CH: Michel Therrien tient solidement la barre

Dans le présent début de saison du Canadien, l’accent a été mis avec justesse sur le travail de Carey Price. Le CH renverse presque tout sur son passage, à part les Blue Jackets et les Blackhawks. La tenue de l’équipe est exceptionnelle, l’édition actuelle du CH réécrit le vieux livre des records. Inattendu? Peut-être pas.

L’équipe a tellement souffert l’an dernier de l’absence de son joueur-clé, qu’en sa présence, il fallait bien se douter que les résultats seraient au rendez-vous.

L’entraîneur Michel Therrien reçoit-il le crédit qu’il mérite pour les succès de l’équipe? La question est entière, car dans le hockey d’aujourd’hui, les coachs ont compris qu’il vaut mieux laisser le plancher de danse aux joueurs et faire en sorte que le crédit de la victoire leur revienne avant tout.

Même s’ils ont encore des personnalités très fortes, à l’instar de leurs ancêtres Toe Blake, Scotty Bowman ou même Pat Burns, les entraîneurs d’aujourd’hui doivent tourner les réflecteurs vers les joueurs en situation de succès. À l’inverse, lorsque les insuccès arrivent, l’attention se tourne tout de suite vers eux. Quel métier ingrat!

Ils peuvent sourire de satisfaction après une victoire, une décision importante conduisant aux succès de l’équipe, mais c’est préférable de le faire dans le bureau, la porte fermée. Que voulez-vous, c’est comme ça aujourd’hui.

Depuis le début de la saison, Michel Therrien a travaillé sur une forme de continuité. Intégrant de nouveaux joueurs qui ont pris beaucoup de place dans le vestiaire de l’équipe, l’entraîneur a pu prendre un pas de recul. L’embauche de Kirk Muller a amené un côté différent à l’approche préconisée par Michel Therrien.

C’est connu de tous dans le milieu, Muller est un personnage séduisant qui est aimé et apprécié des joueurs. Il offre ainsi à Therrien une facette différente à ses joueurs sans qu’il y ait de réels changements dans la façon avec laquelle Therrien s’y prend pour diriger l’équipe.

Lors d’une journée spéciale à la fin du camp d’entraînement, le département des communications du CH a décidé de permettre aux journalistes de pouvoir faire des entrevues avec les cinq adjoints entourant Michel Therrien. Stéphane Waite, Clément Jodoin, Kirk Muller, Jean-Jacques Daigneault et Daniel Lacroix ont tour à tour goûté à la médecine à laquelle Therrien est soumis quotidiennement; les fameuses mêlées de presse avec micros et caméras et un bombardement de questions en règle.

La journée était sympathique et la saison n’avait pas encore commencé. La journée s’est passée dans une atmosphère détendue, loin des controverses et sans aucune vibration négative apportée par la défaite ou des décisions lourdes à porter. Même après une journée comme celle-là, qui pouvait ressembler à première vue à une marche de santé pour nos interlocuteurs, les adjoints ont réalisé dans quel bain se trouve l’entraîneur-chef du Canadien.

Des recherches très sérieuses effectuées par la firme Influence Communication nous permettent de déterminer clairement le poids médiatique des déclarations de Therrien. Croyez-moi, si vous ne le saviez pas encore, vous voyez, lisez et entendez Michel Therrien aussi souvent que Philippe Couillard ou Justin Trudeau. Eh oui, c’est comme ça au Québec, la passion est telle que la place prise par les propos de l’entraîneur du CH est parfois plus importante que nos grands décideurs publics.

Même si Therrien a parfois, quoiqu’il ait considérablement amélioré cette facette de communicateur public,  un peu de difficulté à faire passer le message, il s’en sort très bien. Les résultats sur la glace étant très positifs, l’entraîneur du Canadien a pu tourner la page sur quelques nuages sombres qui ont plané au-dessus de sa tête à la fin de l’été.

La controverse concernant ses soi-disant propos envers Max Pacioretty, son capitaine, ou la fin de la dernière saison difficile, tout ça est passé avec le vent. Certes, Carey Price en est pour quelque chose, mais Michel Therrien, bien entouré, a su faire en sorte une fois de plus que son équipe ait un bon début de saison. Les statistiques le prouvent encore une fois, ses équipes ont toujours eu de bons débuts de saison.

