Manger local toute l’année : le pari des Jardins de givre
SAINTE-MONIQUE. « Je veux faire partie de la solution ». Cette phrase, c’est le moteur de Valérie Francoeur. Depuis la pandémie, c’est ce qui a orienté ses choix de vie et qui l’a incitée à démarrer, avec son conjoint Mathieu Deschênes, les Jardins de givre.
Cette fermette entame ses activités à Sainte-Monique en 2025, dans les installations de l’ancienne ferme La Gauloise. Bien à l’abri du froid, les premières pousses viennent tout juste de pointer leur bout du nez. Elles rendent enfin concret le projet, qui vise à offrir une cinquantaine de paniers de légumes biologiques par semaine à autant d’abonnés de la mi-mai à la mi-octobre. Si tout va comme prévu, après trois étés, le couple ajoutera à son offre des paniers d’hiver.
Une reconversion mûrement réfléchie
Valérie Francoeur rêve de cette nouvelle vie depuis quatre ans. Pour en faire une réalité, elle a quitté son emploi de technicienne en transport scolaire au Centre de services scolaire des Bois-Francs pour se former en gestion d’entreprise agricole, production légumière biologique.
En parallèle, son conjoint et elle se sont mis à la recherche d’une terre qui pourrait accueillir leur projet; un long processus qui a abouti il y a quelques mois à peine, avec un brin de chance et grâce à des contacts interposés.
« On est chanceux: on a trouvé l’endroit au moment où je finissais mon DEC », raconte Valérie, qui est originaire de Victoriaville. « On est installés ici depuis novembre. On tenait à rester dans le Centre-du-Québec pour demeurer proches de la famille et des amis. Mon conjoint voulait également garder son emploi à Princeville. »
Le couple ne pouvait pas rêver mieux puisque son projet ressemblait déjà, sur papier, à celui des anciens propriétaires de La Gauloise, qui préparaient des paniers de légumes diversifiés. « Au départ, mon projet devait être plus petit. Mais on bénéficie ici d’installations qui nous facilitent la chose, dont trois serres, des chambres froides et tout le nécessaire pour le conditionnement des légumes et le montage des paniers. C’est vraiment parfait pour commencer. »
Grâce à ces installations, Valérie et son conjoint pourront concentrer toute leur énergie dans la production dès la première année. Le couple prévoit cultiver une trentaine de légumes se déclinant en 70 cultivars. « On commence avec des valeurs sûres pour apprivoiser le maraîchage et la gestion d’une entreprise », exprime Valérie, qui formera progressivement son conjoint.
Les légumes seront cultivés de façon biologique, comme le faisaient les anciens propriétaires de La Gauloise. La ferme devrait recevoir sa certification de Québec Vrai ce printemps. « C’était très important pour nous de faire ces démarches, même si cela implique une charge administrative supplémentaire. On ne veut pas du tout travailler avec des engrais de synthèse », indique Valérie, qui prône des pratiques écoresponsables.
Un projet bien ficelé
Pour sa première année d’activités, les Jardins de givre proposera ses paniers sur 22 semaines, en trois formats différents: petit (6 à 8 légumes), moyen (8 à 10 légumes) et grand (10 à 12 légumes). Les livraisons auront lieu à la ferme les mardis et au Galoto de Nicolet les mercredis. En complément, les propriétaires envisagent de proposer un mini-marché pour vendre leurs surplus de légumes pendant les distributions.
Pour faciliter la logistique, le couple prévoit l’achat d’un véhicule de livraison, financé en partie par un prêt sans intérêt de 10 000$ du Fonds d’investissement agroalimentaire Nicolet-Yamaska (FIANY).
Les abonnements pourront être réservés via le site web jardinsdegivre.ca dans les jours à venir. Ils fonctionneront selon le principe du premier arrivé, premier servi.
« Nous espérons que tous nos paniers seront réservés d’ici mars, mais nous prendrons des inscriptions jusqu’à la première distribution si nécessaire. »
Un lien privilégié avec les clients
Valérie, qui a elle-même été abonnée à ce genre de paniers auparavant, a hâte d’établir une relation de proximité avec ses futurs clients. « J’ai beaucoup aimé l’expérience d’abonnée. Ça m’a permis de découvrir des légumes que je ne connaissais pas, et d’apprendre à les cuisiner grâce aux conseils du producteur », raconte-t-elle. C’est ce genre de lien qu’elle souhaite développer avec sa clientèle.
Manger local toute l’année: un objectif réaliste
Valérie Francoeur et Mathieu Deschênes sont confiants de pouvoir offrir des paniers d’hiver à partir de 2027. C’est un volet qu’ils chérissent particulièrement et qui a inspiré le nom de leur entreprise. « Je suis convaincue qu’il est possible de manger local au Québec toute l’année et que ça soit tout aussi savoureux, même en janvier. C’est avant tout une question de choix », explique Valérie. « Je trouve que manger des fruits et des légumes de saison permet de les apprécier davantage. Ça les rend aussi plus spéciaux. »
Plein d’options locales sont possibles même l’hiver, ajoute-t-elle. « Il faut être curieux. Il faut fouiller. Il y a des trucs qui peuvent fonctionner en serre avec un chauffage minimal. C’est ce qu’on veut développer. »
Le couple prévoit déjà investir pour augmenter la capacité de stockage et, bien sûr, rendre les installations fonctionnelles quatre saisons.
Enfin, c’est avec optimisme et détermination qu’il plonge tête première dans cette nouvelle vie: « Il nous reste juste à être bons, à faire pousser des légumes et à trouver des gens pour les manger! ».