Monique Juteau voyage dans son enfance
BÉCANCOUR. Le voyage occupe toujours une place importante dans les écrits de Monique Juteau. Les paysages du Québec et d’ailleurs l’inspirent depuis longtemps. Dans le recueil Grains de riz, cette fois-ci, le voyage est aussi dans l’enfance de l’écrivaine.
Elle raconte les humains qui l’entourent, se remémore les amis disparus. La narration se colle aux souvenirs qui s’entremêlent, le tout porté par la sensibilité et les images que ses lecteurs reconnaîtront.
Le livre se divise en plusieurs lieux. Il y a la route, qui symbolise les voyages. Il y a aussi ce vieux chalet que sa mère appelait la cabane des Tranquille. “Tranquille, c’était le nom de famille de ma mère, raconte Monique Juteau. Elle était déjà vieille quand elle a peint un tableau qui représentait une cabane qu’elle a appelée la cabane des Tranquille. J’y ai campé mon imaginaire. C’est devenu le lieu où je peux retrouver mon enfance, un vieux chalet où on retrouve parfois un vieux morceau de puzzle oublié.”
Elle entraîne également les lecteurs à la résidence pour personnes âgées où sa mère résidait. “J’ai puisé l’inspiration dans des moments qui se déroulaient à la résidence. J’y allais souvent avant que ma mère décède. Elle avait vraiment besoin de moi pendant cette période. C’était aussi une façon pour moi de réparer un peu mon absence quand j’étais jeune et que je partais pour de longs voyages. Chaque fois que je la quittais, j’avais l’impression de l’abandonner. Je me suis dit que je devais en parler et écrire sur ce sentiment. Ça me faisait du bien de l’écrire.”
On remarque d’ailleurs un changement de rythme dans le recueil lors de ces passages. Les vers des poèmes laissent place à un style plus narratif, une liberté qu’a souhaité se donner l’auteure. “Ces paragraphes me donnent l’occasion de créer une ambiance et d’amener du réel aussi. La poésie que j’aime, c’est celle qui est ancrée dans le réel.”
Et malgré quelques relents de la pandémie que l’on peut déceler çà et là, Monique Juteau conserve cette petite touche d’émerveillement et ce petit éclat de lumière qui fraient leur chemin au gré des pages.
“Ça m’a pris du temps pour faire Grains de riz. Le projet a été entrecoupé par Le marin qui n’arrive qu’à la fin, puis on a eu une offre pour Comme dictées en oiseaux détachés. Mais dès que je le pouvais, je retournais à Grains de riz. On y retrouve aussi de petits relents de pandémie. La nature m’a sauvée dans cette période.”
De la résidence pour aînés à la cabane des Tranquille, du fleuve aux sentiers qui mènent à la rivière blanche, alors que “chaque rire devenait un grain de riz basmati”, Monique Juteau se réconcilie avec ses sensations de culpabilité d’avoir abandonné sa mère dans une dernière envolée de riz, dans un dernier élan qui navigue doucement entre souvenirs passé et présent.
Le recueil Grains de riz de Monique Juteau est disponible en librairie.
