L’œuvre de Pierre Girard gravée par la Monnaie royale canadienne
SAINT-FRANÇOIS-DU-LAC. L’année commence avec une nouvelle reconnaissance pour Pierre Girard, artiste établi depuis un peu plus de trois ans à Saint-François-du-Lac. En 2021, la tortue mouchetée du peintre se promènera d’un océan à l’autre sur les pièces d’un dollar de la collection des espèces menacées de la Monnaie royale canadienne.
Il ne s’agit pas d’une première collaboration avec la Monnaie royale canadienne pour l’artiste animalier. En effet, sa chevêche des terriers a été sélectionnée en 2018, ainsi que son fond marin (Under a Hopeful Moon) en 2020.
Pour participer à ces concours de la Monnaie royale canadienne, on doit être invité, donc ne tente pas sa chance qui veut. Même sans décrocher la première place, avoir la chance de participer est un honneur en soi. Pierre Girard, en plus de se faufiler régulièrement dans ces concours, réussit à séduire les jurys, souvent même à l’unanimité.
«On peut soumettre plusieurs croquis de l’espèce demandée. Cette année, j’ai soumis trois croquis qui n’étaient pas signés. Ce qu’on m’a dit, c’est que le jury a sélectionné mes trois croquis. On m’a dit que peu importe le croquis choisi, au final, j’aurais gagné! C’est flatteur!», raconte Pierre Girard.
«Ça fait un petit velours, parce que dans le domaine des arts visuels, ce n’est pas évident. Je suis chanceux, parce que j’en vis depuis toujours. Je vais avoir 54 ans cette année, et je n’ai fait que ça. Quand j’ai commencé à peindre, je regardais les peintres déjà établis et honnêtement, je ne me voyais pas là. Ça me semblait inaccessible!», avoue-t-il.
Et comment un artiste-peintre peut-il se retrouver à illustrer des pièces de monnaie? «Ça s’est fait pas mal de fil en aiguille. J’ai été invité par la Monnaie royale à la suite de ma victoire pour l’illustration d’un timbre pour Habitat faunique Canada, en 2018. C’est Habitat faunique qui m’a référé», explique M. Girard.
En effet, en plus de voir ses œuvres immortalisées sur des pièces de monnaie, Pierre Girard a aussi été sélectionné pour illustrer cinq timbres: trois pour la Fondation de la faune du Québec en 2001 (geai bleu), en 2009 (oie des neiges) et en 2020 (martin-pêcheur), et deux pour Habitat faunique Canada en 2010 (sarcelle à ailes vertes) et en 2018 (canard branchu). Il est même arrivé ex aequo à deux occasions, ratant la première place à un cheveu pour des détails de graphisme et de clarté.
À noter que les artistes ne peuvent participer chaque année aux concours. Après une victoire, il faut attendre un an pour la Fondation de la faune du Québec, et quatre ans pour Habitat faunique Canada.
«Ce sont de beaux défis que de répondre à leurs critères et exigences. Je peins à longueur d’année, mais quand les concours pour une pièce de monnaie ou un timbre arrivent, j’ai un regain d’énergie!», explique M. Girard. Ces concours, on pourrait un peu les décrire comme l’équivalent des Jeux olympiques pour un athlète.
Du talent et beaucoup de persévérance
Avant d’avoir été invité pour la première fois dans ces concours de grande envergure, Pierre Girard a accumulé les années de travail et les expositions dans les galeries. «À 16 ans, je suis allé voir une exposition et je suis ressorti de là ébloui par ce qu’on pouvait faire avec de la peinture. Je suis rapidement allé m’acheter des tubes de peinture sans savoir exactement ce que c’était», se rappelle-t-il. C’est avec quelques tubes de peinture de couleur primaire, ainsi que du noir et du blanc, que la carrière de l’artiste autodidacte a démarré.
Sa première exposition est arrivée à peine deux ans plus tard. «J’étais un des plus jeunes dans le répertoire des peintres du Québec».
Alors que le père de Pierre Girard faisait sécher les toiles de son fils dans la chambre à fournaise de l’école où il travaillait, des yeux qui passaient par là ont pu voir son travail, et il n’en fallut pas plus pour qu’il soit invité à participer à sa première exposition à la Bibliothèque de Sorel, une exposition sur la chasse aux canards.
Le peintre animalier s’est ensuite fait remarquer par les galeries d’art québécoises et a récolté quelques reconnaissances au passage, comme un concours pour la protection des habitats des canards avec Canards illimités Canada ou encore des publications dans des livres d’art. Mais c’est lorsqu’il a gagné à son premier concours pour un timbre que quelque chose de spécial s’est passé: «Je passais dans une autre ligue aux yeux des gens, et des collectionneurs aussi!» lance-t-il.
«Il n’y a pas une journée où je ne suis pas content de ce que je fais dans la vie. J’ai toujours fait ce que j’aime, à mon rythme. Je peux profiter de la vie. On n’est pas millionnaire, mais mautadit que je fais une belle vie!», confie-t-il.
«En mars dernier, j’ai eu un peu peur. Je pensais que personne n’aurait le goût d’investir dans des toiles en pandémie, que c’était secondaire. Finalement, ça a bien été, ça a eu un drôle d’effet contraire. Je crois que les gens cherchaient à améliorer leur décor», conclut-il.
Pour découvrir l’artiste: https://www.facebook.com/PGirardArt