Incubateur industriel au Club de golf de Gentilly: des citoyens s’opposent
BÉCANCOUR. Depuis quelques mois, la Ville de Bécancour envisageait implanter son incubateur industriel dans la bâtisse adjacente (entrepôt) au Club de golf de Gentilly, si bien que des demandes de changement de zonage avaient déjà été entamées.
Or, coup de théâtre lundi soir alors que des résidents de l’avenue des Oiselets, voisins du Club de golf, se sont opposés au projet. Ils ont effectivement rejeté la proposition de la Ville. Ces citoyens sont en total désaccord avec l’implantation de l’incubateur à cet endroit et ils ont exposé une série de craintes pour justifier leur position. «Ils craignent une augmentation de la circulation dans le secteur et que des clôtures soient installées tout autour. Ils ont peur aussi de l’usage industriel que cela pourrait générer et redoutent la venue de plus grandes entreprises. Ils appréhendent également le fait que la Ville pourrait agrandir le zonage industriel en l’étendant sur une plus grande superficie», exprime le maire de Bécancour.
Jean-Guy Dubois se désole effectivement de la tournure des événements. «On est tombé en bas de notre chaise quand on les a entendus et qu’ils nous ont fait part de leurs inquiétudes. Je pense qu’ils ont une perception négative du projet alors que nous, au contraire, on travaillait dans une perception positive. À notre avis, l’incubateur n’aurait qu’un faible impact sur le milieu environnant étant donné que les entreprises visées oeuvrent principalement en recherche et en développement et non en production.»
Alors que la rencontre devait en être une de consultation et d’information, le maire estime que les quelque vingt résidents sont plutôt venus «s’opposer que s’informer.»
Malgré tout, M. Dubois n’entend pas faire un vote populaire ou un référendum sur la question. «On créerait plus de tort qu’autre chose en faisant ça, croit-il. Les gens qui étaient là représentaient l’essentiel de la rue et on a écouté leur point de vue, entendu leurs préoccupations et on ne veut pas briser leur quiétude. On veut tout faire pour aider les gens de Gentilly, touchés par la fermeture de la centrale nucléaire, mais si les résidents affectés par l’emplacement de l’incubateur n’en veulent pas près de chez eux, on ne le fera pas contre leur gré.»
Ainsi, le règlement modifiant le zonage, qui serait passé de commercial à industriel, n’a pas été adopté par le conseil municipal. «Suite aux échanges, quand je leur ai posé la question finale, ils ont tous levé la main ou presque en signe d’opposition. C’était donc évident qu’on n’adopterait pas notre règlement», soutient le maire.
De leur côté, les opposants ont reproché à la Ville d’avoir travaillé en vase clos dans ce dossier. «Ils considèrent qu’ils n’avaient pas l’information suffisante, exprime Jean-Guy Dubois, mais l’avis du changement de règlement a été publié de la même façon qu’à l’habitude et des courriels leur avaient été envoyés pour les inviter à cette séance d’information.»
Le maire a admis qu’il ne voulait pas trop en parler, pour ne pas «voler le punch», puisque le financement du projet n’était pas complètement attaché. Il a aussi rappelé que selon lui, c’était à un ministre de dévoiler l’entièreté du projet, au moment venu.
Emplacement
En implantant son incubateur d’entreprises à Gentilly, projet évalué à 2,8M$, la Ville de Bécancour croyait favoriser ce secteur directement touché par la fermeture de G-2. «Ce sont des aides gouvernementales disponibles à cause de cette situation qui nous ont amené à considérer l’endroit. On faisait le tout dans l’optique de revitaliser le secteur Gentilly, note le premier magistrat, qui n’est pas à court de ressources. Dans Bécancour, on a d’autres endroits en masse où on pourrait faire le projet. On a des plans B et C.»
«Mais ce site nous permettait également d’assurer la pérennité du Club de golf, ajoute-t-il. On achetait l’entrepôt, ce qui soulageait la Corporation d’une dette de 400 000$. On a travaillé des milliers d’heures là-dessus.»
Rappelons que depuis l’annonce de la fermeture de la centrale nucléaire, les revenus de location de l’entrepôt à Hydro-Québec, soit environ 108 000$ annuellement en prévision de la réfection, ne sont plus là.
Suite
Compte-tenu de la situation actuelle, la Ville de Bécancour n’a d’autres choix que de «retourner faire ses devoirs.» Jean-Guy Dubois se désole que le projet soit retardé.
«Peu importe ce qui arrive, le projet est assurément retardé. Le plan d’affaires demeure le même, mais au niveau des demandes d’aide financière, nous devrons revoir certains éléments et dans quelques cas, il faudra tout refaire en entier», déplore-t-il.
Le maire explique que les partenaires et les gens concernés par les demandes d’aide financière ont été avisés que le dossier n’était pas fermé, mais que «le projet était standby pour le moment…que ce soit là ou ailleurs.»
Enfin, M. Dubois assure que des efforts seront faits pour changer la mauvaise perception des opposants. «On tentera à nouveau de leur expliquer le contenu du projet et les objectifs. Ils devraient être convoqués, éventuellement, à une nouvelle rencontre d’information, s’ils veulent bien y assister», conclut-il.
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