L’ancienne manufacture de lunettes ne sera plus qu’un souvenir
NICOLET. Un lieu chargé d’histoire disparaît peu à peu du paysage nicolétain. L’ancienne manufacture de lunettes est tombée sous le pic des démolisseurs au cours des derniers jours.
Cette bâtisse industrielle est l’une des premières qui s’est établie à Nicolet et était l’une des dernières à témoigner des débuts de l’industrialisation de la Rive-Sud.
En plus de la manufacture de lunettes de l’American Optical Company of Canada (AOCO), la manufacture de meubles et d’ornements d’églises de Louis Caron & Fils, la manufacture de meubles d’Henri Vallières et la manufacture de bas H.-N. Biron ont permis à la ville d’établir son industrie à la fin du 19e et au début du 20e siècle.
De toutes ces usines, seule l’ancienne manufacture de lunettes était encore debout après autant d’années. «C’est un bâtiment qui était très solide», a confirmé Gaëtan Grimard, des Entreprises Daumard, à propos de la bâtisse de 400 pieds de longueur qui possède toute une fenestration.
L’American Optical Company of Canada (AOCO) avait été fondée en 1910 avant de cesser sa production de montures de lunettes ophtalmologiques, de sécurité et de soleil, dès 1912. Elle est redémarrée l’année suivante sous la raison sociale de l’Union Optical Company.
En 1920, elle s’affilie à l’American Optical de Southbridge, ce qui lui donnera un nouvel essor qui a permis de superposer un deuxième étage à l’usine. En 1948, d’autres ajouts et rénovations sont apportés à l’usine.
Celle-ci sera en opération jusqu’en 1987. Lors de sa fermeture, 83 employés avaient été licenciés selon ce que rapportait Rita Dolan-Caron. «Au plus fort de sa production, il y en avait 350 qui gagnaient leur vie à la shop de lunettes», indique Gaëtan Grimard.
Elle a ensuite fait place à d’autres entreprises telles que Confortex, qui y a fait des opérations d’emballage de couches de 1998 à 2003. Cette compagnie appartenait aux Entreprises Daumard, qui sont les actuels propriétaires de la bâtisse.
De 2003 à 2008, une entreprise de palettes de cartons recyclés avait amorcé des opérations de démarrage, de rodage et de design des plans, mais n’avait jamais été en opération. Les investisseurs avaient même un brevet. Leur projet est d’ailleurs encore actif, mais à la recherche de financement et d’une bâtisse.
«On avait une entente de principe avec eux pour un montant de 1,1 million $. Ils devaient l’occuper avec une promesse d’achat. Ils ont d’ailleurs payé les frais pendant le temps qu’ils ont été là», précise M. Grimard.
Une question de sécurité
Gaëtan Grimard s’attriste d’ailleurs d’avoir dû se résigner à démolir ce bâtiment, qu’il qualifie lui-même de mythique et qui représente en quelque sorte les débuts de l’industrialisation de la Rive-Sud.
Celui-ci explique la décision de démolir le bâtiment en raison de la disparition de quelques centaines d’arbres ou arbustes à la suite d’une intervention de nettoyage commandée par la Ville de Nicolet, en août dernier. Ceux-ci devaient servir à la fois à protéger l’accès par l’arrière du bâtiment, en plus de servir de zone tampon avec les résidents de la coopérative d’habitation.
«Notre zone tampon était rendue à environ 200 pieds de longueur. Nous venions d’en planter 80. Il fallait juste lui laisser le temps de pousser, déplore Gaëtan Grimard. À l’arrière, le fait qu’il y avait un boisé dense avec des pépiques (chardons), ça devenait difficile de circuler.»
C’est la perte de ce «manteau de verdure» autour de la bâtisse qui a entraîné différents problèmes liés à la sécurité et qui a finalement incité le promoteur à procéder à la démolition.
«Depuis août dernier, il y a eu plus de 14 fois des vandales qui se sont introduits dans la bâtisse par le côté Sud-Est. Ce sont plus d’entrées par effraction que dans les trois dernières années, indique Gaëtan Grimard. Il y a aussi deux feux de camp qui ont été allumés. Ce n’était jamais arrivé auparavant et, encore une fois, les jeunes sont entrés par le côté déboisé fait par la Ville.»
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