Dès le début de camp d’entraînement, l’entraîneur a établi certaines combinaisons qui amènent le succès. Parfois tranchant ou intransigeant envers certains joueurs ne fournissant pas le rendement, il faut reconnaître que Therrien a su être juste et a su convaincre ce groupe de joueurs de fonctionner à l’intérieur d’un système de jeu et d’une stratégie qu’il a mise en place avec le soutien de ses adjoints, même si Carey Price a eu un effet stabilisateur important lorsque l’équipe a eu des ratés.

L’an dernier, le vestiaire a manqué de force de caractère. Cette année, la présence de Carey Price, Shea Weber, Andrew Shaw et même celle du surprenant Alexander Radulov, ont fait en sorte que l’entraîneur a pu lâcher prise.

Même s’il garde encore un œil jaloux sur le respect des valeurs de son équipe, les joueurs ont maintenant la chambre en main. Le tsunami de 10 à 0 à Columbus a été étouffé dans le vestiaire, les joueurs ont su rebondir sans qu’il y ait de traces majeures laissées dans l’esprit de l’équipe. Un bon entraîneur expérimenté est aussi quelqu’un qui permet à ses joueurs de travailler ensemble.

Therrien est rendu là. Du jeune bouillant, émotif et parfois un peu malhabile qu’il était dans le passé, à son arrivée dans la Ligue nationale, il est devenu un entraîneur qui peut à la fois travailler à garder son équipe sur la voie du succès, tout en évoluant dans un marché des plus difficiles pour un coach d’équipe professionnelle.

L’équipe a beau être bonne, les joueurs ont beau être conscientisés et  focusés sur le positif et la victoire, si le capitaine dans le bateau échappe le gouvernail, le bateau sombrera. Michel Therrien a le gouvernail du Canadien bien en main.

L’adversité viendra, c’est clair. Les saisons du Canadien ne sont pas de longs fleuves tranquilles. D’abord, l’équipe profite depuis le début de saison d’un calendrier passablement favorable.

Les mois de décembre et de janvier, au cours desquels le CH devra laisser son domicile aux meilleurs juniors au monde, forceront la troupe de Therrien à remplir ses valises et voyager.

Après 14 ans passés près du Canadien, je peux vous dire que cette période, entre autres celle des Fêtes, a toujours été charnière. Ce moment de l’année où le CH choisit d’évoluer sur la route donne toujours le ton pour la fin de saison. C’est aussi après cette période, avec un calendrier plus achalandé et des déplacements plus importants, que les blessures surviennent. C’est aussi là que le bateau frappe parfois quelques tempêtes.

Après plusieurs années comme entraîneur-chef, Michel Therrien est au fait de tout ça. C’est lors de ces moments, qui viendront assurément, que l’on verra si l’entraîneur et les joueurs auront les coudes serrés et qu’ils pourront traverser les remous.

Le triste sort de David Desharnais…

Ce début de saison victorieux n’amène pas seulement de belles choses. C’est triste de voir que l’attaquant David Desharnais devient de moins en moins important aux succès de l’équipe.

Encore là, même si on ne remet pas en doute son courage, sa détermination et la résilience avec laquelle il a pu atteindre la LNH, il reste que les statistiques démontrent qu’il est en nette perte de vitesse.

En octobre, lorsque l’entraîneur l’a placé avec Max Pacioretty, celui-là même pour qui Desharnais a été un contributeur important au début de sa carrière avec le CH, nous disait : « C’est pas mal plus moi qui a besoin de Max Pacioretty que lui profite de jouer avec moi. »Et c’est vrai, David semble avoir perdu une fraction de seconde.

Un joueur de son gabarit, arrivé à 30 ans, doit assurément trouver une façon de se démarquer dans une ligue où les joueurs de 20 à 25 ans, costauds et rapides, font de plus en plus la loi. L’écart se creuse entre le courageux Desharnais, qui a tant payé le prix pour accéder à la Sainte-Flanelle, et cette génération de joueurs représentée par son coéquipier Alex Galchenyuk.

Il n’a pas perdu son sens du jeu et sa compréhension sur la glace, mais il a de la difficulté à suivre le tempo.

Il est de plus en plus perceptible que s’il n’y a pas une amélioration nette dans ses performances, les scénarios suivants seront inévitables : la séparation approche peut-être, à la fin de son contrat, de moins en moins utile aux succès de l’équipe, Desharnais devra encore sauver sa peau, ou forcer les dirigeants à Montréal, ou encore séduire les dirigeants d’autres équipes, afin de continuer de gagner sa vie dans la LNH.

Il est à la croisée des chemins. Nous souhaitons tous qu’il puisse s’en sortir, c’est un gars de chez nous qui a inspiré plusieurs jeunes et en inspirera d’autres.

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