Monica Fitze : une intégration en douceur

MRC DE BÉCANCOUR. L’intégration de Monica Fitze au Centre-du-Québec s’est faite comme le pain tressé qu’elle prépare pour sa famille, tout en douceur et tout en chaleur. Comme ses compatriotes qui sont arrivés nombreux au Québec dans les années 1980 et au début des années 1990, la famille Fitze est issue d’une immigration motivée, entre autres, par l’attrait de terres agricoles à prix plus abordables que l’on retrouvait ici. Et c’est à Saint-Sylvère que les parents de Monica vont se porter acquéreurs d’une exploitation agricole.

Retour dans le temps : la jeune Monica débarque au Québec en 1991. Ayant 10 ans, elle est étrangère à la langue des Leclerc, Vigneault et Charlebois. Mais rapidement elle va se faire des amis et apprendre le français du loup, du renard et du lion. « C’était un rêve d’enfance de mon père de venir au Québec. Quand je suis arrivée, j’étais en troisième année. Je savais déjà lire et écrire en allemand et j’avais des amies là-bas », se rappelle-t-elle.

Fraichement arrivée de Suisse, elle fait son entrée dans une classe où se retrouvait surement des Leblanc et des Boudreault, mais aucun nom de famille à consonance helvétique que ce soit dans sa partie italienne, romanche, française ou allemande. À une heureuse exception près, il y a une jeune fille originaire de suisse qui fréquente l’école de Saint-Sylvère. Ce qui favorisera une intégration en douceur pour Monica.

« Elle parlait allemand. Elle traduisait pour nous, car au début je ne parlais pas français. En plus, on a eu des cours de français privés avec une dame de l’école. Elle nous amenait à l’épicerie pour apprendre le nom des fruits et des légumes. On allait au dépanneur pour apprendre ce qu’est un bonbon et de la crème glacée », relate en riant celle qui poursuivra ses études à Nicolet.

Une intégration qui s’est poursuivie avec la rencontre d’un jeune homme, Guillaume Auger, avec qui elle exploite une ferme laitière depuis 10 ans à Sainte-Françoise. Une union entre le Québec et la Suisse qui s’est traduite par la naissance de quatre beaux enfants. Un enracinement qui amène Monica à dire qu’elle ne retournerait pas vivre dans son pays d’origine. « Pour retourner en vacances, oui! Mais j’ai ma famille ici, j’ai des enfants et j’ai une entreprise », exprime-t-elle tout en demeurant fière de ses racines.

Monica a d’ailleurs participé au salon «Chez nous… C’est chez vous» organisé par les élèves de 5e et 6e année de l’école l’Oasis de Saint-Françoise en 2019. Vêtue d’un costume traditionnel, Monica Fitze y avait tenu un kiosque pour y présenter son pays. «Mes enfants sont suisses. Ils ont la double citoyenneté. On participe souvent à des rassemblements des Suisses-Québécois. Il y a beaucoup d’activités organisées, comme la lutte ou la soirée suisse. Souvent, on va mettre les costumes comme ce fut le cas lors du dernier carnaval de Gentilly», indique-t-elle.

Parlons lutte, habituellement, les Suisses du Centre-du-Québec tiennent trois compétitions par année, dont l’une le 1er aout à l’occasion de leur fête nationale. «Cela se fait dans différentes fermes. On compétitionne dans un rond de ripes. Il n’y a pas de coups de poings ni de coups de pieds. Cela s’apparente un peu au judo. Les hommes ont des culottes de jutes. On doit projeter son adversaire et un arbitre attribue des points». Nouveauté 2020, on devait permettre aux femmes de combattre. Cependant, avec la COVID, on a dû remettre la grande première.

Est-ce que Monica participera? «Non, je ne crois pas. Je ne suis pas assez carrée», et peut-être un peu trop douce, peut-on ajouter.