Déversements d’eaux usées: les Abénakis rappellent l’obligation de les consulter

AUTOCHTONE. Suite à la décision du ministère fédéral de l’Environnement de suspendre le déversement de huit milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent prévu entre le 18 et le 25 octobre 2015, la Nation W8banaki est soulagée.

L’octroi d’une telle autorisation pourrait avoir des effets gravement préjudiciables sur l’exercice de ses droits ancestraux et de ses droits issus de traités sur une partie importante de son territoire ancestral, le Ndakinna, particulièrement sur le lac Saint-Pierre, une zone privilégiée du territoire pour laquelle la conservation de son écosystème, des espèces et de sa biodiversité est fondamentale.

La Nation déplore toutefois la décision du gouvernement provincial et doute de la validité du certificat d’autorisation octroyé par la Couronne du chef de la province qui n’a aucunement respecté son obligation constitutionnelle de consultation et d’accommodement auprès de la Nation W8banaki.

En effet, la Couronne a comme obligation de consulter les Nations impliquées et, le cas échéant, d’accommoder les peuples autochtones avant de prendre toute décision susceptible d’avoir un effet préjudiciable sur les terres et les ressources revendiquées par eux.

Une demande de consultation officielle a d’ailleurs été exigée de la part de la Nation auprès des instances fédérales et provinciales.

Les communautés d’Odanak et de Wôlinak sont situées à faible distance du fleuve Saint-Laurent et de 100 à 150 kilomètres en aval de Montréal. Durant cette période de l’année en particulier, y compris durant la période visée par l’autorisation en question, les membres de la Nation W8banaki pratiquent des activités traditionnelles de pêche et de chasse dans le lac Saint-Pierre, notamment la chasse à la sauvagine.

Les huit milliards de litres de déchets de toilettes, d’hôpitaux et d’entreprises que la Ville de Montréal propose de rejeter dans le fleuve se rendront certainement au lac Saint-Pierre et pourraient constituer une entrave sérieuse aux activités traditionnelles des Abénakis, ainsi qu’à leurs droits ancestraux et à leurs droits issus de traités.

La Nation s’inquiète aussi pour la santé des membres qui poursuivront ces activités durant et après la période de déversement, ainsi que les effets que celui-ci aura sur les populations avoisinantes.

Un arrimage est donc essentiel avec les acteurs de la région pour le meilleur intérêt du lac Saint-Pierre, soutiennent-ils.

«Le lac St-Pierre est notre garde-manger à nous, les Abénakis» déclare Alexis Wawanoloath, conseiller responsable de l’environnement au Conseil des Abénakis d’Odanak.

«Nous sommes en pleine période de chasse et de pêche. Ce déversement aura un impact direct sur nos activités et nous ne pouvons concevoir que ni le gouvernement fédéral ni le provincial nous ai consulté sur cette question qui est primordiale pour nous, et ce, malgré leur obligation constitutionnelle. Nous refusons d’être encore une fois ignorés et nous exigeons que ces eaux usées ne soient pas déversées dans le fleuve.»