Année charnière pour la Société acadienne Port-Royal
BÉCANCOUR. La Société acadienne Port-Royal (SAPR) arrive à un carrefour. Quel chemin emprunter dans un contexte aussi instable que celui dans lequel elle se trouve? C’est la décision que son conseil d’administration devra prendre dans les prochains mois…
Deux facteurs précarisent l’institution: la mise en vente prochaine, par la Ville de Bécancour, du couvent dans lequel sont basés ses bureaux, ainsi qu’une coupure anticipée de son financement dans un avenir plus ou moins rapproché.
Pour 2025, le financement devrait demeurer tel quel. C’est ce que lui a fait savoir la Ville de Bécancour, son principal bailleur de fonds, juste avant les Fêtes. Une nouvelle accueillie avec soulagement par le conseil d’administration, qui doit toutefois continuer à réfléchir aux meilleures actions à poser pour assurer la pérennité de l’institution.
Actuellement, plus de 70% du budget de la SAPR repose sur l’appui financier de la Ville. Or, cette dernière est en train d’élaborer sa nouvelle politique de reconnaissance des organismes, qui entraîne nécessairement une réflexion sur le financement de ceux-ci. Et on aurait fait comprendre au conseil d’administration de la SAPR qu’il pourrait perdre une partie du sien.
La nouvelle fait mal, d’autant plus que les autres paliers de gouvernement refusent de contribuer. Pourquoi? Parce que la SAPR n’a pas de collection ni une portée assez grande pour être reconnue comme musée agréé, comme le sont le Moulin Michel ou le Musée de la biodiversité, malgré ses six expositions permanentes.
La perte potentielle de ses locaux risquerait d’ailleurs de faire disparaître une partie de ses expositions, puisque deux sont installées au couvent.
Une année de transformation
Tout cela place la SAPR dans une position difficile, et 2025 s’annonce donc comme une année de transformation pour l’organisation. Quelques scénarios ont été élaborés.
Parmi les options explorées, la mutualisation des ressources apparaît comme une voie prometteuse. Cette approche consiste à partager une équipe de professionnels avec une autre institution – un modèle déjà adopté par d’autres organismes culturels. Cette solution semble pertinente après le départ, encore récent, de la directrice générale, Marie-Ève Bourke. Cependant, pour que cela fonctionne, il faut trouver une équipe disposée à collaborer, ce qui n’est pas garanti.
Le conseil d’administration reconnaît qu’une gestion par une seule personne, même avec l’aide de bénévoles, est insuffisante pour répondre aux besoins de l’institution. Une mutualisation avec une autre organisation culturelle permettrait de bénéficier d’une équipe professionnelle tout en maintenant l’indépendance des deux structures, chacune conservant son propre conseil d’administration. Par exemple, le Moulin Michel, avec une mission similaire à celle de la SAPR, pourrait être un partenaire naturel. Cependant, il reste à savoir si cette institution pourrait – et voudrait! – consacrer des ressources à la SAPR.
Une autre piste envisagée serait de créer un organisme plus large qui regrouperait plusieurs institutions culturelles de la région, comme le Moulin Michel, la SAPR, Patrimoine Bécancour et Plein Sud. Ce modèle permettrait lui aussi une gestion commune des ressources, mais sa faisabilité reste à évaluer.
Et les bureaux?
En ce qui concerne les bureaux, le conseil d’administration a appris qu’un organisme serait intéressé à acquérir le couvent pour, peut-être, en faire un hub créatif. Le projet est encore embryonnaire, mais il y aurait bel et bien des démarches en cours pour tenter d’obtenir des fonds pour réaliser une étude de faisabilité.
Ces démarches ne garantissent pas nécessairement à la SAPR qu’elle pourra demeurer au couvent après la vente. C’est pourquoi le conseil d’administration continue d’explorer d’autres possibilités de relocalisation. Une option serait d’installer un bureau d’accueil aux couleurs acadiennes au Centre culturel Larochelle, qui doit justement être bientôt rénové. Une autre solution consisterait à recentrer la mission de la SAPR sur l’animation, par exemple en bonifiant l’espace entre la Petite École, le Moulin de St-Grégoire et le couvent pour en faire un lieu festif.
Malgré toutes ces incertitudes, la SAPR entend maintenir ses activités en 2025. Elle poursuivra son programme d’événements, notamment la mi-carême, le tintamarre et l’Halloween, en s’associant avec divers partenaires. L’objectif est de rester visible et de continuer à animer la communauté, tout en cherchant des solutions pour sécuriser son avenir à long terme.