Une coalition citoyenne s’unit pour dénoncer le projet gazier de Ressources Utica dans la région
RÉGION. Outrés par les réponses données par Ressources Utica lors d’une journée portes ouvertes qui s’est tenue le samedi 6 juillet à Saint-Janvier-de-Joly, les membres d’une coalition citoyenne spontanée ont fermement signifié au promoteur qu’ils s’opposent à tout nouveau projet d’hydrocarbures dans Lotbinière et Bécancour, tant pour préserver l’intégrité du territoire qu’à cause des raisons scientifiques exigeant une diminution rapide des émissions de gaz à effet de serre.
La coalition ad hoc regroupe des citoyennes et citoyens de Saint-Janvier-de-Joly et des autres municipalités des MRC de Lotbinière et de Bécancour, y compris plusieurs figures de proue de la lutte contre les gaz de schiste depuis 10 ans. Elle inclut aussi les groupes citoyens Lotbinière en transition, Comité de citoyens responsables de Bécancour et Alternatives Bécancour. Elle dénonce le projet de réservoir gazier sans fracturation qui sert manifestement à créer un écran de fumée tandis que Ressources Utica s’emploie à acheter des compagnies possédant des licences un peu partout au Québec et que ses lobbyistes s’activent auprès du gouvernement Legault pour faire lever l’interdiction de fracturer le schiste.
« Utica semblait croire que l’industrie gazière pourrait revenir par la porte d’en arrière en commençant avec un petit projet sans fracturation, pour fabriquer un semblant d’acceptabilité sociale, a commenté Louise Richard, citoyenne de Saint-Janvier-de-Joly et porte-parole du comité citoyen local. Ils semblent avoir oublié que, dans une municipalité qui comptait 415 ménages en 2011, 120 propriétaires de terres de plus d’un hectare ont signé la déclaration « Vous n’entrerez pas chez nous », interdisant formellement aux gazières l’accès aux terres, et plus de 275 propriétaires résidentiels et locataires, qui auraient été touchés indirectement, ont signé une déclaration symbolique allant dans le même sens. »
« Nous déplorons cette nouvelle offensive gazière qui sème déjà la controverse et risque encore une fois de diviser nos communautés alors que la priorité absolue est d’unir nos forces pour diminuer le plus vite possible notre consommation de pétrole et de gaz », a pour sa part relevé Irène Dupuis, porte-parole de Lotbinière en transition et co-initiatrice du Forum citoyen Demain Lotbinière, on s’emballe pour le climat.
« Nous n’avons pas besoin de gaz supplémentaire, ni de capacité supplémentaire de stockage du gaz. Nous avons besoin d’apprendre à nous passer du gaz », a ajouté Serge Fortier, vétéran de la lutte contre le gaz de schiste. Accompagné de plusieurs autres résidents de la MRC de Bécancour, dont Dominic Champagne et l’ancien coordonnateur général du RVHQ Jacques Tétreault, monsieur Fortier a aussi dénoncé les procédés utilisés par la compagnie pour se donner une image d’écoute et un vernis vert.
« Utica mentionne des projets vraiment intéressants comme la production de biogaz à partir des résidus agricoles, la géothermie et le captage de CO2 mais concrètement, Utica a-t-elle des plans réalisables?, a demandé Nicole Racine, du Comité de citoyens responsables de Bécancour. Quand les procédés seront au point et qu’elle sera prête à aller de l’avant, si cela arrive, nous serons les premiers à applaudir. Mais pour l’instant, ses seuls projets concrets sont des forages gaziers et ça, ça nous rend sceptiques quant à ses priorités réelles. »
Pour Dominic Champagne, initiateur du Pacte de la transition, il est temps d’enterrer la hache de guerre pour faire face à l’urgence climatique, tous ensemble, et non de la déterrer en ramenant les forages gaziers sur le tapis. « Les citoyens sont très informés et quel que soit l’enrobage du discours, les promoteurs n’arriveront pas à manipuler l’opinion publique locale, a-t-il affirmé. Ce projet de réservoir sans fracturation n’a pour but que de placer des pions pour profiter d’un éventuel changement de la réglementation interdisant la fracturation du schiste, mais ça ne passera pas. Il n’y a pas d’acceptabilité sociale pour les projets gaziers. »
« La coalition citoyenne demande aux élus provinciaux et municipaux de reconnaître l’urgence climatique en adoptant la Déclaration d’urgence climatique (DUC), de refuser tout nouveau projet d’extraction, de transport ou d’entreposage d’hydrocarbures sur le territoire, de retirer les licences d’hydrocarbures partout au Québec et de soutenir, dans un esprit de solidarité intergénérationnelle, une démarche de réduction rapide de la consommation de pétrole et de gaz enchâssée dans un plan de transition complet, cohérent et crédible, a résumé Irène Dupuis. Nous demandons aussi à la population de signer le Pacte pour la transition et de poser tout de suite les gestes concrets nécessaires pour diminuer la consommation d’énergies fossiles. »