Centre-du-Québec: une identité culinaire en quête de reconnaissance

RÉGIONAL. C’est une vérité bien gardée, presque un “secret” selon Vincent Bourassa de l’Association touristique régionale (ATR): le Centre-du-Québec regorge de richesses culinaires et agroalimentaires encore trop méconnues. Ce constat a mené à une initiative structurante: définir et affirmer une identité culinaire propre à la région pour mieux séduire les touristes… et rallumer la fierté locale.

Pour mener à bien la mission, un comité régional en tourisme gourmand réunissant divers acteurs du milieu (producteurs, restaurateurs, représentants gouvernementaux et experts) travaillent depuis mai 2024 à jeter les bases d’un plan d’action ambitieux. Leur objectif: faire émerger les traits distinctifs de la région pour les transformer en leviers de développement touristique.

“On ne peut pas bâtir une offre forte sans concertation. Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin”, rappelle Vincent Bourassa.

Pour appuyer la démarche, la Société du Réseau Économusée (SRÉ), experte en valorisation des savoir-faire traditionnels, a été mandatée pour mener une vaste étude. “L’identité culinaire, c’est bien plus qu’un plat. C’est l’histoire que l’on raconte à travers lui”, affirme Carl-Éric Guertin, directeur général de la SRÉ.

Un riche patrimoine à mettre en lumière

À travers des consultations tenues à Drummondville, Victoriaville, Gentilly et Odanak, l’équipe a identifié six axes de positionnement stratégique. Parmi les trésors locaux mis en lumière se trouvent la canneberge, indissociable de la région mais peu valorisée dans l’offre touristique; l’esturgeon jaune du lac Saint-Pierre, emblématique pour la communauté d’Odanak; l’oie des neiges de Baie-du-Febvre; le temps des sucres vécu “en gang”; le fameux fromage en grain; et bien sûr, la poutine, plat fétiche des Québécois né dans la région.

“Est-ce que le monde du Québec ou de l’international sait que la poutine vient d’ici? Possiblement pas. Alors prenez le crédit de ce qui vous appartient et soyez-en fiers”, insiste M. Guertin, soulignant l’importance de mettre en valeur, d’un point de vue touristique, ce genre de composantes: “La poutine devient ici un symbole de l’identité centricoise, mais aussi un prétexte pour raconter tout un pan d’histoire locale : l’industrie laitière, l’innovation fromagère, le lien entre alimentation et territoire… “, évoque-t-il.

Un manifeste régional

Pour incarner cette nouvelle identité, la SRÉ propose un manifeste, à la fois déclaration d’intention et outil de promotion. Le voici: “Au centre du Québec, chaque produit raconte une histoire. Nos canneberges biologiques, notre fromage en grain qui fait “squik squik”, et notre sirop d’érable fait en gang dans nos érablières familiales sont des symboles de notre terroir. La poutine est née ici, préparée de foyer en foyer, représente notre héritage culinaire, tout comme nos viandes et poissons de terroir, comme le bœuf et l’esturgeon, qui sont fièrement élevés et pêchés localement. Le Centre-du-Québec, c’est une région où chaque bouchée est une célébration de l’authenticité, du savoir-faire et de la passion locale.

Ce manifeste invite à une réappropriation de la culture culinaire locale, tout en visant un rayonnement extérieur. L’objectif est double: attirer des excursionnistes et des vacanciers avec une offre authentique, et donner aux citoyens eux-mêmes le goût de devenir les ambassadeurs de leur région.

Une vision tournée vers l’avenir

Avec l’appui de la Stratégie québécoise de l’agrotourisme 2024-2029, le Centre-du-Québec veut désormais bâtir une offre plus cohérente, plus visible, et résolument ancrée dans son identité. “C’est une job de fierté. Et pour ça, il faut d’abord que le secret ne soit plus un secret”, conclut Vincent Bourassa.