Une nouvelle École nationale de sécurité publique à Nicolet?

NICOLET. Nicolet pourrait sous peu accueillir le siège social de la nouvelle École nationale de sécurité publique. Elle serait le fruit de la fusion probable entre l’École nationale de police de Nicolet (ENPQ) et l’École nationale de pompiers du Québec, basée à Laval.

L’idée d’une éventuelle fusion entre les deux écoles est en discussion depuis plusieurs mois déjà. En fait, depuis que la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbeault en a fait la demande. Si le projet se concrétise — et tout indique que les intentions du gouvernement sont déjà très claires —, l’École de police de Nicolet serait appelée à prendre à sa charge de nouvelles responsabilités, développer de nouveaux secteurs de formation et à déployer de nouvelles antennes régionales au Québec. Ceci «sous réserve de l’accord de notre ministre de la Sécurité publique», précise M. St-Antoine, directeur de l’École nationale de police de Nicolet, qui doit évaluer la faisabilité du projet et présenter sous peu, au gouvernement, une préanalyse des options de fusion et d’expansion envisagées.

M. St-Antoine doit «déterminer si cette fusion a une valeur ajoutée» et l’impact qu’elle aura sur le plan législatif, de la gouvernance, des partenariats et du financement. L’étude de faisabilité est lancée et les lois seront modifiées ou amendées selon la formule qui sera privilégiée. «De se rapprocher et de se fusionner serait à l’avantage des deux institutions», affirme Pierre St-Antoine.

Cette transition serait toute naturelle, estime M. St-Antoine, considérant que l’ENPQ forme depuis plus de 15 ans non seulement des policiers, mais des agents de services correctionnels, des constables spéciaux des Palais de justice, les enquêteurs du Bureau des enquêtes indépendantes, les inspecteurs de la Société de transports de Montréal, les enquêteurs civils de Revenu Québec, de la Régie du bâtiment.

Cette possible fusion pourrait servir de levier et stimuler la croissance des activités menées par l’ENPQ. «On est privilégiés au Centre-du-Québec et dans le secteur Mauricie d’avoir un siège social de l’ENPQ qui deviendra peut-être une institution nationale de sécurité publique et qui pourra se déployer sur le territoire, un peu comme le font les universités. À Laval et ailleurs. Notre campus est fort occupé, on va continuer d’y faire des investissements».

La nouvelle entité de Sécurité publique pourrait ainsi «desservir de nouvelles clientèles, comme le secteur préhospitalier, les premiers répondants, les répartiteurs 911», ajoute M. St-Antoine. L’objectif «n’est pas de remplacer les acteurs de l’éducation qui en ont déjà la responsabilité, mais d’établir des partenariats, de s’assurer qu’il y ait une institution au Québec qui soit capable d’assurer la cohérence de la formation des acteurs de la sécurité publique.»

L’ENPQ forme près de 800 policiers et agents de services correctionnels, en plus d’assurer leur perfectionnement. «C’est une machine qui est bien huilée. Les demandes de formations fusent déjà de toutes parts dit-il. On est à pleine capacité déjà ici, la croissance est assurée à Nicolet».

L’ENPQ pourrait être à moyen terme appelée à gonfler ses effectifs «pour soutenir cette croissance» et ses nouvelles responsabilités.

Cela dit, les intentions de M. St-Antoine sont limpides. «L’intégration des deux écoles pourrait se faire par étapes. L’étude de faisabilité devrait être lancée après les fêtes. On pourrait, au cours des prochains mois et sans modifier les lois», lancer «des accords administratifs sur le plan pédagogique, des ressources humaines, des systèmes de gestion, des dossiers scolaires et technologiques. On va travailler les prochains mois pour avoir les autorisations. Les deux ou trois prochaines années doivent nous permettre d’aller plus loin.»

Et ainsi, donner second souffle à l’activité économique dans la région estime Nathalie Rochefort, directrice de la Chambre de commerce et d’industrie du Cœur-du-Québec, qui reconnait que «c’est une bonne nouvelle pour la région. On va arrêter de travailler en silo. Il faut avoir une approche concertée avec les municipalités, avec les corps de police, de pompiers, les ambulanciers, etc. Ça part d’une vision et c’est ce qui est en train de s’implanter avec l’École nationale de sécurité publique. C’est bon pour Nicolet, les villages autour, pour l’économie. C’est une bouffée d’air frais».

La mairesse de Nicolet, Geneviève Dubois n’a pas pu commenter la nouvelle. Elle siège depuis quelques mois au conseil d’administration de l’ENPQ.