Jacques Michel : un air d’«À la prochaine fois»

MUSIQUE. Les cheveux sont devenus moins longs, la barbe est grisonnante tendant vers le blanc, mais Jacques Michel chante encore haut et fort «Un nouveau jour va se lever». Et il a fait salle comble le 7 mars au Moulin Michel auprès des jeunes d’hier des boîtes à chansons et des assemblées enfumées indépendantistes. Effluves de marijuana en moins, mais avec un fond de patchouli quand même, le fils de l’Abitibi et ses frères et sœurs de Gentilly chantaient encore à l’unisson ce que René Lévesque a déjà qualifié «de rendez-vous normal avec l’histoire».

«Il y aura une prochaine fois. Les Britanniques en 1837, ont dit on va mettre un terme à ça. On va en pendre quelques-uns et tout le monde va rester tranquille. Qu’est-ce qui est arrivé dans les années soixante? La Révolution tranquille! Après, on a eu le référendum en 1980. Trudeau a dit : «C’est fini les folies!». Lui aussi pensait que tout était fini. Mais non, il y en a eu un deuxième référendum. La plupart du temps l’aventure commence quand les gens pensent qu’elle se termine. Pour moi, je suis certain qu’il y aura un pays du Québec un jour», déclare Jacques Michel sans hésitation.

Une prochaine fois que l’homme qui approche les 80 ans désire également en chanson. «Si on m’invite, j’aime toujours chanter. Je m’amuse sur scène. La musique, je ne fais plus cela pour gagner ma vie, je le fais pour le plaisir et pour le public», ajoute l’auteur-compositeur-interprète qui a lancé un opus de nouvelles chansons l’an dernier. Pièces qui ont été grandement appréciées d’ailleurs par les personnes présentes au Moulin Michel dont « Tenir » qui donne le nom à son album.

 

Tenir

(Paroles et musique: Jacques Michel)

J’avais la tête dans les nuages
Tu avais les deux pieds sur terre
Des milliers d’autres de notre âge
Avaient aussi les yeux ouverts
Nous étions jeunes nous étions beaux
Nous étions fiers et marginaux
L’avenir ne nous faisait pas peur
Suffisait d’y mettre du cœur

Tenir le coup
Sans jamais fléchir les genoux
Nous désirions par-dessus tout
Devenir « Maîtres chez nous »

Plusieurs obstacles sur notre chemin
Mais nous nous n’avions peur de rien
Faut c’qu’il faut pour se prendre en main
Tel était notre seul refrain
Et nous marchions la tête haute
Vers ce but qui était le nôtre
Assurer notre survivance
« Égalité ou Indépendance »

Tenir le coup
Sans jamais fléchir les genoux
Nous désirions par-dessus tout
Posséder un pays rien qu’à nous

Nous avons fait tout ce que nous avons pu
Nous avons fait même encore un peu plus
Nous étions débordants d’espoir
Presqu’assurés de la victoire
Mais après notre double défaite
Le cœur en deuil le cœur en miettes
Malgré le poids de notre peine
Nous avons redit « À la prochaine »

Tenir le coup
Malgré nos blessures et nos pertes
Garder notre esprit de conquête
Et refuser de disparaître
Tenir tenir tenir
Tenir le coup
Sans jamais fléchir les genoux
Il nous faudra par-dessus tout
Tenir tenir tenir