Le Jour du Souvenir acadien souligné à Bécancour

BÉCANCOUR. Le mardi 13 décembre prochain, à 10h, une cérémonie commémorative d’une trentaine de minutes aura lieu autour du monument de la déportation des Acadiens, situé devant le presbytère de Saint-Grégoire.

Le 13 décembre de chaque année est le Jour du Souvenir acadien. Il commémore le naufrage de trois navires britanniques les 12,13 et 16 décembre 1758, où 850 Acadiens prisonniers sur ces navires sont décédés. Ce sont les jours de la Déportation où le plus grand nombre d’Acadiens sont morts. Notons que la Déportation des Acadiens a commencé en 1755 et s’est poursuivie durant la guerre de 7 ans, soit de 1756 à 1763.

Le Jour du Souvenir acadien commémore le naufrage des navires le Violet, le Duke William et le Ruby. Ces trois navires cargo à voiles carrées avaient comme passagers des prisonniers acadiens habitant l’île St-Jean (aujourd’hui l’Île-du-Prince-Édouard). En 1758, les Acadiens et les Miq’mac étaient les seuls habitants de l’île. Arrivé en 1720, le fondateur de la colonie acadienne s’appelait Michel Haché. Pendant 30 ans, il a facilité l’établissement des Acadiens partout dans l’île.  Les Anglais, sous le commandement de Jeffrey Amherst, sont arrivés à l’île en septembre. Les troupes ont fait la chasse aux Acadiens. Ils en ont capturé 3000 qu’ils ont fait prisonniers.

Le Violet était un bateau qui faisait 315 tonneaux, armé de 8 canons et ayant comme capitaine Benjamin Suggit. À Port-la-Joie, (aujourd’hui Charlottetown), il a embarqué 360 Acadiens et Acadiennes faits prisonniers de guerre. Leur destination était les prisons d’Angleterre.

Tous savaient qu’une traversée de l’Atlantique en décembre était fortement déconseillé. Mais le commandant Jeffrey Amherst n’en avait que faire de ces Français catholiques et la déportation était la solution rapide. Une tempête a frappé le Violet en plein océan et le navire a subi de lourds dommages. Le Violet est sombré le 12 décembre et il n’y eut aucun survivant parmi les passagers et les membres de l’équipage. 

Selon l’historien Earle Lockerby, lors du naufrage, 90 Acadiens étaient déjà morts de maladie durant le voyage et les 270 autres ont péri lors du naufrage.

Le deuxième navire, le Duke William, faisait 400 tonneaux, comptait 10 canons et avait comme capitaine un marin britannique nommé William Nichols. À Port-la-Joie (Charlottetown), il a embarqué 400 prisonniers acadiens et mis le cap sur l’Angleterre peu après le départ du Violet. Le généalogiste Stephen White, qui a travaillé à la reconstitution de la liste des passagers, affirme que ce navire transportait majoritairement des jeunes Acadiens et des enfants.

Le Duke William a affronté la même tempête que le Violet le 11 décembre 1758, ce qui a engendré des voies d’eaux et une ouverture dans la coque. Le navire étant condamné à la perdition, le capitaine, son second, 21 membres d’équipage ainsi que le curé Jacques Girard  se sont précipités dans la chaloupe de sauvetage et ont ramé rapidement en direction des côtes de l’Angleterre pour sauver leur vie alors que les prisonniers acadiens suppliaient le capitaine Nichols de les sauver. Quatre jeune hommes ont toutefois réussi à sauver leur vie dans un canot resté à bord du Duke William.

Le Duke William est sombré le 13 décembre 1758. Sur les 400 Acadiens prisonniers, 296 ont péri durant le naufrage, s’ajoutant aux 100 autres morts de maladie durant la traversée, pour un total de 396 morts sur 400 passagers.

Le troisième navire, le Ruby, faisait 380 tonneaux, avait 6 canons et son capitaine était William Kelly. À Port-la-Joie, il a embarqué 310 prisonniers acadiens le 25 novembre 1758. Contrairement au Violet et au Duke William, sa destination était la France, à St-Malo. Le Ruby a résisté tant bien que mal aux turbulences de l’Atlantique mais, mais il a heurté des bas-fonds en passant au sud des Açores. Le navire fini par s’extirper des bas-fonds mais les courants et les vents l’ont projeté sur des rochers le 16 décembre 1758. La force des vagues a éventré le Ruby, qui a sombré à son tour. Seuls 120 prisonniers acadiens sur les 310 survivront au naufrage. De ces 120 survivants, environ 33 meurent ayant atteint la terre ferme. Les 87 survivants restants sont transportés d’escale en escale jusqu’en Angleterre pour être détenus en prison jusqu’au traité de Paris de 1763, qui met fin à la Guerre de 7 ans.

Beaucoup de ces naufragés acadiens portaient les mêmes noms de famille que les acadiens fondateurs de St-Grégoire. Il suffit de répertorier les noms de rue du village pour se rafraîchir la mémoire. 

Notons aussi que les navires le Violet, le Duke William et le Ruby faisaient partie d’une douzaine de bateaux cargo désaffectés ne servant qu’à transporter du matériel ou du bétail. Le sort des 2000 Acadiens prisonniers dans les autres navires s’est aussi avéré peu enviable et d’une grande détresse.

Voilà pourquoi, nous les descendants de ces pacifiques et courageux acadiens victime d’un génocide ont un devoir de mémoire et même un devoir moral de se souvenir de cette abominable tragédie du 13 décembre 1758.

Texte rédigé par Donald Lanteigne. Il souligne également qu’il est de mise de porter un brassard noir le jour de la commémoration.