Des cartes anciennes de la région se révèlent

RÉGIONAL. Les Archives nationales à Trois-Rivières présentent une toute nouvelle exposition qui met en lumière des cartes anciennes et leurs toponymes autochtones. 

Signifiant “les voies empruntées par nos ancêtres” en atikamekw, Mahonan propose un dialogue entre cartographie et présence millénaire des Premiers Peuples. 

À travers des cartes géographiques anciennes et les toponymes en langues autochtones qu’elles contiennent, Mahonan révèle la mémoire du territoire et la profondeur de savoirs ancestraux.

Une vingtaine de cartes, dont quatre qui datent du 17e siècle, sont exposées au grand public, dont plus de la moitié pour la première fois. Celles-ci sont présentées dans leur état d’origine et témoignent des connaissances géographiques de l’époque et des interactions complexes entre peuples autochtones et colons européens.

L’exposition met notamment l’accent sur des documents propres à la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Un immense agrandissement d’une photo de la rivière Saint-Maurice datant de 1899 conclut d’ailleurs la visite.

Des poèmes de Christine Sioui-Wawanoloath (Abénakise-Wendat) et de Charles Coocoo (Atikamekw Nehirowisiw) accompagnent également les cartes dans le but de prolonger l’expérience sensible de l’installation.

“L’exposition initiale a été présentée à partir des collections de la Bibliothèque nationale et des cartes qui étaient conservées précieusement à Montréal. On a voulu régionaliser l’exposition et la rendre encore plus immersive. On est allé chercher la collaboration de poètes de la région et j’ai fait des recherches à travers les fonds d’archives que nous préservons à Trois-Rivières pour chercher des détails dans les plans anciens qui présentaient le plus de toponymes autochtones de la région”, explique Élaine Bérubé, archiviste-coordonnatrice aux Archives nationales à Trois-Rivières.

“J’ai été fascinée par la quantité de documents qu’on a en la matière et de voir comment le territoire a pu évoluer dans le temps, ajoute-t-elle. Ça permet également de voir comment les techniques de cartographie ont évolué à travers les époques. On amène plus de précisions. Initialement, les Européens étaient accompagnés par des membres des communautés autochtones pour voyager sécuritairement sur le territoire. Puis, ils ont porté à travers leurs écrits les traces de ces voyages et de la présence millénaire des peuples autochtones.”

Cette installation a été conçue par Bibliothèque et Archives nationales du Québec avec la collaboration de Terres en vues et la participation du Conseil de la Nation Atikamekw.

“Je pense que c’est important qu’il y ait ce type de collaboration pour mieux diffuser les connaissances et savoirs atikamekw avec le territoire. C’est une exposition qui nous permet de voir l’histoire, mais aussi l’occupation territoriale de nos ancêtres Atikamekw. On peut également voir toutes les voies qu’on peut naviguer et qu’on peut occuper depuis des millénaires. Ça permet de retourner dans le passé, mais c’est aussi une fierté de voir que ces toponymes sont là et qu’on peut les utiliser afin de mieux protéger notre langue, ainsi que le territoire”, commente Sipi Flamand, chef de la Communauté Atikamekw de Manawan. 

Ce dernier a examiné longuement certaines des cartes anciennes présentées. Il s’est dit touché par un agrandissement du territoire de la Mauricie. “On l’appelle le Nitaskinan de notre côté. C’était important pour moi de voir cette carte.”

L’exposition Mahonan est accessible gratuitement jusqu’au 24 avril 2026 au 225, rue des Forges, à Trois-Rivières. Pour visiter la partie qui se trouve dans les bureaux des Archives nationales à Trois-Rivières, il suffit de sonner sur les heures d’ouverture, soit du lundi au vendredi entre 7h et 17h.

“C’est important que le public connaisse la présence des Archives nationales à Trois-Rivières, que les archives sont préservées sur place et qu’elles sont accessibles. Tout le monde peut venir faire des recherches sur leurs familles, leurs origines et l’histoire de la région”, conclut Mme Bérubé. 

Les cartes de l’exposition et d’autres documents d’archives peuvent aussi être explorés en ligne sur le site de la BAnQ.