Le développement durable, une seconde nature

RIVE-SUD. À Bécancour et à Nicolet, le développement durable et la transition écologique deviennent peu à peu une seconde nature. Dans les deux villes, plusieurs remaniements se font à l’interne avec l’objectif de changer les mentalités et de repenser toutes les décisions : de nouveaux poste, comité et politique voient le jour afin d’appuyer cette transition.

Le développement durable n’est plus un sujet que l’on traite indépendamment des autres décisions municipales, mais fait désormais partie intégrante de chacune des décisions de la Ville de Nicolet et de la Ville de Bécancour. « Ce n’est pas juste de l’écrire dans le budget ou de faire la plantation de dix arbres par année. Notre réflexion est beaucoup plus avancée que ça », assure Sébastien Turgeon, directeur des communications à la Ville de Nicolet.

À la Ville de Nicolet, la préoccupation environnementale ne date pas d’hier. Déjà, une démarche de réduction des gaz à effet de serre (GES) a été entamée en 2012. « Ça nous a permis d’être la première ville au Québec à baisser de 20% ses GES. C’est une belle fierté, parce que ça vient démontrer qu’on n’a pas besoin d’être une métropole ou la capitale nationale pour être capable de poser des gestes », rappelle M. Turgeon.

Depuis, ce sont ces valeurs qui habitent le conseil municipal ainsi que l’administration et qui se traduisent au quotidien, notamment par le soutien que reçoit le citoyen dans son désir d’être écologique : autopartage de véhicules électriques, subvention à l’installation de bornes électriques résidentielles, remboursement de produits d’hygiène personnelle durables et de couches lavables, agriculture urbaine, grainothèque à la bibliothèque, distribution d’arbres, etc.

Plus récemment, la Ville a annoncé la réfection de son camion de pompier plutôt que l’achat d’un neuf. Elle considère ce geste comme une prise de position forte en pointant du doigt la surconsommation. La Ville a également mis sur pieds une politique d’achat écoresponsable ainsi qu’un projet pilote sur les herbes hautes et la tonte différée.

« Ce sont de petites actions qui viennent frapper l’imaginaire collectif et qui contribuent au changement des mœurs et de la perception que les gens ont. Par exemple, on considère que ce qui est beau, c’est un gazon vert de golf, mais en réalité, c’est stérile. Les herbes hautes vont être plus riches pour la biodiversité. Il y a des gens qui sont plus réfractaires, d’autres qui y adhèrent d’emblée, mais c’est aussi une façon de contribuer au changement de vision », explique Stéphanie Dufresne, coordonnatrice transition écologique et innovation.

La transition écologique, un projet collectif

Avec l’ajout du poste de coordonnatrice transition écologique et innovation, on démontrait une volonté claire d’accélérer le processus de transition. « Mon poste relève de la direction générale, ce n’est donc pas un département à part, explique Stéphanie Dufresne qui occupe ce poste depuis février dernier. La transition écologique, c’est un changement de façon de faire qu’on veut intégrer dans l’ensemble des activités de la municipalité. La transition écologique doit se faire et ça peut se faire sur tous les plans en même temps. »

Mme Dufresne travaille aux côtés d’Emmanuelle Beaumier, agente de développement durable, qui s’est entre autres occupé du Repair Café et de la Grande corvée, des actions plus ponctuelles.

« On veut que chaque projet passe à travers le collimateur de la transition écologique et que nos gens développent ce réflexe pour qu’il ne soit pas que celui de Stéphanie et d’Emmanuelle, mais aussi qu’il devienne le réflexe autant de l’employé à l’aréna que celui qui travaille à l’hôtel de ville », ajoute M. Turgeon.

« Il y a de grands projets qui sont transversaux et qui vont toucher à l’aménagement du territoire, à des questions juridiques, à des questions de travaux publics. Il y a est choses qui se trament dont on ne peut pas encore dévoiler la nature, mais c’est en matière de protection et de restauration des milieux naturels, de lutte aux changements climatiques et d’adaptation au climat qui change, et d’aménagement urbain plus écologique et plus durable », ajoute Mme Dufresne.

Dans tous ces projets, Stéphanie Dufresne et Emmanuelle Beaumier agissent à titre de facilitatrices et représentent une ressource-conseil à l’interne capable d’aiguiller le conseil et l’administration d’où émane une volonté de changement.

Le développement durable, une priorité à Bécancour

À la Ville de Bécancour, un vent de changement souffle au sein de l’administration alors que l’organigramme a été revu et que la direction Développement durable et planification a été créée. Dès l’arrivée de Grégory Gihoul à la direction générale, les discussions se sont entamées à savoir comment changer les façons d’opérer et de planifier à la Ville dans une optique de développement durable.

« Une des façons qui m’apparaissait la plus évidente d’y arriver était de créer cette nouvelle direction avec l’objectif très clair de développer une approche horizontale qui va toucher toutes les équipes dans leurs stratégies et dans leur travail quotidien, mentionne M. Gihoul. C’est une nouvelle approche assez radicale pour l’organisation face à la croissance de la ville. »

L’équipe sous la direction Développement durable et planification aura comme travail d’aider au développement des bons mécanismes environnementaux et agira également à titre de gestion de portefeuilles des projets. « Cette équipe sera impliquée tout au long du cycle d’un projet, du démarrage jusqu’à la conclusion, sans gérer les projets à proprement parler », précise le directeur général.

Afin d’encadrer les opérations, une nouvelle politique de développement durable sera élaborée dans les prochains mois. Cette dernière sera d’ailleurs prise en compte pour la refonte du plan d’urbanisme qui est actuellement sur la table à dessin, sur la planification des projets, sur la façon de s’approvisionner et dans la gestion des actifs.

En outre, la Ville vient tout juste de créer un comité de croissance durable piloté par la mairesse, Lucie Allard, sur lequel siègent notamment la greffière, le directeur général, le service des travaux publics et les services à la communauté.

« La mission de ce comité est de s’assurer que toutes les équipes aient la même information quand on aborde les projets de croissance, et qu’ils ne le soient pas juste d’un point de vue technique, mais également d’un point de vue humain et environnemental. La croissance à Bécancour, c’est maintenant notre quotidien et on veut bien la faire », explique M. Gihoul.

« Pour nous, le développement durable ne se définit pas juste en termes de grand projet. C’est quelque chose qu’on applique au quotidien et qui fait systématiquement partie de la discussion », ajoute le directeur général. Plusieurs gestes concrets ont d’ailleurs été posés, notamment le partenariat de la Ville avec l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et l’Union des municipalités du Québec (UMQ) pour un projet-pilote de réduction des GES qui se déroule notamment à Bécancour.