Pour des festivals sécuritaires: le CALACS La Passerelle innove

NICOLET-YAMASKA. Le CALACS La Passerelle veut prévenir les violences sexuelles dans les festivals du Centre-du-Québec, plus particulièrement ceux des MRC de Nicolet-Yamaska et Drummond, son territoire désigné. Pour ce faire, il a mis sur pied un protocole, des outils de prévention et des formations qu’il déploiera en 2025 dans tous les milieux festivaliers désireux d’agir dans la lutte contre des agressions à caractère sexuel.

Les balbutiements du projet datent de l’été 2023, alors que l’organisation du Festival de la poutine de Drummondville a contacté celle du CALACS pour lui offrir de tenir un kiosque lors de l’événement. Au fil des discussions, la mise en place de recommandations pour un aménagement plus sécuritaire et d’un protocole à suivre en cas de situation d’agression ou d’exploitation sexuelle a aussi été faite. La pertinence de ce partenariat a vite été démontrée, alors en 2024, il a été répété. La documentation a été bonifiée, tout comme le protocole. Un volet de formation a aussi été ajouté aux soins du personnel et des bénévoles.

D’autres événements, comme le Festival du Cochon de Sainte-Perpétue, ont eu vent de l’initiative et ont contacté le CALACS pour en savoir plus sur la formule. Étant donné l’engouement suscité, le CALACS a décidé de faire une demande de financement pour l’aider à améliorer encore ce nouveau service et pour le déployer à plus grande échelle. Sa demande a reçu une réponse positive du ministère de la Santé et des Services sociaux, qui lui a octroyé l’automne dernier une subvention d’un peu plus de 163 000 $ dans le cadre de l’appel de projets Pour une bonification de la réponse aux besoins des victimes et des auteurs de violence sexuelle et conjugale.

Cela permettra au CALACS de rayonner dans plusieurs festivals, notamment par la création d’un sceau officiel, Sécurifest, qui témoignera de l’engagement de ses détenteurs à offrir un événement sécuritaire par des actions et de la formation de qualité, « approuvées » par le CALACS.

« Notre vision, c’est de rendre les milieux festivaliers plus sécuritaires au niveau des agressions à caractère sexuel et de l’exploitation sexuelle. C’est le protocole et la formation qu’on veut principalement mettre de l’avant, explique Florence Vigneux, coordonnatrice clinique au CALACS La Passerelle. C’est une formation de quelques heures qui parle, entre autres, des signes à observer et des actions à poser, notamment pour sécuriser le plus possible. »

Le partenariat avec le CALACS peut aller plus loin si l’événement le souhaite. Par exemple, il peut autoriser l’organisme à implanter un kiosque informatif sur son site et à y faire de l’intervention par ses professionnels au besoin. « C’est une option qu’on leur offre », mentionne Mme Vigneux.

Tous les festivals des deux MRC desservies ont été contactés et ont semblé intéressés par la formule, qui leur est proposée gratuitement. Au moment d’écrire ces lignes, rien n’est encore signé officiellement mais les démarches suivent leur cours.

« C’est une initiative gagnante pour tout le monde », croit Mme Vigneux. « Ce que ça demande pour le festival, c’est de faire former son personnel. En retour, on souhaite simplement qu’il affiche le logo Sécurifest sur le site de l’événement ainsi que sur ses plateformes pour le faire voir le plus possible. Aussi, on demeure disposé à intervenir après l’événement au besoin, si jamais il y a des choses qui ressortent après coup. On peut prendre la relève de certains dossiers avec nos intervenantes. »

Le CALACS La Passerelle n’exclut pas la possibilité de déployer cette certification à plus grande échelle à partir de 2026. « Ce qu’on voudrait, c’est que le logo Sécurifest soit propagé partout au Québec. Puis, que ce projet-là devienne un projet clé en main pour que d’autres CALACS ou même d’autres organismes de la province l’implantent, et même le développent. Parce qu’on pense que tout passe par la prévention et la sensibilisation… »

Plus sur les outils disponibles

Le protocole proposé aux festivals est document produit à l’interne, par l’équipe du CALACS, pour expliquer ce que sont les agressions sexuelles et l’exploitation sexuelle, plus spécifiquement en milieu festivalier. Il propose aussi des pistes d’intervention qui mettent à profit tous les acteurs présents sur le site, comme les premiers soins et la sécurité. « On mise vraiment sur la cohésion d’équipe et le partenariat », explique Mme Vigneux.

Des recommandations sont aussi formulées pour aider à décourager les agresseurs potentiels, comme s’assurer d’un éclairage suffisant partout sur le site.

En ce qui concerne la formation, elle aide à comprendre ce qu’est une agression à caractère sexuel, plus d’aider à détecter les signes à regarder et le moment où il faut prendre action ou pas.

« Il y en a plusieurs types et c’est vraiment insidieux », souligne Florence Vigneux. « C’est facile (d’agresser), dans un festival. Surtout le soir, pendant les spectacles, il fait noir et c’est bondé de monde. C’est important de garder l’œil ouvert. »