«Ce n’est que la pointe de l’iceberg» – Denis Landry

AUTOCHTONES. Suite à la diffusion d’un reportage troublant de Radio-Canada sur les sévices subis par des femmes autochtones à Val-d’Or, dont des allégations visant huit policiers de la Sûreté du Québec, le milieu autochtone se mobilise et se fait entendre. Le Courrier Sud a obtenu les commentaires du chef de la communauté de Wôlinak, Denis Landry.

Selon lui, la situation qui fait surface à Val-d’Or concerne toutes les Premières Nations. «Ça fait 20 ans qu’on en parle à l’Assemblée des Premières Nations. Cette histoire d’agressions et d’abus sur les femmes autochtones, à Val-d’Or, ce n’est que la pointe de l’iceberg, estime M. Landry. C’est la situation qui a possiblement fait sauter le couvercle et c’est ce qui pousse le gouvernement à réagir.»

«On est satisfait que ça soit sorti au grand jour et que ces histoires horribles soient maintenant connues du grand public. Maintenant, pour connaître notre degré de satisfaction, il faudra attendre de voir quelle importance y accordera le gouvernement», ajoute-t-il.

Denis Landry salue le courage des femmes qui ont dénoncé et espère que les choses changent, au niveau national. «Il faut faire un consensus pour que ça arrête parce que c’est un fléau qui prend de l’ampleur, encore en 2015. Il y a des enquêtes à l’interne, mais ça prend plus que ça.»

En effet, les Premières Nations réclament des enquêtes publiques et indépendantes sur ces événements et, plus largement, sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. Denis Landry affirme qu’il faut maintenant donner la chance au coureur. «Trudeau vient d’arriver en poste et on va voir ce qu’il fera, mais nos attentes sont très grandes, notamment parce que de manière générale, on ressent une banalisation des événements», déplore le chef.

Problématiques selon les régions

M. Landry croit qu’il y a peut-être plus de problématiques dans les régions plus éloignées, où les villages sont plus restreints et les habitants parfois plus renfermés. Il explique même que Wôlinak ne fait pas exception, mais peut-être à un degré moindre.

Le chef se désole aussi de constater que «quand on est dans les communautés, les autorités nous traitent comme des autochtones, mais en-dehors des communautés, on nous demande de faire partie de la masse.»

Par contre, il juge que les policiers interviennent de mieux en mieux. À titre d’exemple, Denis Landry souligne qu’à Wôlinak, la situation a changé depuis que la communauté a pris en charge son service policier. «En ayant notre propre corps policier pour Wôlinak et Odanak, certaines situations ont vraiment changé puisque ces agents sont des autochtones embauchés par des autochtones. On leur demande d’abord d’exercer leur devoir de policier, puis de faire un devoir communautaire de prévention dans les communautés.»

Les effets des coupures

Aux dires de M. Landry, cela fait une quinzaine d’années que les communautés autochtones subissent des coupures gouvernementales. «Je dirais que c’est devenu pire avec l’arrivée de Harper, déclare-t-il. On nous demande toujours de faire plus avec moins, mais à un moment donné, on ne peut plus. On coupe dans les services à la communauté alors que c’est ce qui est le plus important dans les réserves autochtones. Ça crée un manque dans toutes les sphères de la communauté.»

Il rappelle par ailleurs qu’au-delà des histoires de sévices faites aux femmes autochtones, des agressions sexuelles, de la violence conjugale et des disparitions de celles-ci, il y a aussi toute une problématique quant aux agressions envers les enfants. «Enfin, pour la majorité des autochtones, l’intimidation, le racisme et toute autre forme de confrontation sont des enjeux bien présents, encore aujourd’hui», conclut le chef de Wôlinak.

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