Incursion chez CEPSA Chimie Bécancour

USINE. CEPSA Chimie Bécancour est une entreprise pétrochimique établie dans le Parc industriel et portuaire de Bécancour. Bien qu’elle ait commencé ses opérations au printemps 1995, que savons-nous vraiment de cette usine? C’est ce que je suis allée découvrir…

Premièrement, que fait-on chez CEPSA Chimie Bécancour? On y fabrique de l’alkylbenzène linéaire (ABL), un composé utilisé dans la fabrication de détergents biodégradables et d’autres produits secondaires d’utilité commerciale et industrielle. L’entreprise bécancouroise en est le seul fabricant au Canada.

Sommairement, l’ABL est le mariage entre une molécule de paraffine et une molécule de benzène. La molécule de benzène a de l’affinité pour celle de la paraffine, mais cette dernière n’est pas prête à recevoir la molécule de benzène alors on doit y apporter des modifications.

L’usine est divisée en deux principales unités, à l’extérieur: DETAL et PACOL. La paraffine est transformée en oléfine par le procédé de déshydrogénation dans le réacteur PACOL. Les oléfines subissent ensuite deux traitements de purification pour assurer que le produit final réponde aux critères de qualité spécifiés par les clients. Le benzène et les oléfines réagiront ensuite à l’intérieur du réacteur DETAL. Ce type de réacteur (catalyseur solide de type lit fixe) représente une innovation majeure. D’ailleurs, l’usine de Bécancour fut la première à utiliser cette technologie dans le monde.

Il est important de souligner que le procédé, à la fine pointe de la technologie, représente une percée majeure dans l’élimination des impacts environnementaux.

De plus, une nouvelle section, «Manhattan», a été créée en décembre 2014, et produit de l’électricité pour les besoins de l’usine. Cette section arrive à produire jusqu’à la moitié de la consommation d’électricité de l’entreprise.

«On donne une 2e vie à la chaleur de notre procédé. Elle devient gazeuse, puis passe dans des turbines et se transforme pour nos besoins. On a choisi d’aménager une partie de l’usine pour ça, principalement pour diminuer les coûts de production. Étant donné que la compétition est forte dans le domaine, on doit tenter de maximiser nos équipements», explique Denis Trudel, chef d’équipe à CEPSA Chimie Bécancour. Il affirme que selon lui, l’entreprise bécancouroise est la seule usine en Amérique du Nord à générer de l’électricité à même son procédé.

Équipe

Pour faire fonctionner l’usine, CEPSA ne compte pas sur plusieurs centaines d’employés. En fait, on compte un peu plus de 70 employés au total, soit 60 employés de CEPSA Chimie Bécancour et une dizaine de sous-traitants.

Il faut bien comprendre qu’aux dires des employés, «l’usine roule quasiment toute seule. Tout est extrêmement technologique et notre rôle est de s’assurer que tout se passe bien.»

Prévenir les incidents

Pour éviter que des incidents majeurs ne surviennent, les employés de CEPSA Chimie Bécancour doivent porter une attention particulière à tout ce qui se passe chez leurs voisins. «Par exemple, lors de la fuite chez Olin, si le vent avait été dans l’autre sens, cela aurait pu avoir de réelles répercussions chez nous, soutient M. Trudel. De notre côté, on a rarement eu des événements majeurs. Une fois, il y a plusieurs années, on avait eu une fuite à cause d’un bris d’équipement, mais c’est très rare.»

Il ajoute que comme tous les équipements sont reliés, un bris ou une mauvaise manœuvre peut entraîner un effet Domino. «Si quelque chose ne va pas, ça peut faire boule de neige très rapidement. Tous nos principaux équipements sont doublés, c’est-à-dire que nous avons un modèle A et un modèle B. Ainsi, on s’assure que les deux fonctionnent bien, alors lorsque l’un brise, ça nous permet de ne pas arrêter tout le procédé», conclut Denis Trudel.

Torchère

La torchère que l’on aperçoit lorsqu’on circule sur l’autoroute 30 est très importante pour l’entreprise. En fait, tous les équipements y sont reliés. Lorsqu’une flamme provient de la torchère, c’est qu’elle brûle l’excédent des gaz. «Il faut se rappeler qu’une flamme vivante est bien moins dangereuse qu’un gaz qui n’est pas brûlé», indique le chef d’équipe.