L’amour sans les préjugés

PARISVILLE. Jimmy et Katy-Anne sont en couple depuis près de trois ans. Rien d’exceptionnel, penserez-vous. Pourtant, tout le monde a un coup de cœur instantané pour les tourtereaux qui vivent tous deux avec une déficience intellectuelle (DI).

« De ma blonde, j’aime qu’elle ait tout le temps un beau sourire, et elle est trop jolie! », lance Jimmy.

« Jimmy est attentionné et il a un bon sens de l’humour! Il prend soin de moi, il est toujours gentil et il aime savoir comment je vais, comment je me porte », répond Katy-Anne en retournant le compliment à son amoureux.

C’est dans l’aire commune des locaux de l’Association des personnes handicapées de la MRC de Bécancour que Jimmy et Katy-Anne ont été rencontrés, en compagnie de France Laquerre, directrice de l’Association. Tous les deux participent à des ateliers offerts par le centre à raison de quatre jours par semaine. Alors que Jimmy fréquente les installations de Parisville depuis une vingtaine d’années, Katy-Anne s’est jointe aux usagers il y a environ quatre ans.

France Laquerre de l’Association des personnes handicapées de la MRC de Bécancour.

D’emblée, Mme Laquerre raconte que l’équipe du centre a rapidement pu observer une complicité particulière et croissante entre Jimmy et Katy-Anne. « Tranquillement, on a vu ces deux-là faire connaissance et avoir beaucoup de plaisir dans les activités. Jimmy avait vraiment un regard amoureux envers Katy-Anne, et Katy-Anne se sentait très à l’aise et spontanée », révèle Mme Laquerre.

L’amour peut bel et bien exister chez les personnes vivant avec une DI, malgré les préjugés qui subsistent. « Les gens sont toujours très surpris. Souvent, la réaction est: « Hein! Ils peuvent être en couple? » Bien sûr! Ils ont une libido aussi, mais parfois ce sont les familles qui ne sont pas prêtes », plaide France Laquerre.

Leur souhait: une petite vie comme tout le monde

À l’été, Katy-Anne et Jimmy célèbreront leur troisième anniversaire. C’est d’ailleurs ce qu’ils préfèrent: les activités estivales. « Et aussi les activités répit, ce qu’on appelle ici des mini-camps. C’est ce que l’on préfère, parce que ça nous permet de passer du temps ensemble », raconte Katy-Anne.

Ce n’est que majoritairement au centre qu’ils se côtoient. C’est pourquoi l’équipe leur a aménagé un petit coin afin qu’ils aient un peu d’intimité: « Le midi, au lieu de diner avec les autres participants, on va dans une salle et on mange tous les deux!, lance avec joie la jeune femme. On en profite pour se raconter plein de blagues! »

D’ailleurs, tous deux avouent qu’ils aimeraient avoir l’occasion de faire plus d’activités ensemble. Alors que Jimmy adorerait planifier une petite escapade à vélo seul avec son amoureuse, Katy-Anne souhaiterait passer un samedi soir à écouter un film en compagnie de son copain.

« Ils souhaitent, graduellement, avoir leur petite vie comme tout le monde! C’est parfois une grosse étape pour les familles; ils sont très protecteurs, et c’est normal », explique France Laquerre.

Car il ne faut pas oublier qu’ils ont tous une vie en dehors du centre et de ses ateliers. Katy-Anne a une déficience peu apparente. Bien qu’elle ait passé une partie de son cursus scolaire dans une classe adaptée, elle a également joint le cycle régulier, accompagnée d’une éducatrice spécialisée. Il ne lui manque que deux matières à compléter afin d’obtenir son diplôme d’études secondaires.

« Elle a un beau talent, elle a de belles forces, assure France Laquerre. Elle a fait une activité spéciale d’inclusion à l’école secondaire de Saint-Pierre-les-Becquets et elle a beaucoup aimé son expérience. Elle nous a mentionné qu’elle aimerait recommencer l’école et retourner aux adultes. »

Jimmy a une déficience un peu plus lourde que sa copine. « Mais ils font un beau couple pareil! Au début, on se demandait si les différences allaient être trop flagrantes, mais non, ils se complètent! Je me dis qu’ils s’apportent vraiment à tous les deux », témoigne la directrice.

« Jimmy est extrêmement attentionné, c’est un jeune homme serviable, et qui combat beaucoup ses difficultés », poursuit-elle. Avant la pandémie, et ce, depuis près de 8 ans, Jimmy allait au poste de la Sûreté du Québec pour faire du déchiquetage et d’autres petites tâches. Mme Laquerre croit qu’il pourra reprendre ses activités à l’automne prochain.

« Ce qui est intéressant de savoir, c’est que ce n’était pas fait comme une intégration de travail, mais comme une intégration dans un milieu de travail pour que les policiers apprennent à connaitre la déficience intellectuelle, qu’ils apprennent à la décortiquer. Pour moi, c’est majeur, parce qu’on est toujours dans l’inverse », conclut France Laquerre.