Pinard, une entreprise florissante

SAINTE-MONIQUE.  Il y a de l’action dans l’entreprise Pinard de Sainte-Monique! En plus d’ajouter un nouveau volet à sa gamme de services, 2025 marque un tournant avec l’arrivée d’un tout nouvel actionnaire dans l’entreprise.

Le nouvel actionnaire est loin d’être un inconnu de l’entreprise, mais est plutôt déjà un membre de la famille. Gabriel Chênevert, dont le nom semble prédestiné à cette carrière chez Pinard, est entré pour une première fois en tant qu’employé à l’adolescence, occasion qui s’est présentée alors que la mère de ce dernier était déjà une fidèle employée de l’entreprise de Sainte-Monique. Après avoir travaillé comme mécanicien automobile, charpentier-menuisier et ébéniste, Gabriel était à la recherche d’un métier qui le rendrait vraiment heureux. C’est comme ça qu’il a été engagé pour faire de l’aménagement paysager. « Ben et moi, ça a cliqué tout de suite », révèle Gabriel, en faisant référence à leurs façons de faire, à leur vision et à leurs valeurs.

Gabriel Chênevert, nouvel actionnaire chez Pinard. Photo: Stéphanie Paradis

Alors submergé par le travail à la suite du départ de l’entreprise de ses deux frères, Benoit Pinard délègue de plus en plus le volet de l’aménagement paysager à Gabriel. « J’ai commencé à m’impliquer plus, mais à ce moment, je ne me serais jamais douté qu’un jour, je deviendrais actionnaire! », lance Gabriel. Avec la confiance solidement établie entre Gabriel et Benoit, les responsabilités se sont additionnées pour Gabriel qui, rapidement, a jonglé d’une main de maitre avec elles. « Quand on me donne des projets, je m’arrange pour que ça fonctionne », dit-il. Le partenariat s’est ainsi créé et l’idée de l’actionnariat est venue sur la table comme une évidence. « Je le voyais que le gars avait du potentiel », renchérit Benoit qui n’hésite pas à lancer des fleurs à son nouvel associé.

Toutefois, Gabriel savait qu’il serait un jour entrepreneur. Quelques occasions s’étaient présentées à lui par le passé dans d’autres domaines, mais il n’avait pas senti l’appel. C’est chez Pinard qu’il se sent à sa place, une famille qui travaille dans le plaisir.

Les souhaits du nouvel associé sont de poursuivre dans l’innovation, comme Pinard l’a déjà fait avec les pavés perméables, tout en misant sur le plus important, soit la satisfaction du client, peu importe la grosseur du contrat, et l’accompagnement de A à Z durant le projet. « On reçoit des lettres dans lesquelles les clients nous disent qu’ils ont apprécié notre travail et l’esprit de l’équipe. Ça, ça donne un sens à ma vie, assure Benoit Pinard. Et Gabriel, c’est le prolongement de ma philosophie de business. »

La beauté des fleurs séchées

Pinard se tourne vers l’avenir avec un nouveau projet de fleurs séchées, accompagné du lancement d’une boutique en ligne et de points de vente sélectionnés, visant ainsi un marché à grande échelle. Le séchoir a été construit l’an dernier, et en décembre, après plusieurs essaies et erreurs, Pinard a testé le marché durant les trois fins de semaine d’activité du Marché Godefroy. « Ça a très bien répondu!, lance Benoit Pinard. Plusieurs personnes nous ont même avoué s’être déplacées au marché rien que pour nous! »

À l’été 2023, les deux propriétaires, Benoit Pinard et sa conjointe Cynthia Gagné, se sont rendus en France pour approfondir leurs connaissances sur la conservation des fleurs, dans le but de créer un produit d’une beauté raffinée aux couleurs éclatantes, bien différent de ce que l’on retrouve généralement sur le marché, souvent constitué d’importations. « Les gens ont souvent en tête que les fleurs séchées, c’est gris, c’est brun et c’est terne. Avec notre produit, les gens sont épatés de constater la vivacité de nos couleurs! »

En France, ils ont visité des artisans ayant plusieurs décennies d’expérience dans le domaine. Après avoir visité les cinq artisans ciblés, Benoit et Cynthia ont compris l’importance de la manière dont doit être faite la récolte, du moment de la récolte ainsi que des variétés de fleurs sélectionnées. « Je croyais que le secret était dans la manière de faire sécher les fleurs. C’est un art, la fleur séchée, et chaque variété a sa particularité. » On retrouve en ce moment une quarantaine de variétés chez Pinard.

Un des avantages notables de la fleur séchée, c’est qu’elle résiste bien au transport, contrairement à la fleur annuelle. Il s’agit aussi d’un choix écologique, car la production des fleurs qui seront séchées ne nécessite pas de chauffage lors de la saison hivernale, de terreau artificiel, de contenants de plastiques ou encore de pesticides, car en cas de présence de pucerons sur la plante, ils mourront lors de l’étape du séchage. « L’idée des fleurs séchées m’est apparue tout naturellement être un produit qui donnait une deuxième vie aux fleurs. »

La production de fleurs séchées s’intègre aussi très bien dans cycle de travail déjà bien chargé chez Pinard, car elle ne s’entrecoupe pas avec la production des fleurs annuelles. « Quand la production annuelle est terminée, on part la production de fleurs séchées. Ça nous permet de réutiliser nos infrastructures et d’offrir du travail à nos employés plus longtemps dans la saison », révèle Benoit Pinard.

« On ne sait pas où ce projet va nous mener, mais on ne veut pas d’une entreprise statique. On veut constamment se réinventer », insiste Benoit, peut enclin à se reposer sur ses lauriers.

La petite histoire de Pinard

Pinard et frères, qui s’appellera désormais Pinard, souligne ses 50 ans de services cette année. Au départ, le créneau de l’entreprise était tout autre. Jérôme Pinard, le grand-père de Benoit, avait une ferme laitière qu’il a éventuellement transformée en ferme maraichère. De fil en aiguille, la production horticole et la production de fleurs annuelles se sont ajoutées à la production maraichère lorsque Jérôme a vendu l’entreprise à trois de ses fils en 1975.

Si le marché maraicher diminuait, c’était pour faire davantage de place au marché horticole. Lorsque Benoit Pinard et l’un de ses frères ont racheté des parts de l’entreprise, au début des années 2000, l’horticulture s’est imposée et un nouveau créneau a fait son entrée : l’aménagement paysager.

« J’ai étudié à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec en aménagement paysager », explique Benoit Pinard. En 2008, un troisième frère fait son arrivée, Julien, qui couvre le domaine de la comptabilité, alors que Gabriel Pinard, déjà présent dans l’entreprise, couvre plutôt le domaine du marketing.

Entre 2018 et 2020, Gabriel et Julien ont quitté l’entreprise pour de nouveaux défis. Ainsi, à l’âge de 39 ans, Benoit Pinard a fait son « coming-out » entrepreneurial. « J’avais la fibre entrepreneuriale en moi, mais je n’avais pas eu l’occasion avant de développer son potentiel », mentionne-t-il. Ses compétences ont été mises à rude épreuve à cette époque pandémique, alors que le domaine de l’aménagement paysager était en vogue. « Les gens en voulaient des fleurs. C’était fou! », se rappelle-t-il. L’arrivée de Gabriel Chênevert a été ainsi une vraie bénédiction.