Un palais à Nicolet
NICOLET. La pause forcée occasionnée par la pandémie aura permis au Centre des arts populaires de Nicolet de poursuivre sa métamorphose. Après la restauration de la voûte, voilà qu’un vaste chantier est en cours pour transformer l’endroit en palais multifonctionnel, au cachet inspiré du Moyen-Âge et de la Renaissance.
«Le processus s’échelonnera sur plusieurs années, indique Bernard Brochu, directeur général du Centre. Chaque pièce sera transformée, à raison d’une ou deux par année.»
À défaut de pouvoir tenir des activités dans son établissement en raison de la COVID-19, ce printemps, il a décidé d’apporter des améliorations locatives susceptibles de plaire aux groupes de médiévalistes, qui sont de plus en plus nombreux à fréquenter les lieux.
«Depuis 2014, on organise huit activités médiévales [par année]. Tranquillement, d’autres groupes de médiévalistes ont commencé à venir chez nous. L’an dernier, cinq d’entre eux ont loué nos locaux au moins une fois pour tenir un banquet. D’autres sont venus quatre fois afin de tenir des activités. On est en demande parce qu’il n’y a pas beaucoup de lieux au Québec qui ressemblent à un palais, comme c’est le cas ici.»
Il faut rappeler que le cœur du Centre des arts populaires est constitué de la voûte ouvragée de l’ancienne cathédrale de Nicolet. On lui a donnée une nouvelle vie en 1957, après la démolition de la cathédrale, jugée dangereuse après un gigantesque glissement de terrain survenu tout près, deux ans plus tôt. La prestance des lieux impressionne dès qu’on y met les pieds.
«On a un potentiel de développement incroyable», se plaît à dire le directeur général, qui souhaite, par ces travaux, confirmer le statut de chef de file du Centre des arts populaires en matière de loisir immersif au Québec.
«Peu à peu, on améliorera les salles pour qu’éventuellement, on ait des décors permettant d’imaginer plein de choses en théâtre immersif ou lors d’activités médiévales. Il y a un réel engouement pour ce genre de loisirs, et des installations de qualité comme la nôtre, à prix de location abordable, demeurent peu nombreuses. On vient répondre à cette demande», poursuit Bernard Brochu, qui n’entend par ailleurs pas négliger les autres organismes qui utilisent régulièrement le Centre pour y tenir leurs activités. «Rien n’empêche d’avoir un cours de yoga dans un local qui a l’air d’une chapelle ou d’une bibliothèque», illustre-t-il.
Les transformations
Il y a un peu plus de deux ans, un laboratoire médiéval-fantastique a été aménagé dans une salle de conférence du Centre des arts populaires. Il est constitué d’éléments provenant du décor du laboratoire de la sorcière Liliwatt, de l’émission pour enfants Salmigondis, diffusée à Télé-Québec et Radio-Canada de 2015 à 2018. «Ils allaient détruire les décors! Quand on l’a su, on est monté au studio, à Montréal, pour les défaire et les ramener ici. On a trouvé le moyen de les recycler.»
Les restes du même décor ont servi ce printemps à l’aménagement d’un bar de style médiéval. «Ça m’a pris deux mois [pour le terminer]. Le décor [constitué d’arches et de fausses pierres] fittait juste, à ma grande surprise! Après l’installation, je l’ai repeint et [fignolé avec du] ciment à joints. Chacune des pierres, faites en fibre de bois, a été retravaillée. Pour bonifier l’ensemble, j’ai aussi utilisé des lumières récupérées de l’ancien pavillon de secondaire 3 des Sœurs de l’Assomption et des gargouilles provenant du local de la sorcière [Liliwatt].»
Maintenant que le bar est à toute fin pratique terminé, c’est au tour d’une chapelle d’être en cours de réalisation. Elle sera inspirée de la chapelle de la «Quinta da Regaleira», au Portugal. Elle misera sur un blanc épuré, des vitraux, des moulures, des portraits et du mobilier religieux (autel, bancs, prie-Dieu, etc.). Dans une petite pièce à proximité, un confessionnal sera aménagé afin de permettre des rencontres privées. «On pense pouvoir l’inaugurer en novembre», évalue Bernard Brochu.
Quatre autres phases sont prévues au projet de métamorphose. Une fois la chapelle terminée, on s’attaquera à l’arrière-scène et au vestiaire. Ensuite, ce sera au tour de la Loge MRC d’être revue; elle deviendra une «salle des concerts» dont le look rappellera celui de la chambre de la musique du château de Bruchsal. «On aménagera des balcons de chaque côté de la salle, en plus de créer une petite scène éclairée. Ce sera un genre de micro-théâtre, avec douche et salle de bain», souligne M. Brochu.
Dans la troisième phase du projet, des boiseries de style Tudor seront mises en vedette lors de l’aménagement d’un espace de rencontre privé et confortable. Le projet se terminera par la métamorphose d’une pièce en bibliothèque inspirée de Versailles.
Financement
Tous ces travaux devraient coûter au moins 40 000$, uniquement en matériaux et services spécialisés. Pour l’aider à financer ce projet d’envergure, le Centre des arts populaires a mis sur pied une campagne GoFundMe cet été. L’objectif est de recueillir 10 000$ pour permettre la concrétisation des premières phases. Plusieurs médiévalistes y ont déjà contribué, emballés par le projet. D’ailleurs, au moment d’écrire ces lignes, l’objectif est sur le point d’être atteint…
Pour contribuer, il suffit de suivre le lien suivant: https://www.gofundme.com/f/centre-de-jeux-de-role-et-immersion