Des bâtiments disparus renaissent en peinture

PIERREVILLE. Il y a quatre ans, la Nicolétaine Ginette Fontaine Boisvert a sorti ses pinceaux, pour le plaisir. Pour s’occuper durant la retraite. Son projet était de peindre plusieurs bâtisses de son village natal, Pierreville, qui n’existent plus aujourd’hui. 

« Ce sont des bâtiments qui ont été détruits, soit par incendie ou par démolition, et qui ont marqué l’histoire de Pierreville », relate Mme Boisvert, qui a conservé plusieurs découpures de journaux, de même que de vieilles photos en noir et blanc en prévision de son projet. « Je me disais, un jour, ça va me servir. »

Elle avait bien raison! Depuis quatre ans, elle a réalisé une vingtaine de tableaux représentant des bâtiments disparus qui ont marqué sa jeunesse : l’église (vue de différents points de vue); le couvent avant qu’il devienne le foyer Lucien-Shooner, l’hôtel Maurault, l’ancien magasin Shooner, le salon funéraire Descôteaux, l’hôtel Traversy, le manoir maintenant transformé en crèmerie, l’ancien pont David-Laperrière, l’ancienne gare et plusieurs autres.

« Ça représente des centaines d’heures de travail. Mais c’était important pour moi de le faire parce que ça me rappelle un tas de souvenirs. Mes ancêtres viennent de là. Et Pierreville, c’était une ville agréable. J’y suis demeurée durant 25 ans et j’ai aimé ça! Il y avait de tout, autrefois : un cordonnier, deux bijoutiers, trois coiffeuses, deux barbiers, deux boucheries, une caisse populaire, l’usine de camions de pompiers… », raconte l’artiste.

En février 2023, elle a eu l’occasion d’exposer ses œuvres à Pierreville, pour une toute première fois. Malgré la tempête de neige, une soixantaine de personnes se sont déplacées pour voir son exposition, dont le doyen de Pierreville. « Ça lui a rappelé plein de choses qu’il nous a racontées. Ç’a été un beau moment! », souligne Mme Boisvert.

 Le succès qu’a connu son exposition l’incite à répéter l’expérience cette année. Elle accrochera donc encore une douzaine de toiles à l’hôtel de ville de Pierreville. Plusieurs seront nouvelles étant donné qu’elle a vendu la moitié de celles qu’elle avait exposées l’an dernier. Les gens sont invités à venir admirer son travail en sa compagnie, les 5 et 12 mai, de 13h à 16h.

« Les gens sont heureux de revivre des souvenirs », fait remarquer l’artiste, qui a intégré quelques clins d’œil aux siens dans certaines de ses toiles, notamment celle du magasin Shooner, où l’on peut voir le petit carrosse bleu qu’elle affectionnait tant, là-bas, quand elle était toute petite…

La peinture : un attrait de longue date

Ginette Fontaine Boisvert admet avoir toujours eu une attirance pour la peinture. Or, avec son travail d’infirmière auxiliaire à temps plein, qu’elle a occupé durant 45 ans, elle n’a pu s’adonner sérieusement à ce loisir pendant qu’elle était sur le marché du travail. C’est pourquoi elle a mis le projet sur la glace jusqu’à sa retraite.

Aujourd’hui, elle peint de façon autodidacte de septembre à avril. « L’été, j’entretiens mon parterre et mes fleurs », confie-t-elle en souriant, fière de l’aménagement qui se trouve tout autour de sa maison.

Une fois par mois, depuis un an, elle partage sa passion avec des aînées hébergées dans une résidence de Nicolet. « Je donne des cours de peinture bénévolement à des dames qui n’ont jamais peint de leur vie. Elles sont rendues super bonnes! », s’émerveille-t-elle.

À chaque séance, elle leur propose un petit modèle de son cru à reproduire, selon la saison. « Je leur présente la toile et leur explique les étapes à suivre pour la réaliser. L’atelier se déroule en après-midi, de 13h à 16h. Je mets de la petite musique douce et on ne voit pas le temps passer. »

C’est justement ce qui lui plaît le plus de son passe-temps: cet état de bien-être total. Il n’est donc pas étonnant d’apprendre qu’elle a encore de multiples idées de tableaux en tête. Ses prochaines inspirations? Le poste de police de Pierreville, Chez Piton Traversy, J.J. René  Boulangerie, Conrad Salvas Meubles, l’ancien bureau de poste, l’usine Letendre portes et fenêtres et Métro Rouillard, liste-t-elle.