Des fourmilières d’entraide à l’œuvre

RÉGION. Les Centres d’action bénévole de la région travaillent d’arrache-pied ces temps-ci pour répondre aux demandes grandissantes d’aide qui leur sont acheminées. Heureusement, tous y parviennent relativement aisément. Par contre, cela ne se fait pas sans casse-têtes, ni sacrifices: tous ont dû revoir en profondeur leur offre de services et leurs façons de faire afin de se conformer aux consignes gouvernementales, en plus d’avoir laissé tomber temporairement certains services.

«Le plus gros défi actuellement, c’est d’être capable de se « revirer sur un 10 cents » à chaque jour!, lance d’entrée de jeu Mélanie Provencher, directrice générale du Centre d’action bénévole du Lac St-Pierre (CABLSP). Depuis un mois, à tous les jours, je ne fais que travailler sur le dossier du coronavirus. On prend une décision une journée, mais ça ne veut pas dire qu’elle sera encore bonne le lendemain. C’est vraiment intense.»

L’équipe du Centre d’action bénévole du lac St-Pierre.

«C’est ça qui est difficile en ce moment: de se réinventer, confirme Isabelle Bombardier, directrice générale du Centre d’action bénévole de Nicolet (CABN). À chaque semaine, il y a de nouvelles normes. Ça implique un changement complet de nos façons de travailler. De nos services, aussi.»

Les repas communautaires, les cliniques d’impôts, les transports juridiques et médicaux (sauf ceux essentiels à la survie, comme les traitements pour le cancer ou la dialyse) ont été annulés sur tout le territoire. Même chose pour le gala de reconnaissance prévu par le CABN dans le cadre de la Semaine de l’action bénévole. «Il y a 160 personnes qui y participent à chaque année», soupire Mme Bombardier, regrettant de ne pouvoir souligner l’apport de ses bénévoles cette année.

Des services différents

Très peu de services sont maintenus. Et ceux qui le sont ont été modifiés. À commencer par les services de comptoir alimentaire.

«Les gens doivent nécessairement nous appeler, parce qu’on fonctionne maintenant sur rendez-vous seulement, mentionne Sonia Lauzon, directrice générale du Centre d’action bénévole de la MRC de Bécancour. Ces rendez-vous sont espacés de dix minutes pour éviter que les familles se croisent. Aussi, pour respecter les deux mètres de distanciation, les gens n’ont plus le droit d’entrer dans le garage [où a lieu la distribution]. On dépose les denrées sur le bord de la porte, puis on recule de trois mètres.»

«On fonctionnait de façon similaire lors de nos deux derniers comptoirs, raconte Mélanie Provencher, précisant que la distribution avait lieu à la salle communautaire de Saint-François-du-Lac. Or, à partir de cette semaine, on va faire des livraisons pour éviter le plus possible les contacts.»

Le fonctionnement des popotes roulantes a aussi complètement changé dans les trois centres d’action bénévole. «Habituellement, on avait de la popote chaude qui était livrée les lundis, mercredis et vendredis dans les neuf municipalités qu’on dessert, souligne Isabelle Bombardier. Maintenant, on ne livre plus qu’une fois par semaine, le lundi. On livre alors tous les repas de la semaine, qui sont congelés. Tout se passe sans contact.»

Du côté du CABLSP, on a aussi laissé tomber les repas chauds, mais au profit de repas réfrigérés. Aussi, grâce à la collaboration des municipalités qu’il dessert, le service de popote a pu réduire le prix de ses plats à 5$. «On a cinq choix de menu, et c’est livré par des employés municipaux. Ça ne nous coûte pas de frais de transport; c’est pour ça qu’on est capable d’offrir le repas au prix coûtant», poursuit Mélanie Provencher, précisant au passage que ce sont les personnes de 60 ans et plus qui peuvent commander des plats (maximum 10 par adresse et par semaine).

Au CAB de la MRC de Bécancour, la livraison est plutôt faite par son équipe de travail, mais aussi par celles des autres ressources communautaires du territoire qui sont en télétravail. «Les employés de LaRue Bécancour et du Carrefour familial de Manseau viennent nous aider», précise Sonia Lauzon.

Un autre service a subi une métamorphose obligée dans les dernières semaines: les rencontres d’amitié. Les visites en personne ont fait place à des appels téléphoniques. «On ne peut plus aller dans les maisons rencontrer les aînés, mais on va leur téléphoner pour prendre des nouvelles, explique Mélanie Provencher. On a même élargi les appels à tous nos utilisateurs de services, pour s’assurer que tout le monde va bien.»

Même chose à Bécancour: «Nos bénévoles chargés d’organiser les dîners communautaires dans nos municipalités sont devenus nos sentinelles. Ils appellent tous ceux qui fréquentaient nos dîners pour savoir s’ils vont bien. Comme la majorité de ces personnes ont 60 ans et plus, on vient rejoindre ceux qui ne peuvent pas sortir, connaître leurs besoins et évaluer ce qu’on peut leur offrir», indique Sonia Lauzon.

«Le téléphone d’amitié est un service vraiment apprécié non seulement des utilisateurs, mais aussi des bénévoles, car ils sont confinés, eux aussi», renchérit Isabelle Bombardier, précisant que des appels sont faits une ou deux fois par semaine du côté du CABN. «Ça permet à tous de briser l’isolement.»

De nouveaux services

D’autres services ont aussi vu le jour pour permettre à tous de s’adapter aux demandes. Du côté de Bécancour, on a créé une ligne d’urgence en collaboration avec la MRC (1-866-441-0404). Au bout du fil, une personne réfère les gens aux services, organismes et entreprises susceptibles de les aider. «On a mobilisé tous les acteurs du milieu pour s’assurer de répondre efficacement aux besoins. On est vraiment bien structuré», se réjouit Mme Lauzon.

Du côté de Nicolet, on a mis en place un service de livraison de petites emplettes (épicerie ou pharmacie) pour les gens en quarantaine. «On l’a appelé Les p’tites commissions du CABN. Il permet d’éviter que les gens sortent entre deux grosses commandes d’épicerie pour aller acheter un pain ou du lait, par exemple», explique Isabelle Bombardier.

Un service similaire est offert par la travailleuse de milieu du CAB de Bécancour. Par contre, il ne s’adresse qu’aux personnes de 70 ans et plus qui n’ont pas de réseau ou de famille. «C’est vraiment de l’aide de dernier recours», tient à préciser Sonia Lauzon.