Indignation à la Société acadienne Port-Royal

BÉCANCOUR. La Société acadienne Port-Royal de Bécancour est sous le choc. Son monument «L’odyssée d’un peuple», situé face au presbytère de Saint-Grégoire, a été la cible d’un voleur pour une deuxième fois en deux ans.

Au printemps 2017, deux des grandes plaques de métal apposées sur les côtés du monument avaient été volées, ainsi que la petite plaque rendant hommage aux commanditaires ayant contribué à son érection, en 2011. Cette fois, c’est la plaque principale, illustrant la Grande déportation, qui a été dérobée.

La grande croix qui surplombe le socle de béton aurait aussi été dans la mire du voleur, qui aurait tenté de la décrocher, rapportent les porte-paroles de la Société acadienne Port-Royal, Monique Manseau, directrice, et Ghislaine Beaudry, membre du conseil d’administration.

Le vol est survenu dans la nuit du 10 au 11 novembre. Un témoin aurait aperçu le voleur à l’œuvre, mais n’a pu aviser les policiers à temps.

Les deux représentantes de la Société acadienne soupçonnent que le voleur aurait commis son méfait pour revendre le fer, la pièce donnant l’impression d’être en bronze et/ou en cuivre.

L’organisation a demandé à la Ville de Bécancour de porter plainte à la police. Cela a été fait dans les jours suivants, confirme Karine Blanchette, du Service des communications.

Les porte-paroles de la Société acadienne indiquent que le vol de l’an dernier n’avait pas été ébruité pour ne pas inciter d’autres criminels à poser des actes du genre sur le territoire. Mais celui survenu la semaine dernière est la goutte qui fait déborder le vase.

Ghislaine Beaudry n’en revient tout simplement pas de voir que l’on puisse s’en prendre ainsi à un monument symbolique. «C’est indignant, s’exclame-t-elle. C’est notre patrimoine, notre histoire. Ça prend du culot.»

Du coroplast en remplacement

À la suite du vol de l’année dernière, la Ville de Bécancour avait remplacé les plaques dérobées par des reproductions en coroplast. De loin, on peut penser que le monument est intégral, mais dès qu’on s’en approche, on réalise vite que quelque chose cloche.

«Ça enlève de la richesse et de la beauté au monument, regrette Mme Beaudry. Les coroplasts étaient censés être temporaires, mais il n’y a pas eu de suite encore.»

La Société acadienne Port-Royal doute fort retrouver un jour les éléments volés. «Ça va sûrement se retrouver avec d’autres pièces de métal chez le ferrailleur. On ne pourra pas retrouver ça», regrette Mme Manseau, ébahie par le trouble que s’est donné le voleur pour la petite poignée de dollars qu’il retirera de son geste.

La Ville de Bécancour est à regarder comment sera réparé le monument. Elle attend des nouvelles de son assureur avant de trancher.

Un monument rassembleur

Le monument «L’odyssée d’un peuple» fait partie des attractions populaires du circuit estival proposé par la Société acadienne, avec le vieux moulin, le chantier naval et l’église. «On y tient une commémoration à chaque année, aux alentours du 15 août [jour de la Fête nationale de l’Acadie]. Bon an mal an, ça rassemble une centaine de personnes», rappelle Monique Manseau.

La mise en place du monument, en 2011, a nécessité un investissement de 50 000$. Il a été le premier du genre à voir le jour au Québec. Depuis, deux autres ont suivi; à Saint-Jacques, dans Lanaudière, et à L’Acadie, un secteur de Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie. En 2016, deux plaques du monument de Saint-Jacques ont, elles aussi, été volées.