La Mouche et Vukovic: l’art de réinventer les enquêtes immersives

BÉCANCOUR. Les jeux immersifs, les enquêtes, passionnent depuis longtemps Frédéric Roy. Ce Bécancourois d’adoption à l’imagination débordante prend plaisir à partager et à entretenir sa passion à travers des scénarios de son cru, épaulé par sa bonne amie d’enfance et artiste Gayaneh Abdalian, qu’il considère comme sa sœur.

« Elle et moi, on adore créer des jeux immersifs! On fait ça depuis qu’on est jeunes », raconte celui qui est habité par le plaisir de jouer.

Les soirées « Meurtre et Mystère » et tout ce qui se rapproche des jeux de rôle, c’est leur tasse de thé! Ils ne demandent d’ailleurs qu’à partager leur plaisir avec autrui. C’est pourquoi ils ont mis sur pied, il y a quelque temps déjà, le projet « La Mouche et Vukovic », en référence au surnom artistique de Gayaneh et au deuxième nom de famille de Frédéric.

Dynamiser les musées

Leur projet prend de la vitesse et gagne en croissance depuis une première incursion en milieu muséal, il y a quelques mois. « Ce projet vient du fait qu’avec le temps, on a développé un bon réseau dans le milieu culturel. On a eu le goût de mettre ce plaisir-là, cette façon de se divertir-là, au service des musées pour les faire connaître, attirer des gens et les dynamiser avec des activités qui sortent du cadre établi. »

Pour l’occasion, « La Mouche et Vukovic » a conçu Le secret de Blanche Garneau, dont le scénario s’inspire d’un meurtre irrésolu survenu en 1920 à Québec. « Il s’agit d’un jeu d’enquête immersive qui mélange jeu de rôle, jeu de société et jeu d’évasion. L’idée, c’est que pendant trois heures, les gens sont les suspects d’un crime. Ensemble, ils doivent résoudre celui-ci à travers une mécanique de jeu qui rappelle le jeu de société. C’est une formule très captivante et dynamique », décrit Frédéric Roy.

Cette formule est idéale pour tous, y compris ceux qui se sentent intimidés de devoir incarner un personnage. « C’est un jeu d’équipe, alors c’est très sécurisant », rassure M. Roy, qui a présenté Le secret de Blanche Garneau autant à Québec qu’à Montréal et Bécancour.

Un autre scénario a été lancé cet automne, vers l’Halloween: « Thé, meurtre et momie », qui est aussi jeu d’enquête. « On reste dans le même univers que celui de Blanche Garneau. Les gens ont beaucoup aimé le mélange des années 1920 avec l’ésotérisme et le true crime », souligne Frédéric Roy.

« Thé, meurtre et momie » a été présenté au Moulin Michel de Gentilly et à Québec. Montréal et Sherbrooke sont les prochaines destinations après les fêtes, avant de revenir au Moulin Michel en mars. « Notre communauté grandit, se réjouit Frédéric Roy. Ce qui est chouette, c’est d’accueillir des gens pour qui c’est une première expérience. Ils arrivent avec un peu d’inquiétude, un petit tract, puis repartent avec des étoiles dans les yeux. »

Tout le monde mène l’enquête!

« La Mouche et Vukovic » a aussi plein d’autres formules dans sa manche… et dans sa tête! Par exemple, un jeu d’enquête familial est proposé aux institutions qui souhaitent offrir une expérience nouvelle et originale à leurs clientèles. La Maison et atelier Rodolphe-Duguay de Nicolet l’a offerte à ses visiteurs tout récemment.

« Cette fois-ci, les gens ne sont pas les suspects. Ils font juste mener l’enquête », explique Frédéric Roy. « Ils se présentent au musée et on leur apprend qu’il y a eu un vol. Ils sont alors mandatés par la direction d’interroger les quatre suspects. Ils ont une série de questions à poser, de laquelle ils peuvent déroger à leur guise, et passent en entrevue chacun des suspects, personnifiés par des comédiens. Les gens prennent des notes et après avoir vu les quatre suspects, ils rencontrent un policier et tentent d’identifier le coupable. C’est une autre façon d’animer des lieux culturels et de profiter du décor. »

Plus encore

Des scénarios sont aussi destinés à des groupes privés, que ce soit pour des anniversaires, des réunions de famille, des partys de bureau, etc. « Notre mission est de faire connaître le jeu de rôle et le jeu d’enquête à un plus grand nombre. Mais c’est aussi, et surtout, de cultiver le plaisir de jouer à tout âge. »

C’est dans cette veine que « La Mouche et Vukovic » vient tout juste de lancer un nouveau produit destiné tant aux aînés demeurant en résidence qu’aux groupes scolaires: « L’auberge gaspésienne ». Il s’agit d’une activité de lecture et d’enquête lors de laquelle les participants sont mis en contact, par le biais de correspondances, avec les huit suspects d’une affaire de meurtre en Gaspésie, en 1951.

« Le jeu a été testé deux fois en résidence, avec succès. On l’a aussi testé en école. Chaque jour, pendant une semaine, les participants (seuls ou en équipes) reçoivent une lettre d’un même suspect. Avec l’information contenue dans la lettre, ils doivent débattre leur point de vue sur le crime avec les autres participants afin de reconstituer le puzzle, tout le monde ensemble. »

Le jeu a été mis en vente sur le site de « La Mouche et Vukovic » à la fin de novembre. « On vise haut pour ce produit, qui a le potentiel de donner ou redonner le goût de la lecture aux jeunes et aux moins jeunes », exprime Frédéric Roy. « C’est simple à utiliser: il suffit de l’acheter, de le télécharger et de suivre les étapes du guide de l’utilisateur. »

D’autres projets

Pour avoir un plus grand rayonnement, « La Mouche et Vukovic » envisage de s’allier éventuellement avec une boîte de jeux d’évasion. Cela lui permettrait de rejoindre une clientèle de passionnés à la recherche de nouvelles expériences.

Frédéric Roy aimerait également explorer un nouveau volet inspiré du théâtre de guérison. Il voudrait développer une formule de jeu qui amènerait les gens à se plonger dans des thématiques soit choquantes, soit éducatives, soit révélatrices sur eux-mêmes, en étant confronté à des choix et à leurs conséquences (« Un peu comme un jeu dont vous êtes le héros »), ou encore à vivre les enjeux d’un rôle social qu’ils ne joueront jamais.

« L’idée, c’est de proposer des expériences immersives qui, tout en étant ludiques, permettent aux participants de réfléchir et de se sensibiliser à des enjeux sociaux et humains. Un jeu de rôle peut devenir un véritable outil de conscientisation », fait valoir M. Roy, pour qui le jeu est bien plus qu’un divertissement, mais bien un moyen de connecter les gens, de stimuler leur imagination et de vivre des expériences inoubliables.