Une douzaine de puits fuient dans la région

DOSSIER. Si le gaz de schiste a retenu l’attention au cours des dernières années, ce n’est pas d’hier qu’il y a des forages sur la Rive-Sud.

On a encore frais à la mémoire la vingtaine de puits qui avait été creusés durant les années 2000, avant que le gouvernement mette un frein à l’industrie par l’imposition d’un moratoire. Or, saviez-vous qu’on dénombre plus de 80 puits qui ont été creusés depuis près de 150 ans dans les MRC de Bécancour et de Nicolet-Yamaska?

C’est un peu moins de 10% des quelque 960 forages qui ont été réalisés au Québec depuis 1860. Dans Bécancour-Nicolet-Yamaska, les balbutiements ont été effectués en 1873, sur une terre située entre les chemins Forest et Prince, à Saint-Grégoire. On en compte quatre autres qui ont été forés au 19e siècle.

S’il y a eu une accalmie d’une quarantaine d’années, à compter des années 1890, des forages ont été réalisés à toutes les décennies à compter des années 1930 dans différents secteurs de la Rive-Sud.

Du côté de la MRC de Bécancour, c’est dans les différents secteurs de la Ville de Bécancour qu’on en retrouve le plus, soit treize à Saint-Grégoire, treize à Bécancour, neuf à Sainte-Angèle-de-Laval, quatre à Précieux-Sang, trois à Gentilly et deux à Saint-Gertrude.

L’Est de la MRC de Bécancour compte aussi bon nombre de forage, soit trois à Sainte-Françoise, deux à Sainte-Cécile-de-Lévrard, un à Sainte-Sophie-de-Lévrard et un autre à Fortierville.

Dans Nicolet-Yamaska, c’est dans les municipalités riveraines du Saint-Laurent où l’on en répertorie le plus, soit dix à Baie-du-Febvre, sept à Saint-François-du-Lac et cinq à Nicolet. Un peu plus au Sud, on en compte trois à La Visitation-de-Yamaska et un à Sainte-Perpétue, Saint-Léonard-d’Aston et Saint-Wenceslas.

Des anomalies décelées

Dans le cadre des recherches menées sur le terrain lors de l’opération «À la recherche des puits fuyants» réalisée en 2015, par l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), quelques anomalies ont été décelées.

Dans un rapport qui a été rendu public il y a quelques semaines par Greenpeace, Le Courrier Sud a dénombré au moins une douzaine de puits présentant des fuites sur la Rive-Sud.

Ce pourrait d’ailleurs n’être que la pointe de l’iceberg puisque seulement 21 des 80 puits ont été visités par le Collectif Moratoire Alternatif Vigilance Intervention (CMAVI). Du nombre, plusieurs n’ont pas été retrouvés.

Parmi les puits où l’on a relevé des anomalies, il y en a un qui est «célèbre», ayant déjà fait l’objet de reportages. On se souviendra qu’en août 2014, un groupe de citoyens avait révélé d’importantes fuites de méthane sur ce puits de l’ancienne Société québécoise d’initiatives pétrolières (SOQUIP) de 1978, sur les rangs 12 et 13, à Sainte-Françoise.

Un autre puits datant de 1964 présentait de grosses fuites sur le chemin Forest, à Saint-Grégoire. Au point où dans le champ de maïs, à proximité de la tête, on a observé des plants de maïs jaunis et plus petits que ceux environnants.

Toujours sur le chemin Forest, une fuite a été décelée sur un puits creusé en 1961. Celui-ci a rapidement été localisé en raison de l’absence de végétation près des coordonnées GPS. En creusant, des pneus ont été retrouvés à environ 50 centimètres, sous lesquels le puits se trouvait.

Une grappe de cinq puits fuyants a aussi été découverte sur une terre agricole bordée d’une forêt, sur la route 132, à la sortie de Sainte-Angèle-de-Laval, juste avant la courbe vers le secteur Bécancour. Ceux-ci ont été forés à la fin des années 1950 et au début des années 1960.

Sur l’un d’eux, comme le puits laissait s’échapper du gaz, le propriétaire avait même déjà fait installer de la tuyauterie pour pouvoir utiliser cette énergie, mais il ne s’en servirait plus aujourd’hui.

Toujours dans ce secteur, on note un puits qui laissait s’échapper une très forte odeur de gaz et une absence de végétation aux alentours. Un autre puits laissait s’échapper une faible fuite, tandis que de fortes odeurs se faisaient sentir près de deux autres.

D’autres puits desquels s’échappaient des fuites ont été décelés près de la route 261 dans le secteur de Sainte-Gertrude. Selon le document dont nous avons obtenu copie, le premier venait pourtant tout juste d’être par Talisman, en 2010. L’autre, datant de 1948, est situé un peu avant la courbe vers la route 226.

On a également un doute sur un puits situé dans un champ depuis 1958 près de la plaine inondable, à Baie-du-Febvre. Après avoir effectué un creusage, le trou s’est rempli d’eau et un mini bouillonnement a pu être observé. On ne savait pas si c’était dû à une fuite ou s’il s’agissait de causes naturelles.

Des puits à des endroits inusités

L’École nationale de police du Québec, à Nicolet.

Parmi les nombreux forages qui ont été répertoriés dans la région, certains se retrouvent aujourd’hui à des endroits plutôt inusités. C’est le cas d’un qui se situerait sous la cafétéria de l’École nationale de police du Québec (ENPQ), à Nicolet.

Le puits avait été creusé par une entreprise connue sous le nom de Collège de Nicolet, en 1885. C’était dans les années du Séminaire de Nicolet, qui avait été construit de 1827 à 1836, avant d’être vendu en 1969.

Autant du côté de l’ENPQ que de la Société québécoise des infrastructures (SQI), qui est propriétaire du bâtiment, on ignorait toutefois l’existence de ce puits. On assure par conséquent qu’il ne cause aucun problème à l’intérieur du bâtiment.

Un autre, foré en 1934 par Canadian Seabord Oil & Gas, apparaît aujourd’hui sous l’autoroute 55, à Saint-Grégoire, tout juste avant l’échangeur construit il y a quelques années