L’ancien Palais de Justice de Nicolet est à vendre
PATRIMOINE. Après avoir fait démolir l’ancien Foyer, la Société québécoise des infrastructures (SQI) souhaite se départir de l’ancien Palais de Justice de Nicolet.
Les deux édifices servaient à l’École nationale de police du Québec pour des plateaux de simulation, mais n’étaient plus nécessaires depuis l’inauguration du tout nouveau pavillon de formation, l’automne dernier.
La SQI a décidé de préserver ce joyau du patrimoine bâti en exigeant dans son appel d’offres que l’éventuel promoteur en prenne possession dans son état actuel et fasse d’abord approuver son projet par les autorités municipales.
«Un éventuel acquéreur ne pourra pas faire ce qu’il veut, parce qu’il y a des restrictions d’usage notamment dû au fait que c’est zoné institutionnel. Ce pourrait être pour des bureaux professionnels comme une firme d’avocats, un bureau de comptable ou un notaire. Une banque ce serait compliqué en raison du stationnement qui n’est pas très grand», a fait savoir le maire de Nicolet, Alain Drouin.
Un promoteur ne pourrait pas non plus raser l’immeuble ou en changer l’apparence, puisque l’ancien Palais de Justice est considéré comme un «immeuble patrimonial». Ceci lui confère une protection architecturale, pour le bâtiment, mais également paysagère, pour les grands arbres nobles qui l’entourent.
Cette reconnaissance ne lui est pas conférée par le gouvernement du Québec, comme l’ancien Séminaire de Nicolet, mais par la Ville de Nicolet qui avait adopté cette citation, en 2012, pour protéger ce bâtiment plus que centenaire.
L’Inventaire du patrimoine bâti, réalisé en 2014 pour le compte de la Ville de Nicolet, jugeait la valeur patrimoniale de cet édifice comme étant «supérieure» et sa valeur d’authenticité comme étant «excellente».
Le bâtiment de style néo-classique a été construit en 1910 selon les plans de Louis Caron Junior, deuxième architecte de la dynastie nicolétaine. Les pins sylvestres, qui sont également protégés, datent des premières années d’implantation du bâtiment. Ils ont été un don de l’ancien ministre de l’agriculture Jules Allard, en souvenir de ses années d’études.
L’édifice a été entièrement rénové durant les années 1960. À partir du milieu des années 1980, plusieurs réaménagements intérieurs ont été réalisés. En 1995, les fenêtres ont toutes été remplacées.
Plusieurs causes célèbres
Le Palais de Justice de Nicolet avait été construit une vingtaine d’années après l’établissement d’une Cour de circuit de comté, en 1884, qui faisait de la ville le centre des affaires judiciaires pour les environs. Auparavant, Nicolet possédait seulement une Cour des commissaires qui servait à régler des différents de moindre importance, n’excédant pas 25$.
La construction du Palais de Justice a été complétée en 1911, et c’est en septembre 1915 que le district judiciaire de Nicolet a été établi. Plusieurs causes y ont été entendues, dont certaines avaient été très médiatisées.
Qu’on pense à Denise Ampleman, une histoire de meurtre qui avait rebondi à l’Assemblée nationale, ou encore une enquête sur le service de police de Trois-Rivières. D’autres se souviennent du procès d’une infirmière du Centre Christ-Roi, qui avait assassiné son bambin.
Au début des années 1970, le district de Nicolet a été intégré à celui de Trois-Rivières et le Palais de Justice a été de moins en moins utilisé. Des mariages, des petites créances et quelques causes ont quand même été entendues, à l’occasion.
La Cour municipale, qui entend des causes en provenance d’une trentaine de municipalités de la Rive-Sud, s’y est tenue jusqu’en 2006. Étant donné qu’elle siège seulement huit fois par année, elle ne justifierait une utilisation du Palais de Justice. La salle Joseph-Ovide-Rousseau, où siège le conseil municipal à l’Hôtel de Ville de Nicolet, convient amplement à ses besoins.
Le Bureau d’enregistrement de Nicolet a aussi occupé une partie de l’édifice jusqu’à la fin des années 2000, avant de déménager dans l’édifice du MAPAQ au coin du boulevard Louis-Fréchette et de la rue Mgr Courchesne. Plusieurs documents qui s’y trouvaient ont été remis aux Archives du Séminaire.
Au cours des dernières années, l’École nationale de police du Québec (ENPQ) a occupé le bâtiment et s’en servait pour faire des simulations en salle d’audiences. Le bâtiment avait d’ailleurs été rebaptisé Pavillon Monseigneur-Courchesne. Son réaménagement pour les besoins de l’ENPQ avait été complété en 2009-2010. Un «tribunal école», ainsi que de nouvelles salles de classe et de rencontre avaient été mis en place.
À vos risques
Comme plusieurs bâtiments appartenant à la SQI, l’ancien Palais de Justice contient de l’amiante. Un rapport, effectué en septembre 2009 par le Groupe Gesfor Poirier, Pinchin inc., est d’ailleurs disponible pour consultation.
La SQI indique également dans son document d’appel d’offres, dont Le Courrier Sud a obtenu copie, qu’elle n’offre aucune garantie à un futur acquéreur, que celui-ci le fait à ses risques et périls, qu’il devra procéder à ses propres analyses et devra s’occuper de tous les frais entourant la vente et l’entretien du bâtiment.
La vente inclut le terrain d’une superficie de 3 336 mètres carrés, un immeuble de deux étages offrant une superficie approximative de 690 mètres carrés et un sous-sol d’environ 355 mètres carrés.
Après une première visite des lieux, le 29 juin, d’autres sont prévues les 11 juillet et 31 août, de 13h à 16h30, ou sur prise de rendez-vous par la suite.
À lire aussi: La Ville pourrait reprendre le bâtiment