Yvon Proulx parmi les immortels de l’agriculture
BAIE-DU-FEBVRE. L’agriculteur Yvon Proulx de Baie-du-Febvre a été intronisé au Temple de la renommée de l’agriculture du Québec, le 28 septembre dernier.
L’homme de 81 ans verra ainsi sa photographie installée en permanence dans la galerie du Temple, située au 2740 avenue Beauparlant, à Saint-Hyacinthe (Pavillon La Coop). «C’est un grand honneur pour moi, a commenté M. Proulx, ému que le comité de sélection ait jugé qu’il y méritait une place. C’est un honneur qui n’est pas fait à un si grand nombre de personnes que ça.»
La cérémonie se déroulait au Château Frontenac de Québec, dans la salle de bal. «Il y avait quatre tables pour moi et mes invités. J’ai eu droit à un bel hommage. On a aussi fait un survol de ma carrière professionnelle», raconte le retraité, qui était intronisé en même temps que trois autres professionnels de l’agriculture: l’agronome Luc Boutin (à titre posthume) de Saint-Bernard-de-Beauce, l’apiculteur Yves Gauvin de Saint-Hyacinthe et le producteur laitier Serge Riendeau de Coaticook.
«J’ai été le premier et le plus entêté des défenseurs de nos systèmes de gestion de l’offre»
– Yvon Proulx
Il faut dire que ses réalisations professionnelles sont effectivement remarquables. Il a commencé sa carrière en tant que professeur à l’Université Laval, où il s’est rapidement distingué par son enseignement d’une économie différente, à dimension plus humaine. Parallèlement, au détour des années 80, il est devenu producteur laitier «par amour de la terre et du métier».
Après sa carrière d’enseignant, Yvon Proulx a occupé divers postes en économie à l’UPA. Il en a été l’économiste principal de 1995 à 2002, tout en étant consultant privé en économie et politique agricole à partir de 1980.
Qualifié de «mentor d’exception» auprès de nombreux agroéconomistes, il est également reconnu pour ses talents de vulgarisateur exceptionnels. «Érudit et extrêmement compétent dans son domaine, Yvon Proulx est une personne affable, respectueuse, généreuse et très humble», reconnaît notamment le comité de sélection, dans la description qu’on fait de lui.
Une expertise connue et reconnue
Au fil des ans, l’agriculteur de Baie-du-Febvre a été appelé à travailler comme consultant expert. Son expertise a par exemple contribué aux négociations pour la mise en place de la Financière agricole du Québec, un levier de développement important. Il a aussi aidé à mettre en place des programmes agricoles, en plus d’avoir conseillé les négociateurs canadiens dans les accords de commerce internationaux. Il en tire d’ailleurs une grande fierté: «J’ai été le premier et le plus entêté des défenseurs de nos systèmes de gestion de l’offre», sourit-il.
Il rappelle que ces systèmes, qui bénéficient aux producteurs agricoles du Québec, sont enviés par les producteurs de pays étrangers, à défaut de faire l’unanimité. «Ils sont contestés par un certain nombre d’économistes généraux, même ici, au Canada. Mais ils sont surtout contestés par des décideurs publics à l’étranger, notamment aux États-Unis, mentionne M. Proulx. On a été obligé de se battre très fort dès la première négociation de l’accord de libre-échange Canada – États-Unis, dans la décennie 1980, pour protéger ces systèmes-là.»
Il ajoute qu’il a fallu les défendre encore de façon acharnée quand cet accord a été élargi au Mexique pour devenir l’ALENA, puis à nouveau, récemment, quand Donald Trump, a voulu les abattre dans la renégociation de l’ALÉNA. «Mais ils ont survécu!», se réjouit Yvon Proulx, fier de constater que les études qu’il a menées à ce sujet ont de nouveau servi de base aux négociateurs. «Il y a, dans les journaux, des passages où je reconnais encore mes propres mots!»
Bref, Yvon Proulx a toujours défendu les intérêts des agriculteurs québécois et canadiens. Depuis sa retraite, en 2003, il se tient toutefois plus loin des feux de la rampe. Il a aussi procédé au transfert de sa ferme à son fils. Malgré tout, il s’y rend encore matin et soir pour aider. «Je m’occupe des soins et de l’alimentation des animaux tous les jours.»