Des repas-maison sauvent le dépanneur à Aston-Jonction

Pour assurer sa survie, le dépanneur d’Aston-Jonction a intégré un service de repas maison à ses installations de la rue Vigneault depuis novembre dernier.

Il faut dire que la communauté astonnaise a fait des pieds et des mains depuis quelques années pour conserver son dépanneur ouvert.

«Nous étions en situation déficitaire par rapport au chiffre d’affaires versus nos dépenses dernièrement. Pas énormément, mais juste assez pour ne pas être suffisamment rentable», explique le maire d’Aston-Jonction, Pierre Gaudet.

«Cet été, nous avons donc informé les gens que nous étions devant trois options: fermer et vendre la bâtisse, trouver une vocation additionnelle pour être rentable ou considérer le dépanneur comme un service à la communauté afin de le financer à même les taxes», raconte M. Gaudet.

C’est finalement la deuxième option qui a été retenue.

«Un groupe de femmes a déposé une pétition de 50 noms accompagnés d’un projet de préparation et de vente de plats maison pour rentabiliser le tout», dit-il.

«L’annonce de la possible fermeture de notre dépanneur a été l’élément déclencheur pour nous», révèle la bénévole Madeleine Jutras.

Ainsi, l’arrière-boutique a été aménagée de façon à faire la préparation de la nourriture et divers équipements ont été achetés. Dernièrement, 20 000$ ont même été octroyés par le biais du Pacte rural au comité de gestion du dépanneur pour procéder à l’amélioration des lieux.

Actuellement, près d’une trentaine de personnes travaillent bénévolement au fonctionnement du dépanneur et à la préparation de plats maison. Deux salariés s’ajoutent au nombre, et ce, 40 heures par semaine en plus de 11 heures de bénévolat au dépanneur.

Éventuellement, le maire n’exclut pas la possibilité que le commerce soit pris en charge par un entrepreneur.

Le P’tit café du village

En plus d’avoir contribué à maintenir le dépanneur ouvert et d’offrir dorénavant des mets préparés, les bénévoles ouvrent les portes à chaque jeudi pour accueillir des clients à leur «P’tit café du village».

Signe que la mobilisation est profonde au sein de la communauté d’Aston-Jonction, le nom de l’endroit a été trouvé à même un concours organisé au sein de la localité. On ne peut pas se tromper lorsqu’on pose les pieds au P’tit café du village d’Aston-Jonction. C’est dans une ambiance chaleureuse que les clients peuvent profiter d’un excellent repas. Des tables sont disposées pour que 24 personnes à la fois puissent profiter de ces bons petits plats faits maison. De plus, le coût est plus qu’abordable puisque les clients n’ont seulement qu’à débourser huit dollars pour y prendre leur repas.

«Ce que l’on remarque, c’est que la clientèle comprend des gens qui ne sortaient pas de chez eux auparavant. Il est en train de se créer une véritable vie sociale ici», soutient le maire d’Aston Jonction, Pierre Gaudet.

«Ça fait quatre mois que ça fonctionne et ça va très bien. À chaque semaine nous avons un ou deux nouveaux visages», lance Diane Houde, bénévole de la première heure.

«Les pâtés et les tartes ont fait fureurs pendant les Fêtes, nous en avons vendu 700», raconte Madeleine Jutras, une des instigatrices du projet.

Depuis l’ouverture, pas moins de 250 repas ont été servis à raison d’un dîner par semaine alors que 837 pâtés et tartes ont été faits et vendus au dépanneur pendant la même période.

Un lieu de fraternisation

Contrairement au repas le café, lui, peut être pris tous les jours de la semaine à cet endroit.

«Le but premier était de rassembler les gens pour qu’ils aient une place afin de fraterniser. Par ailleurs, la communauté s’est beaucoup impliquée en fournissant le matériel nécessaire à la confection des repas ou en nous donnant des couverts. Les gens ont bien répondu», fait savoir Mme Houde.

Petit à petit, le P’tit café du village devient un des incontournables d’Aston-Jonction. On pourrait même le comparer à un perron d’église ou tous potins du village se transmettent de bouche à oreille.

«C’est en plein ça! C’est un lieu de rassemblement, mais en un peu moins froid. Au départ, j’avais mis des chiffres sur l’achalandage, mais je me suis bien trompée. Pour quatre mois d’exploitation, c’est extraordinaire», soutient Mme Jutras en riant.

Des clients fidèles

La popularité de la place ne dérougit pas, certains adeptes y reviennent à chaque semaine. C’est notamment le cas de l’entrepreneur local René Blais.

«Je viens ici avec mes employés. On se déplace toujours quelques-uns pour faire un peu de social. Nous sommes un petit milieu alors c’est le fun de participer quand il y a quelque chose. C’est une belle réussite», communique-t-il.

«On vient manger pour se tenir au courant des potins du village. C’est très familial comme ambiance. Quand tu arrives ici, tu ne dis pas bonjour à une seule personne, mais à toute la table comme chez papa et maman», déclare Jean-Philippe «Coco» Lamothe.

À noter que depuis février, les bénévoles ont aussi mis sur pied des samedis thématiques. Pour la semaine de relâche, samedi dernier, elles ont entrepris de concocter un repas pour les étudiants. Le restaurant le Madrid s’est même associé au projet en fournissant quelques denrées.

* Texte écrit en collaboration avec Martin Sylvestre