Paige répond à la violence par l’art

ARTS VISUELS.  L’an dernier, son œuvre -Cochonnerie, représentant un cochon réalisé à partir de boîtes d’Amazon, avait été vandalisée au parc des -Prairies, à Trois-Rivières. Cet été, -Paige -Krämer -Rochefort répond à la perte de son œuvre et poursuit le dialogue à travers sa nouvelle sculpture intitulée -Bobo le clown – -Reflet de la violence.

« -Tout le monde vit un peu de violence. On est tous humains et on a tous subi ou été la source de violence, d’une façon ou d’une autre. Bobo le clown, c’est une réflexion par rapport à la violence que j’ai reçue et que je peux continuer de recevoir en tant que femme trans queer. Je pense que c’est important d’en parler, d’autant plus qu’on est en plein mois de la -Fierté. J’ai remarqué que, souvent, la violence qui m’est envoyée, la haine, ça n’a pas directement à voir avec moi. C’est plutôt dirigé sur l’insécurité face à la personne que je suis et leurs propres limites à comprendre qui je suis », explique -Paige -Krämer -Rochefort.

Bobo le clown est une référence directe à ces clowns gonflables que l’on donne aux enfants et sur lesquels on peut frapper à répétition, à la manière d’un sac de boxe. Dans un visuel ludique qui se rapporte à l’enfance, l’artiste aborde l’ironie et l’absurdité de la violence en confrontant le spectateur à -lui-même par l’intégration d’un miroir.

« J’aime travailler avec ce type d’objet qu’on voit tous les jours et de le recontextualiser différemment. Dans mon art, je m’inspire beaucoup de l’enfance, raconte -Paige. Avec -Bobo le clown, on peut banaliser l’acte de gonfler le ballon pour ensuite frapper dessus. J’espère que ça va apporter une réflexion plus profonde par rapport à ce qu’on encourage en faisant ça. L’enfance nous forme et nous conditionne et ça reste en nous quand on est adulte. »

Assurément, la présence de -Bobo le clown intrigue dans le parc. Quelques instants après avoir photographié -Paige et son œuvre, des enfants venus jouer au parc se sont rapidement dirigés vers la sculpture, curieux, et s’observant dans le petit miroir déformant qui y est installé.

Une activité de médiation a d’ailleurs été organisée il y a quelques jours dans le parc des -Prairies pour ouvrir le dialogue sur l’œuvre et sur l’art public. L’activité organisée par Culture Trois-Rivières a permis de rencontrer une cinquantaine de familles et de discuter de la présence de l’œuvre. Les enfants l’observaient, le filmaient, faisaient des grimaces dans le miroir.

« Une œuvre peut susciter des émotions qui nous transportent. Parfois, ça nous réconforte, ça nous questionne et d’autres fois, ça nous provoque, souligne -Valérie -Bourgeois, directrice générale de -Culture -Trois-Rivières. Le parc des -Prairies est ancré dans le quotidien des gens et on y ajoute une -Création inattendue. On constate que la différence insécurise de plus en plus les gens en général. Nous, présenter cette nouvelle œuvre dans ce parc, c’est une façon d’ouvrir le dialogue. On espère que ça fasse boule de neige. »

Paige -Krämer -Rochefort ne s’attendait pas à ce que -Cochonnerie fasse autant réagir l’an dernier. Si elle regrette les actes de vandalisme posés sur son œuvre, elle n’entretient pas de rancœur envers les personnes qui ont abîmé sa sculpture. « -Parfois, c’est un petit bout de carton qui relève et sur lequel une personne commence à tirer un peu, puis ça crée un effet d’entraînement », -indique-t-elle.

L’artiste a toutefois appris de l’expérience de l’été dernier lors de la conception de -Bobo le clown. Elle a opté pour des matériaux plus robustes et a ancré l’œuvre profondément dans le sol afin d’éviter que des gens se blessent en essayant de manipuler le clown ou si de jeunes enfants grimpent dessus.

« -Je m’attends à ce que des enfants veuillent s’agripper à ses oreilles ou à essayer de le bouger. Il fallait que ce soit sécuritaire, -note-t-elle. Je suis contente du résultat et de la finition. Il ressort comme je l’avais imaginé. »

L’artiste espère qu’elle pourra récupérer -Bobo le clown en bon état à la fin de l’été afin de continuer à faire vivre l’œuvre et le promener ailleurs.

Les personnes qui désirent pousser la réflexion plus loin peuvent numériser le code -QR qui accompagne l’œuvre.