Une champignonnière aux grandes ambitions
SAINTE-MARIE-DE-BLANDFORD. France Mailhot voit grand. Pas seulement pour son entreprise, mais pour la municipalité de Sainte-Marie-de-Blandford au grand complet! À l’aide de sa champignonnière, elle souhaite en faire une destination touristique incontournable.
«Saint-Élie-de-Caxton a embarqué dans l’imaginaire de Fred Pellerin et s’est mobilisée pour attirer des touristes. C’est aujourd’hui une belle histoire à succès. On est capable, ici aussi, de le faire. Et avec les champignons que je cultive, on a maintenant un produit d’appel original. Pourquoi ne pas saisir l’opportunité et bâtir autour de ça?», lance la native de l’endroit.
La fondatrice de Mycoterre voit déjà des champignons décoratifs orner les terrains et les balcons des résidences de la municipalité. Elle visualise aussi les autobus de visiteurs venant s’émerveiller devant le nouveau cachet du village. Elle rêve d’une population locale fière et tout aussi mobilisée qu’à Saint-Élie pour leur faire vivre un séjour hors de l’ordinaire. «On peut mettre Sainte-Marie sur la carte», croit dur comme fer la femme d’affaires passionnée.
Ce serait facile, selon elle, de mettre à contribution tout le monde, et particulièrement les artistes et artisans locaux, qui pourraient vendre des créations mettant en vedette le champignon. Le resto du coin pourrait aussi contribuer à l’engouement en intégrant à son menu les pleurotes de France Mailhot.
«On peut cuisiner tellement de plats variés avec eux!», s’emballe la productrice, qui expérimente elle-même une panoplie de recettes en compagnie de son bras droit, Diane Raymond. Cuisinière hors pair, celle-ci prépare d’ailleurs un livre de recettes mettant en vedette ce précieux aliment en compagnie de sa sœur Lucie.
À l’automne prochain, une cuisine industrielle s’ajoutera aux installations de Mycoterre, situées sur la rue des Bosquets, pour permettre la transformation à grande échelle des champignons produits. Dans le même bâtiment, un laboratoire de recherche et développement sera aménagé. On y mènera toutes sortes d’expérimentations, top secrètes pour le moment, grâce à la contribution de la biologiste trifluvienne Véronique Cloutier.
Juste à côté de ce bâtiment qui faisait office de garage par le passé, France Mailhot a fait construire une résidence de deux chambres qui pourra éventuellement servir de lieu d’hébergement pour des touristes. «C’est situé au même endroit que l’était la maison de mes parents», indique l’entrepreneure, qui a pris soin de rendre le bâtiment le moins énergivore possible.
Cette conscience environnementale, d’ailleurs, a guidé l’ensemble du projet. «On tend vraiment vers le zéro déchet», rapporte Mme Mailhot. Par exemple, toutes les chaudières où poussent les champignons sont réutilisées pour les récoltes suivantes. Aucune vaisselle jetable n’est utilisée lors des dégustations que propose l’entreprise. Même la paille qui sert à la culture est récupérée, notamment comme nourriture pour des poules ou comme compost.
Mycoterre
De l’autre côté de la rue où seront situés le gîte, la cuisine et le laboratoire se trouve le bâtiment principal de Mycoterre, qui fait 30 pieds x100 pieds. Celui-ci était autrefois une fabrique de meubles. Il a aussi déjà abrité une boulangerie. France Mailhot a fait l’acquisition des lieux en avril 2017. C’est depuis ce temps qu’elle fait grandir son projet.
«On a fait plusieurs travaux. On a poncé le plancher, refait du ciment et la plomberie, changé les fenêtres, revu l’isolation et installé un plancher chauffant et un comptoir d’accueil. On a aussi aménagé une chambre froide, une salle de bain, une salle de pasteurisation et une salle d’incubation, en plus d’avoir monté la structure de six serres», raconte Mme Mailhot, qui a ouvert son entreprise au public au printemps 2019, moment où a aussi débuté la production des champignons.
Depuis, elle a organisé plusieurs activités, comme des visites de ses installations, des ateliers éducatifs (production de champignons) et des visites en forêt (mycologie). Une programmation encore plus étoffée sera proposée dès cet été. Toute la famille pourra d’ailleurs en profiter. «Éventuellement, j’aimerais qu’on présente une pièce de théâtre extérieure à la fois distrayante et éducative, ayant évidemment comme thématique les champignons, indique-t-elle. Je prévois aussi construire une maisonnette adaptée aux enfants qui aura la forme d’un champignon.»
De plus en plus commandes
Si France Mailhot se permet de penser à autant de projets en simultané, c’est parce que les affaires sont prometteuses. Pour le moment, elle produit environ 15 kg de pleurotes par semaine avec l’aide de Diane Raymond, qui est à son emploi depuis l’automne. Tout récemment, un gros contrat lui a été octroyé par un Montréalais. Pour répondre à la demande, une deuxième et une troisième serre seront bientôt prêtes, ce qui lui permettra de tripler sa production. D’ici l’automne, les six serres seront en fonction, prévoit Mme Mailhot.
Si tout va comme prévu, France Mailhot pourra se consacrer à temps plein à son projet d’entreprise au début de l’année 2021, elle qui fait carrière chez Hydro-Québec comme électricienne d’appareillage à Trois-Rivières. «Pour le moment, je suis chez Mycoterre trois jours par semaine, soit le vendredi, le samedi et le dimanche. Le reste de la semaine, c’est Diane qui vient y faire son tour, puisqu’elle demeure tout près.»
«Je suis privilégiée de vivre ça chez moi, dans mon village», considère Diane Raymond, qui est en pré-retraite actuellement et qui endosse la même vision que sa patronne pour l’avenir. «C’est excitant! Je suis convaincue que lorsque les gens décideront eux aussi d’embarquer dans le bateau, rien ne pourra nous arrêter!»