est considéré comme du lait par l’Agence canadienne d’inspection des aliments quand il arrive à l’usine de transformation.

Le Bloc québécois souhaite que le lait diafiltré soit taxé au même titre que les protéines sèches, qui sont interdites depuis une dizaine d’années en vertu de la constitution des fromages, et que n’importe quelle autre importation de lait. Sans quoi le produit est carrément illégal et contrevient aux quotas à la loi sur la gestion de l’offre agricole, qui sont si chers à l’économie canadienne.

«Ce sont des choses simples qui ne coûtent rien. Il faut simplement qu’ils prennent une décision et qu’ils mettent leur culotte plutôt que d’aller prendre des photos à Washington», fait valoir le chef intérimaire du Bloc Québécois, Rhéal Fortin, qui compte se servir de travaux parlementaires pour faire avance le dossier, en plus de demander l’aide du NPD et des Conservateurs, qui semblent «sensibles» à la cause, et de faire du lobby auprès des députés libéraux.

«Nus douanes sont de véritables passoires. Il faut absolument qu’elle soit resserrée, fait valoir Rhéal Fortin. En fait, la meilleure solution pour qu’elles soient hermétiques, ce serait d’engager les douaniers américains! Parce qu’eux ne laissent rien passer.»

Une cause d’autant plus importante, estime le Bloc Québécois, que plusieurs fermiers se découragent et vendent leur quota. «Il se ferme une ferme par jour. Si l’on continue comme ça, il ne restera que deux ou trois multinationales qui contrôleront ce que nous mangerons d’ici quelques années», s’inquiète Rhéal Fortin.

D’autant plus que la production laitière risque d’être encore plus fragilisée par le libre-échange Canada-Europe, alors que le fromage fin viendra inonder le marché. «Tout ça pour permettre aux producteurs de l’Ouest d’envoyer leur bœuf en Europe», déplore le chef intérimaire.

Sans compter que plusieurs problèmes sociaux sont liés à la problématique. «C’est encore pire pour la relève agricole qui est aux prises avec de l’endettement», souligne le député Louis Plamondon, qui s’intéresse de près aux enjeux agricoles. Surtout qu’avec les normes animales

D’autant plus que plusieurs producteurs ont investis des sommes considérables pour se moderniser pour répondre aux normes de protection animale et de sécurité alimentaire. «Au Québec, c’est là où c’est le plus sévère au Canada et en Amérique du Nord», rappelle le député. 

D’autant plus que dans certaines régions, on observe la présence de «travailleurs de rang» qui font un peu le même travail que les «travailleurs de rue» en milieu urbain en allant à la rencontre des agriculteurs aux prises avec de la détresse psychologique, alors que des suicides ont été enregistrés.

«On fait des farces avec les travailleurs de rang, mais ce n’est pas drôle, souligne le chef intérimaire. C’est important d’aller rencontrer les agriculteurs, parce que ce sont souvent des gens qui ne parlent pas beaucoup. On est même rendu avec des maisons de répit pour les agriculteurs.»

En plus du lait diafiltré, les producteurs du Centre-du-Québec ont aussi sensibilisé les politiciens à l’effet que l’agriculture devrait être exclue des Imports-Exports. «Parce que ça cause un grave problème aux producteurs de poulet et aux producteurs laitiers. On peut importer, le transformer et le retourner dans les cinq années. Quand t’importe du lait, il est automatiquement sur le marché. Les producteurs ne peuvent pas dire aux vaches de produire deux fois plus.»

 

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