Du papier qui en a long à dire
Pendant près d’un an, le Musée des religions du monde de Nicolet célèbrera l’œuvre et la carrière de Claude Lafortune en présentant l’exposition «Colle Papier Ciseaux». Celle-ci comprend notamment 45 sculptures à l’effigie de personnages bibliques et historiques, dont 25 pièces uniques conçues spécialement pour l’occasion.
«Avec le recul, dit-il, aujourd’hui, je perçois ma vie comme un long jeu qui a pris la forme d’un immense bricolage et maintenant, avec cette exposition, des allures de grand seigneur», illustre d’entrée de jeu Claude Lafortune, que l’on a pu voir à la barre des émissions l’Évangile en papier et Parcelles de soleil.
Ce qui frappe lorsqu’on constate la relation du créateur à cette exposition, c’est que même si ses œuvres ont été mises à l’avant-scène à de nombreuses reprises, il est profondément touché par la latitude de création que le Musée lui a donnée pour concevoir l’exposition et… il le souligne à grands traits!
«L’accueil que j’ai reçu est incroyable et très chaleureux. Jamais dans une galerie de Montréal je n’aurais été approché de cette façon et bénéficier d’une telle liberté. La chaleur dont a fait preuve Jean-Francois (NDLR:Le directeur général du musée) et toute son équipe m’a beaucoup touché», relate M. Lafortune, référant à la chance qu’il a eue de recevoir ses amis et sa famille pour une réception privée, avant le vernissage.
«Sans compter que j’ai véritablement pu me laisser aller dans la sélection, la création et l’interprétation des personnages», note-t-il.
Faire parler le papier
Selon M. Lafortune, les sculptures de papier qu’il a créées, dont Confucius, Jean XXIII, Cléopâtre, Mozart et Jeanne Mance, ne sont pas des portraits, loin de là.
«On ne dit pas qu’on aime une personne parce qu’elle est grande, blonde ou brune. À mes yeux, l’affection dépasse le portrait, car l’important, ce qui nous parle, c’est ce que la personne est», assure-t-il. « Et moi, j’aime ces personnages et j’aime les interpréter, transmettre aux gens l’impression profonde que j’éprouve face à eux. Je suis un communicateur, un artiste.»
Il faut prendre son temps pour apprécier à sa juste valeur toute la profondeur des personnages présentés dans le cadre de l’exposition. En s’attardant, on découvre plusieurs symboles intégrés sous forme de costumes ou d’accessoires qui font parler le sujet et le situe dans son contexte.
« Prenez Beethoven, par exemple. J’ai voulu le dépeindre dans toute sa souffrance et son angoisse en raison de sa surdité. Quant à Napoléon, j’ai tenu à l’illustrer tel un aigle aux ailes brisées. Le chef amérindien, Pontiac, quant à lui, repose sur un tronc pour représenter les racines que je désirais qu’il symbolise», explique-t-il «Et d’ailleurs, je dois dire que j’éprouverais un certain malaise à utiliser un personnage récent de peur qu’il ne devienne esclave du portrait.»
Un rêve devenu réalité
«Il y a des années que je rêvais que mes œuvres soient l’objet qu’une exposition, mais lorsque l’on m’a parlé de faire aussi une rétrospective de ma carrière, il faut dire que ça a représenté un défi, car normalement, je n’aime pas parler de moi, j’aime mieux faire parler les choses que je crée!», soutient-il. Cependant, lorsqu’est venu le temps de regarder en arrière pour constater tout le chemin parcouru, des souvenirs ont surgi. En effet, en plus de présenter les impressionnantes sculptures, les prix et récompenses que Claude Lafortune a reçus, des extraits vidéo de ses apparitions télévisuelles de même que les seuls et uniques ciseaux utilisés pour la conception de ses œuvres sont exposés.
Pour que subsiste l’œuvre
Aujourd’hui âgé de 75 ans, Claude Lafortune dit se faire souvent questionner sur l’avenir de son art, la sculpture en papier. « Les gens me disent, "Claude, qui prendra ta relève?" Je songe alors à ma petite fille qui a réellement une habileté pour les arts, mais je crois que chacun doit évoluer et se définir par sa propre couleur. Vous savez, j’ai créé moi-même le métier que j’ai pratiqué en développant un certain talent, alors pour mes enfants et mes petits enfants, ce pourra peut-être aussi bien être autre chose!», croit-il.
L’exposition «Colle Papier Ciseaux» sera présentée jusqu’au 18 mars 2012. Notons qu’un catalogue de l’exposition ainsi que le DVD des huit premiers épisodes de L’Évangile en papier sont en vente exclusivement au Musée des religions du monde.
Ceux qui visiteront l’exposition auront aussi la chance de remporter une crèche de papier conçue des mains du maître Lafortune.
Pour informations: 819 293-6148 ou www.museedesreligions.qc.ca