par Caroline Lepage La Société d’aide et d’information aux victimes de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a vu le jour, il y a environ trois ans, dans les Laurentides et à Laval. Une de ses cellules vient d’émerger à Drummondville. Son but est à la fois de devenir un phare et une tribune pour les abusés. Avant tout, cet organisme humanitaire veut soutenir les enfants et les parents qui estiment subir des abus de la DPJ, mais aussi les travailleurs qui y oeuvrent. Ils regroupent à la fois des membres actifs et d’autres sympathisants. Les premiers ont éprouvé des problèmes avec la DPJ, contrairement à la deuxième catégorie, qui regroupe des gens de toutes provenances étant prêts à aider. Au dire de la coordonnatrice, Claudette Deblois, la Société compte actuellement plus d’une centaine de membres. Tous veulent encourager et soutenir les changements aux différentes dispositions qui amènent ces abus et les dénoncer. Concrètement, l’organisation veut permettre aux familles d’être accompagnées en tout temps par des personnes de leur choix qui pourraient parler à leur place, si nécessaire. Elle prévoit aussi publier un recueil de témoignages de personnes s’étant senties lésées par le système. Il s’agit de courtes histoires, d’une à quatre pages, permettant aux victimes de briser le silence et de raconter leur histoire publiquement. Tous les témoignages ainsi que les lettres reçus seront traités avec confidentialité et ne pourront être donnés ou publiés sans consentement, assurent les responsables. Une cellule drummondvilloise C’est en Beauce, alors qu’elle assistait l’an dernier au Festival gospel que la Drummondvilloise Annie Berthelot a été mise au fait de l’existence de la Société d’aide et d’information aux victimes de la DPJ. «Il y avait une table d’informations sur place», a-t-elle noté. Mère d’un fils de 10 ans qui est placé depuis l’âge de 5 ans, elle s’est battue pendant quatre ans pour ravoir sa garde. Des familles d’accueil, il en a connu cinq. Ce qui la rassure, c’est que celle où il vit présentement serait digne de confiance. Elle s’est donc sentie interpellée par la mission de cette Société qu’elle a décidé de joindre, avec son conjoint, qui n’est toutefois pas le père de son fils. Ensemble, ils ont décidé de s’impliquer pour la création d’une cellule drummondvilloise de l’organisation. Les deux en sont devenus porte-paroles, acceptant de s’afficher publiquement. «Nous voulons montrer l’exemple à savoir que la peur et la honte n’ont pas leur place dans ce combat», a-t-elle fait savoir, après réflexion. Cette femme a conservé quelques droits parentaux sur son garçon, mais ses contacts sont extrêmement rares. «J’ai voulu le voir quand il a eu 10 ans, mais je n’ai pas pu», a-t-elle exprimé. Sachant que sa cause est perdue d’avance devant les tribunaux, elle veut prendre part à l’éventuel recours collectif de la Société, bien qu’elle n’en fasse pas un cas personnel. Elle tient plutôt à aider les parents et les enfants qui traverseraient la même épreuve. «Ils pensent sûrement qu’ils sont seuls à vivre cette injustice», a-t-elle avancé. Elle est d’avis que les abus de pouvoir doivent cesser. «Il y en a trop. C’est toute une génération d’orphelins de la DPJ qu’on voit arriver», a-t-elle soutenu. Mme Berthelot rédige actuellement un livre autobiographique, intitulé «Cher fils», qu’elle compte publier éventuellement. Le tout racontera ses démêlées éprouvants avec la DPJ et le système de justice. «Il faut garder espoir pour que justice soit faite», a finalement laissé tomber la principale intéressée. Quatre revendications Soulignons que la Société émet quatre revendications. Elle demande qu’une enquête publique soit menée sur les agissements de la DPJ et ceux qui y oeuvrent. Ensuite, elle réclame la présence d’un ombudsman qui agira comme personne indépendante chargée d’examiner les plaintes contre la DPJ. Elle veut aussi l’abolition de l’adoption plénière des enfants sous la tutelle du système de la Protection de la Jeunesse ou de tout autre organisme. Finalement, elle revendique l’interdiction des placements à long terme au détriment des enfants, des grands-parents et de la famille élargie. Pour en savoir davantage, il est possible de rejoindre les porte-paroles drummondvillois, au courriel saivdpjdrummond@gmail.com. Pour communiquer avec la coordonnatrice provinciale, il suffit de composer le 819 326-3096. Venant juste d’être informé de l’existence de cette Société, le Centre jeunesse de la Mauricie et du Centre-du-Québec a préféré n’émettre aucun commentaire sur le sujet.