Québec veut agrandir le parc industriel et portuaire de Bécancour

BÉCANCOUR. Le 6 décembre dernier, le gouvernement du Québec a déposé un projet de loi qui refaçonnera le Parc industriel et portuaire de Bécancour et sa gouvernance. Le but est de renforcer le développement et la mise en valeur des terrains industriels et de donner à la Société du Parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB) plus d’agilité pour répondre aux besoins croissants des entreprises et favoriser l’expansion du parc.

Ce projet de loi permettra en effet à la SPIPB d’investir dans l’acquisition de terrains industriels à Bécancour, en dehors du périmètre actuel du parc, et de participer au financement de certains projets d’infrastructures menés par un organisme public, toujours à Bécancour.

« La filière batterie et notre zone d’innovation attirent tellement d’entreprises qu’on a besoin de nouveaux terrains industriels pour développer tout le potentiel économique généré par la transition énergétique. On donne donc les leviers nécessaires à la SPIPB pour acquérir des terrains et financer des infrastructures en vue de réaliser des projets stratégiques et structurants pour le Québec », exprime Christine Fréchette, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et ministre responsable du Développement économique régional.

Afin de donner rapidement les moyens à la SPIPB de mettre en place des infrastructures requises pour le développement de la filière batterie, le gouvernement du Québec avait procédé, en juin 2023, à une première modification de la loi constitutive de la SPIPB, en lui permettant de disposer d’un fonds social de 500 millions de dollars.

Ce projet de loi est la suite logique de la démarche, puisqu’il prévoit d’autres modifications législatives. Une des mesures est d’inclure dans le territoire du parc industriel et portuaire de Bécancour le parc industriel LaPrade, que le gouvernement a acquis en juillet 2023. « Dès le départ, c’était le plan de modifier la loi sur la SPIPB pour inclure dans notre territoire celui du parc LaPrade », révèle Donald Olivier, PDG de la SPIPB.

« Actuellement, la SPIPB est mandataire pour le ministère de l’Économie pour opérer et développer le parc LaPrade, mais c’est trop limitatif et ça ne nous permet pas d’investir, par exemple, explique M. Olivier. De plus, la SPIPB peut uniquement faire des transactions immobilières à l’intérieur de son territoire. »

Donald Olivier rappelle que le parc industriel LaPrade a été fondé dans les années 70 dans le but de produire de l’eau lourde pour les réacteurs nucléaires. Toutefois, jamais une goutte d’eau lourde n’y a été produite. « Personne n’avait encore été en mesure de développer ce parc significativement jusqu’à ce jour », rappelle M. Olivier.

Le parc LaPrade est intéressant pour la SPIPB, car il est situé à proximité de ses terrains actuels, qu’il est déjà zoné industriel lourd, et que ses terrains sont de plus petit gabarit. « Tout dépendamment du plan final de cadastre qu’on ferait, on peut parler d’à peu près une quinzaine de terrains qui pourraient accueillir des projets industriels lourds plus modestes », mentionne le PDG. On pense notamment à des projets qui ne nécessitent pas tous les services offerts sur les terrains actuels de la SPIPB, comme le gaz et l’eau industrielle, mais qui n’ont besoin que des services de base, comme les routes, les égouts et l’aqueduc. « Ça nous permet de mettre le bon projet au bon endroit. »

Un essor considérable

Depuis 2018, le parc industriel et portuaire de Bécancour connaît un essor considérable en raison de l’expansion de la filière batterie dans la région. De grands acteurs de la filière s’y sont en effet établis et plusieurs chantiers et projets sont en cours.

Par exemple, Nemaska Lithium construit une usine de conversion d’hydroxyde de lithium et prévoit la création de 200 emplois. Ultium CAM et EcoPro CAM Canada, quant à eux, sont en train de construire deux usines de cathodes, créant respectivement 200 et 345 emplois. Matériaux avancés Mirea Canada développe une usine de broyage de particules de matériaux utilisés pour les batteries, ce qui entraînera la création de 78 emplois. Enfin, Air Liquide Canada met en place une plateforme innovante pour la production de gaz bas-carbone, offrant dix nouveaux postes.

Actuellement, jusqu’à 2 500 travailleurs contribuent aux chantiers de la filière batterie à Bécancour, illustrant l’ampleur de cette vague de développement, moussée par la Vallée de la transition énergétique, dont Bécancour est l’un des trois pôles avec Shawinigan et Trois-Rivières.

Un pilier

Le gouvernement du Québec s’est engagé à soutenir la filière batterie, qu’il perçoit comme le pilier de la transition énergétique de la province.

Une autre démonstration de son engagement est l’annonce du 18 novembre dernier, portant sur un projet de réaménagement portuaire visant à renforcer la capacité d’accueil et les infrastructures du parc industriel et portuaire de Bécancour.

Ce réaménagement inclut deux projets de grande envergure pour un total de près de 328 millions de dollars, afin de construire un nouveau quai et d’aménager de nouvelles infrastructures.