Gentilly-2: des réactions mitigées chez les syndicats

RECLASSEMENT. Si le processus de reclassement des employés de Gentilly-2 au sein d’Hydro-Québec se déroule rondement pour certains, c’est une tout autre histoire pour d’autres.

C’est le cas d’une vingtaine de techniciens, dont le syndicat est actuellement en moyens de pression (refus de temps supplémentaire, piquetage). Étant spécialisés en chimie, ils se retrouvent devant une impasse.

«Il n’y a pas vraiment d’avenir pour eux au sein d’Hydro-Québec, parce qu’il y a très peu de postes au Québec en chimie. Il y en a une dizaine à l’Institut de recherche de Varennes, quelques-uns au STE à Shawinigan, et moins d’une dizaine pour analyser les transformateurs à Montréal», indique le porte-parole du syndicat des technologues d’Hydro-Québec, Jean-Yves Paquin.

Depuis l’annonce de la fermeture, le syndicat des technologues demande à ce qu’ils soient formés dans les autres spécialités pour lesquelles il y a des besoins dans la région.

«On a reçu une fin de non-recevoir, pour une question de coûts. Pourtant, ce ne serait pas si long. Avec une formation accélérée, ce pourrait durer environ trois mois», estime Jean-Yves Paquin.

Le syndicat des technologues estime qu’il s’agit d’une iniquité, puisque Hydro-Québec a fait suivre une formation de monteurs de distribution aux agents de sécurité pour les reclasser au sein de l’entreprise.

Certains spécialistes qui occupaient des fonctions spécifiques vivent un peu la même situation. Si la majorité des 80 employés ont été reclassés dans la région, il en reste une douzaine dont la situation est plus complexe.

«Ce sont des travailleurs qui ont des formations en chimie et en biologie qu’Hydro-Québec a formés pour les besoins de la centrale. Ils ont besoin d’une mise à niveau. Ils ont la base et ils n’ont besoin que d’une formation d’appoint. Aux dernières nouvelles, la direction nous a dit qu’elle a l’intention de la leur donner», indique le président du syndicat des spécialistes et professionnels d’Hydro-Québec, Benoît Bouchard.

Il estime toutefois qu’une meilleure collaboration aurait pu se faire avec les différentes divisions d’Hydro-Québec. La centrale appartenant à la division de la Production, les employés n’étaient pas nécessairement favorisés pour un poste en Distribution ou en TransEnergie, par exemple. «Il a fallu que la direction mette de la pression, parce que ce n’est pas nécessairement l’ancienneté, mais la compétence qui prime», note-t-il.

Du côté des ingénieurs, une clause de leur convention collective accroche, puisqu’ils ne sont pas tenus d’accepter un transfert dans un rayon de plus de 48 kilomètres. Des discussions sont actuellement en cours pour trouver une solution puisqu’il y a peu d’emplois d’ingénieurs aux alentours.

Une façon de faire humaine

Le syndicat des employés de métier, qui représente environ la moitié des travailleurs qui devenaient excédentaires après la fermeture de Gentilly-2, est de son côté très satisfait de la manière dont les choses se déroulent.

«Pour nous, ça a très bien été. Nous étions 360 au départ et il en reste 38 en ce moment. Avec les ouvertures de postes qu’il y a eu, on devrait être une quinzaine le mois prochain, estime Pierre MacDonald, vice-président régional en Mauricie.

«Comme ils n’en auront bientôt plus besoin, Hydro-Québec ne retient pas les employés de métiers, continue-t-il. C’est pour ça qu’ils doivent parfois faire appel à de la sous-traitance».

Le représentant régional estime qu’Hydro-Québec a bien fait les choses, en offrant un programme réservé aux gestionnaires pour les travailleurs qui devaient être relocalisés, en prenant en charge la vente des maisons et en payant une partie des frais de déménagement.

«Hydro fait des efforts pour que ça se fasse de façon humaine. Parce que ce n’était pas leur décision de fermer la centrale, mais celle du gouvernement», analyse Pierre MacDonald.