Le Publisac s’en va, vos journaux locaux restent

PRESSE HEBDOMADAIRE. L’arrêt des activités du Publisac, prévu en avril 2024, créera assurément un bouleversement, mais il annonce aussi le début d’une nouvelle ère dans les modes de distribution privilégiés par la compagnie Icimédias.

Président de ce groupe de presse qui possède 23 journaux imprimés et web (dont Le Courrier Sud), Renel Bouchard n’a pas été surpris outre mesure de la décision de Transcontinental qui a confirmé, au cours des dernières heures, la fin de sa division Publisac d’ici le printemps prochain.

« On savait que ce moment allait arriver un jour et on s’y préparait déjà depuis un certain temps. On peut maintenant mettre en place un plan d’action avec des échéanciers précis », fait valoir M. Bouchard.

Ce plan d’action passera notamment par une refonte de la distribution hebdomadaire des journaux d’Icimédias, qui étaient en majorité ensachés et livrés de porte en porte par le Publisac.

« Ce modèle d’affaires était unique et existait depuis 46 ans. À l’époque, la plupart des hebdomadaires étaient vendus. Mais lorsque Publisac est arrivé en distribuant des journaux gratuits, il a forcé les autres publications à devenir gratuites à leur tour », rappelle ce vétéran de la presse écrite. « C’était un changement de paradigme important à ce moment et on s’apprête à vivre un autre tournant majeur. Ces changements seront très importants pour toutes nos équipes, insiste-t-il, et pour nos lecteurs aussi. »

Points de dépôt

Une des avenues privilégiées sera la distribution des exemplaires en points de dépôt, que ce soit dans des commerces, résidences pour personnes âgées ou autres endroits publics. Ce mandat sera assuré en priorité par Messageries Dynamiques.

Il ne s’agit toutefois pas de la seule option envisagée en Mauricie et sur le territoire des MRC de Bécancour et Nicolet-Yamaska, note Amélie St-Pierre, éditrice régionale d’Icimédias Mauricie/Rive-Sud. « Je ne crois pas qu’il y aura une stratégie unique. On doit se pencher là-dessus dans les prochaines semaines. Ça nous laisse du temps pour être prêt au moment où Publi-Sac cessera la distribution en avril 2024. On a quand même commencé à instaurer un système de dépôt depuis mars 2023 à Trois-Rivières et, plus récemment, à Shawinigan. À Trois-Rivières, on a déjà plus de 80 points de dépôts dans les commerces essentiels et même dans des restaurants. »

Et même si on diminuera forcément le nombre d’exemplaires imprimés, le président d’Icimédias assure que chaque journal conservera son rayonnement et sa présence sur le marché.

« Selon nos chiffres, ce sont 60 à 65 % des copies livrées à domicile qui sont véritablement lues, alors que dans un point de dépôt, près de 100 % des copies seront prises par des gens qui veulent les lire, fait-il remarquer. Le défi maintenant, c’est que le citoyen prenne soin de cueillir son journal lorsqu’il va faire son épicerie ou ses autres emplettes. Ce sera notre travail de l’accompagner dans ce changement de ses habitudes. « 

Des envois postaux à des endroits ciblés (places d’affaires, etc) et des livraisons spéciales dans les secteurs ruraux pourraient également venir compléter la distribution.

« Ça fait au moins dix ans qu’on se transforme pour s’adapter aux nouvelles réalités du marché. Là, il y a certains changements majeurs qui nous forcent à accélérer encore plus le processus. Par contre, les annonceurs sont au rendez-vous et les lecteurs aussi. En plus de notre édition papier, il y a notre volet web qui prend de la place. Une infolettre se met également en place », rappelle Amélie St-Pierre.

Peu importe la façon de rejoindre le lectorat, l’ADN des journaux d’Icimédias restera inchangé, promet Renel Bouchard. « Notre mandat demeure le même, soit offrir une information locale de qualité et mettre en lumière nos annonceurs, autant dans notre version papier que sur nos plates-formes numériques. Nos journaux ont toujours occupé un grand rôle dans leurs communautés respectives et ils vont continuer de le faire. »

« Le soutien de nos lecteurs est essentiel et c’est conjointement avec eux qu’on va faire cette transition », conclut-il.

(En collaboration avec Marie-Eve Alarie)