L’amour… pour le meilleur et pour le pire!

NICOLET. «Quand je l’ai vu, je me suis dit, en-dedans de moi, que ça allait être lui. J’ai remarqué sa démarche. Il était droit, mince…»

C’est avec une flamme encore bien allumée dans les yeux que Jocelyne Fréchette se souvient de sa rencontre avec l’homme qu’elle a épousé, il y a 60 ans. Une flamme qui n’a jamais vacillé.

«Il m’a remarquée aussi. J’allais voir le film « Né de père inconnu ». Il est rentré avec moi. On s’est un peu touché les mains pendant le film!, confie-t-elle en jetant un œil complice à son amoureux. Ç’a commencé comme ça.»

Jean-Marc Proulx a la même lueur dans les yeux lorsqu’il regarde sa douce. «Ç’a été simple dès le début, et ça l’est toujours resté», dit-il.

«On a le sens de l’appréciation, tous les deux. Je suis convaincu que c’est ça qui nous tient. On a confiance en la vie»

– Jean-Marc Proulx

Ils se sont fréquentés durant quatre ans avant de s’unir «pour le meilleur et pour le pire», à l’âge de 22 et 24 ans. Le «meilleur», ils l’ont vécu et ils le vivent encore à grands coups de bonheur. Le «pire», ils l’ont traversé main dans la main, dont cet échec en affaires.

«Ça a changé notre vie. On est tombé à zéro, raconte humblement Jean-Marc Proulx, qui avait repris la compagnie de son père, un contracteur de Nicolet, après son décès. On vivait juste en face. On a dû vendre à un concurrent, puis s’entendre avec nos créanciers. Être confronté à ça, c’est dur. Vraiment dur.»

Par la suite, ce père de trois enfants s’est retroussé les manches et a déniché toutes sortes de contrats pour faire vivre sa famille. Il a notamment œuvré dans le domaine du transport, en plus de donner des cours en relations humaines pendant sept ans.

Jocelyne a aussi contribué au bas de laine financier après avoir passé une vingtaine d’années à la maison. Elle a occupé des fonctions de correctrice, de secrétaire diocésaine et de préposée aux bénéficiaires.

«Les enfants n’ont pas été marqués par les événements. Ils ne sont aperçus de rien, car on ne s’est pas lamenté. Évidemment, ils ont dû gagner leurs sous, mais ils sont travaillants de nature. Ils se sont toujours bien débrouillés», raconte le couple, visiblement fier de ce qu’est devenue sa progéniture.

Malgré les embûches, les deux ont toujours cru en leur bonne étoile. «Les choses n’arrivent jamais pour rien», philosophe Jocelyne.

«L’échec nous a unis, renchérit Jean-Marc, qui a aussi combattu deux cancers sans jamais mettre de pause à sa vie professionnelle. Jocelyne aurait pu se décourager facilement, mais elle m’a suivi. Elle m’a aidé énormément. Elle est très positive. Elle avait foi en moi. Elle m’a donné de l’assurance. Si je suis rendu où je suis aujourd’hui, c’est grâce à elle, c’est officiel.»

«On s’est marié pour le meilleur et pour le pire, et je me suis dit que le pire, j’étais capable de vivre avec!», répond du tac au tac Jocelyne, avant de décrire affectueusement son homme comme quelqu’un d’honnête, travaillant, responsable et respectueux. «Il me charme encore!»

«Jocelyne m’a fait découvrir bien des choses. La vie est belle avec elle. On est encore amoureux!», confie tendrement Jean-Marc.

60 ans d’amour

Leurs soixante ans d’amour ont été entretenus avec soin. «On s’est toujours bien amusés. On a beaucoup dansé», raconte Jocelyne, convaincue que ce côté festif les a équilibrés.

«On a aussi participé à plusieurs « week-ends amoureux » et assisté à beaucoup de cours et de conférences [pour cimenter toujours davantage le couple]», ajoute Jean-Marc.

Aujourd’hui, le couple ne danse plus. «On fait du bénévolat. C’est ça qui nous maintient jeune et en forme!», lance Jocelyne.

«Des amis sont morts jeunes. Notre fils Richard a eu un enfant handicapé, alors on l’a aidé. Ça nous a beaucoup tournés vers les autres. C’est pour ça qu’on a commencé le bénévolat.»

Association des auxiliaires bénévoles du Centre Christ-Roi; Club Optimiste de Nicolet; bénévolat auprès de l’église, de la Fondation des maladies du cœur et au sein de divers conseils d’administration: la liste est bien garnie, tout comme leur agenda d’ailleurs…

«On est tout le temps pressé! On va à la messe le dimanche, on déjeune au Galoto, on va voir notre famille ou on a de la visite; tout bouge tout le temps!», sourit Jocelyne, pour qui les soupers en tête-à-tête ou en famille, les samedis soirs, sont sacrés.

«Il faut se tenir occupé; on ne veut pas avoir l’air vieux aux yeux de nos petits-enfants [qui ont entre 3 et 30 ans]!», conclut Jean-Marc.