« Chaque année, c’est de pire en pire »
NICOLET. « Avant, à Nicolet, on avait la réputation d’avoir une urgence où 4 à 6 heures d’attente, c’était beaucoup. Maintenant, on a du 10 à 17 heures d’attente parfois. Les gens viennent en masse consulter. »
Ce portrait de situation que dresse la Dre Jessica Roy représente particulièrement bien la situation actuelle à l’urgence de l’hôpital Christ-Roi. Avec l’hiver qui se pointe le bout du nez, les virus s’en donnent à cœur joie et les gens sont plus nombreux à être malades. Pour plusieurs, l’urgence représente d’emblée leur porte d’entrée dans le système de santé pour être soignés. Or, il existe d’autres options, insiste Dre Roy.
« Il y a quand même plusieurs façons de savoir où consulter et quand consulter. On ne devrait se rendre à l’urgence qu’après avoir effectué certaines démarches. La première étape, c’est de consulter des sites Internet comme vousetesmalade.ca pour savoir si l’on devrait aller consulter ou essayer un traitement à la maison. Pour les enfants et les bébés, le site de l’hôpital Sainte-Justine donne également beaucoup de conseils sur quoi faire lorsque son enfant a un rhume ou a besoin d’être réhydraté, par exemple. C’est très éducatif et rassurant pour les parents qui se sentent parfois un peu démunis devant une situation. »
Composer le 811 ou appeler son médecin de famille devrait aussi faire partie des tout premiers réflexes à adopter, suivi de près par une consultation aux « sans rendez-vous » de sa clinique médicale. Le Guichet d’accès à la première ligne (GAP) peut quant à lui orienter les personnes sans médecin de famille vers des ressources qui pourront répondre rapidement à leurs besoins en santé. « Le GAP leur offre des rendez-vous. On appelle au 811, et on fait l’option 3. Parfois, ça peut être long avant d’avoir la ligne et de parler avec quelqu’un qui saura nous référer aux cliniques proches de chez soi, mais c’est mieux que d’attendre 15 heures à l’urgence », souligne Dre Roy, tout en insistant sur le fait que ces simples actions contribuent à désengorger les urgences.
Si chacun y met un peu du sien et agit de façon responsable, tout le monde sera gagnant. Surtout dans le contexte où le réseau de la santé subit une forte pression, accentuée par les négociations des conditions de travail qui traînent en longueur avec le gouvernement. « On peut comprendre que ça peut être inquiétant, de voir un proche ou un enfant malade, ou encore être malade soi-même. Mais c’est rare qu’on est dans l’urgence de traiter », rappelle Dre Roy.
Sa collègue Cassandre Dubois, elle aussi médecin, ajoute de son côté que les pharmaciens sont aussi une ressource à consulter. « Ils sont une bonne référence. Ils ont des options de leur côté, alors c’est intéressant de s’informer à eux également. »
Les patients qui choisissent tout de même de se présenter à l’urgence rencontrent à leur arrivée l’infirmière au triage. Celle-ci peut, selon le cas, rediriger la personne vers une clinique ou un groupe de médecine familiale. « On demande aux gens de rester polis et patients lorsqu’ils viennent consulter à l’urgence. Nos infirmières ont à cœur les intérêts des patients, alors ça vaut la peine d’être gentil avec eux, surtout ces temps-ci, alors que leurs conditions de travail sont plus difficiles. Merci de leur donner tout le respect qu’elles méritent », insiste Dr Dubois.
Le portrait de l’urgence à Christ-Roi
Par les temps qui courent, les cas de streptocoques se multiplient. « C’est une bactérie qui contamine la gorge et cause de la fièvre », explique Dr Roy. « Un médecin de famille peut gérer ce genre de cas (à la clinique médicale). Or, on en a beaucoup à l’urgence. On remarque aussi beaucoup de cas de covid. Ça ressemble à des grosses grippes. »
L’urgence de l’hôpital Chris-Roi est ouverte 24h par jour, 7 jours par semaine. En tout temps, un seul médecin de garde est présent. À ce chapitre, les Dres Roy et Dubois, en poste depuis 5 et 2 ans respectivement, tiennent à faire cette petite mise au point: « Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas beaucoup de monde dans la salle d’attente que l’attente sera courte. Étant seul, le médecin de garde doit accueillir les ambulances qui arrivent, gérer les (vraies) urgences et s’occuper des patients sur civière et dans la salle d’attente. Il a plein de choses à gérer en même temps. »
Sachant cela, on comprend encore mieux l’importance de bien s’informer avant d’aller systématiquement consulter à l’urgence…